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Tarek Fahmy : Le blocage Fatah-Hamas est fatal pour la cause palestinienne

Maha Salem avec agences, Lundi, 12 juillet 2021

politologue Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’AUC, sur les tensions qui sévissent dans les territoires palestiniens.

Tarek Fahmy

Al-ahram hebdo : La situation est particulièrement tendue dans les territoires palestiniens avec des manifestations et une grogne contre l’Autorité. Pourquoi ?

Dr Tarek Fahmy: Tout d’abord, il faut noter que les manifestions sont quasi quotidiennes même si elles ne sont pas forcément médiatisées. De nombreux Palestiniens se rassemblent et manifestent après le travail, avant de rentrer chez eux. C’est presque devenu une routine. Et les manifestations vont se poursuivre. La liste des revendications est longue. Le mouvement populaire veut des élections générales transparentes, une vraie réconciliation entre le Fatah, le Hamas et toutes les factions palestiniennes, car c’est la seule clé de la solution. Autre revendication, ils veulent l’arrêt immédiat de toute coopération avec les autorités israéliennes surtout dans le domaine sécuritaire et celui du renseignement, et même dans le domaine politique. Autre revendication, l’arrêt du contrôle sécuritaire israélien sur les territoires palestiniens comme Ramallah. Les manifestants sont en colère contre l’incapacité de l’Autorité palestinienne à agir face à des incidents comme celui de Cheikh Jarrah qui sont répétitifs et face auxquels l’Autorité palestinienne est paralysée. Pour les Palestiniens, le président Mahmoud Abbas ne fait rien et les autorités sont inefficaces et insuffisantes. A cela s’ajoutent les revendications propres aux Gazaouis: la levée du blocus imposé sur la bande de Gaza.

— Peut-on parler d’une lutte de pouvoir ?

— Chaque côté campe sur ses positions. Certains Palestiniens considèrent que c’est le Fatah qui l’entrave parce qu’il veut dominer seul la scène. En même temps, le Hamas a gagné en popularité après la dernière offensive contre Gaza et après les discussions avec les Israéliens sur l’échange des prisonniers. Ce qui les pousse à refuser de présenter des concessions face au Fatah pour parvenir à une réconciliation. Profitant de la faiblesse du Fatah, le Hamas est devenu plus exigeant en ce qui concerne la réconciliation. L’équation est compliquée. Chaque camp estime qu’il mérite de gouverner seul, sans la participation de son rival. Ce blocage est fatal pour la cause palestinienne.

— Quels sont les scénarios possibles ?

— Rien ne changera. Le président palestinien s’accroche au pouvoir et refuse de présenter des concessions au Hamas. Il va poursuivre sa politique de coopération sécuritaire et économique avec les Israéliens. De même, Abbas veut renforcer la coopération avec les Américains depuis l’arrivée de Joe Biden. Il compte tirer profit des changements survenus avec cette administration et qui représentent des gains pour l’Autorité palestinienne : la réouverture prochaine du consulat américain à Jérusalem et celle du bureau de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Washington, la reprise des aides américaines économique, logistique, militaire et informatique à l’OLP et à l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Du côté du Hamas, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il fasse des concessions pour parvenir à une réconciliation, ni même dans le dossier de l’échange de prisonniers. Au contraire, le Hamas tente actuellement de renforcer son influence et sa puissance .

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