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La mosquée Ahmed Kohiya crie au secours

Nasma Réda, Mardi, 13 août 2013

Le sol de la mosquée Ahmed Beik Kohiya, au Caire islamique, est envahi par les eaux souterraines. Joyau de l'art mamelouk et ottoman, cette mosquée avait pourtant été restaurée à grands frais il y a trois ans.

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En cette fin du mois du Ramadan, même à l’heure de la prière, les portes de la mosquée Ahmed Beik Kohiya, située au coeur du Caire islamique, restent fermées. Depuis le vol, la semaine dernière, de la pompe assurant l’évacuation des eaux souterraines, la mosquée est menacée d’inondations. Les eaux des nappes phréatiques qui s’infiltrent à travers les fondements de la mosquée menacent l’édifice qui risque de s’effondrer si rien n’est fait. La mosquée Ahmed Beik Kohiya est située à Haret Al-Bazabiz, dans le quartier d’Al-Khalifa. Elle est considérée comme un joyau de l’art mamelouk et ottoman, avec les mosquées du Sultan Hassan, d'Al-Rifaï et Ahmed Ibn Touloun.

Le lieu de culte avait été rouvert il y a seulement trois ans, après d’intenses travaux de restauration. « Depuis mon enfance, je n’ai jamais vu cette mosquée ouverte », explique un jeune habitant du quartier. Et d’ajouter : « Je ne l’ai vue fonctionner que depuis sa restauration et son inauguration il y a trois ans ». En 2010, le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) a restauré six monuments dans ce quartier. La mise en oeuvre de cet ambitieux projet a pris quatre ans et a consommé un budget d’environ 46 millions de L.E. La mosquée Ahmed Beik Kohiya fait partie des bâtiments restaurés. Les travaux ont coûté 5,5 million de L.E. L’objectif était de réduire le niveau des nappes phréatiques sous la mosquée, pour protéger ses fondations, isoler le sol de l’humidité et renouveler le circuit électrique. « Les six bâtiments restaurés étaient dans un état déplorable avant leur restauration », se souvient Ibrahim Abdel-Rahman, directeur du secteur des antiquités islamiques.

Avec le vol de la pompe, c’est le problème de la sécurité du site qui est posé. La mosquée est située au coeur d’un quartier très peuplé dont les murs d’enceintes sont bas et non surveillés. Il n’y a pas de personnel pour garder le site. « Parfois, un gardien vient ouvrir les portes et s’assoit quelques heures, puis s’en va », raconte un mécanicien qui répare une voiture devant les portes de la mosquée. Lors de l’inauguration du bâtiment après sa restauration, l’ancien ministre de la Culture, Farouk Hosni, avait souligné la nécessité de confier la sécurité du site à des sociétés privées. Mais l’idée n’a jamais été appliquée.

Ibrahim Abdel-Rahman a envoyé une lettre à son ministère, au secteur des restaurations, pour l’avertir de la disparition de la pompe et demander son remplacement. Mais il n’a jamais reçu de réponse. « Depuis longtemps les trésors islamiques sont négligés », se plaint-il. D’après lui, un plan de développement des antiquités islamiques à long terme serait nécessaire.

Les réseaux d’eau, d’assainissement et d’électricité de la région doivent être rénovés. Les services et les activités qui pourraient nuire à l’environnement architectural doivent être déplacés. Globalement, les habitants de la région doivent être associés aux décisions. A cet égard, les ONG ont un rôle important à jouer pour aider les habitants à comprendre la valeur d’un projet global de rénovation et faire en sorte que les structures modernes soient modifiées pour préserver l’aspect historique de la région. Il est également important d’introduire des services pour soutenir et encourager le tourisme et rendre ainsi au Caire sa place de pôle majeur du patrimoine mondial.

Ahmad Beik Kohiya était un prince ottoman et chef d’une troupe militaire qui assurait la sécurité du pays. La mosquée qui porte son nom était à l’origine une salle de réunions officielles construite en 1310 à la mosquée Alam Al-Dine Singer Al-Qemeqdar, du nom d’un Mamelouk qui faisait partie de la garde du sultan Al-Mansour Qalaoun. Kohiya s’est emparé de cette salle et l’a transformée en mosquée en 1740. La façade principale de la mosquée, qui mesure 25,9 mètres, est simple et ne porte presqu’aucune décoration ni éléments architecturaux. A l’arrière, la cour intérieure comporte un toit en bois.

Les Néarins au secours de l’Egypte

Les Néarins, ou na’arin, sont les forces spéciales de l’armée égyptienne à l’époque ancienne. Les Néarins constituaient une partie importante de l’armée égyptienne sous le règne du pharaon Ramsès II, troisième pharaon de la XIXe dynastie, durant le Nouvel Empire. Cet escadron était utilisé par Ramsès II afin de protéger ses arrières. Des Néarins ont sauvé Ramsès II d’une défaite certaine pendant sa guerre contre les Hittites à Qadech (sud-ouest de la Syrie).

Ramsès II, pendant la quatrième année de son long règne de 68 ans, voulait protéger son empire des attaques des Hittites. Il part alors à la tête d’une immense armée constituée de quatre divisions portant les noms d’Amon, Ptah, Rê et Seth. Elles sont constituées de 2 500 chars, 1 900 soldats égyptiens auxquels s’ajoute une troupe d’environ 2 100 mercenaires — les Néarins — qui ont pour rôle de protéger l’arrière du corps de l’armée pendant la bataille. Ramsès II a choisi une élite de jeunes militaires courageux et leur a ordonné d’intervenir au moment propice. Puis quand le pharaon égyptien a été pris au piège par deux bédouins, il a fait l’erreur de ne pas attendre les autres divisions, celles de Rê, Ptah et Seth et avance imprudemment. Ce qui a causé une destruction totale de la division Amon.

Ramsès II appelle au secours le reste de son armée. Mais les Hittites, supérieurs en nombre, organisent subitement une attaque. Rê est assiégé. Croyant la victoire acquise, les Hittites s’attardent pour piller le campement égyptien. Le pharaon est obligé de s’enfuir sur son char, mais il profite de ce moment de répit pour galvaniser ses hommes et rassembler ses troupes d’élite pour lancer une contre-attaque.

Pendant ce temps, les Néarins arrivent en compagnie de ce qui reste de la division Ptah, ce sont les Hittites qui sont encerclés et jetés dans le fleuve. Le reste des troupes abandonne la bataille et se réfugie dans la forteresse après avoir subi de lourdes pertes.

Ramsès II n’a pas les moyens de prendre Qadech, et les Hittites, très affaiblis, restent à l’abri dans leur forteresse. Alors Ramsès II rentre en Egypte. Suite à cette victoire, un traité de paix de 15 ans est signé.

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