Beit Al-Razzaz, un joyau mamelouk au coeur du Caire islamique
Avec 3 400 m2 et plus de 170 chambres, cette maison résidentielle du quartier Darb Al-Tabana porte le nom de son deuxième et dernier propriétaire, Beit Al-Razzaz. Elle est formée de deux grands édifices dont un au côté est, fondé au XVe siècle par le sultan mamelouk Aboul-Nasr Qaïtbay (1474-1476), puis restauré par l’émir Ahmad Katkhoda Al-Razzaz, bâtisseur de la deuxième maison située au côté ouest en 1778, donnant sur la rue de Souq Al-Sélah (le marché d’armes). Ahmad Katkhoda Al-Razzaz est d’une famille ottomane riche, il est l’héritier d’un riche marchand de riz, il a reçu les titres de Katkhoda et d’Al-Azaban, qui sont des titres supérieurs dans l’armée ottomane.
Avec sa cour gigantesque, ses portails monumentaux, ses plafonds en bois, ses moucharabiehs et ses vitres colorées, cette maison est richement décorée. « Elle est considérée comme l’un des joyaux de l’art islamique au Caire », souligne Ossama Talaat, chef du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs au ministère du Tourisme et des Antiquités. Les deux résidences, en forme rectangulaire, sont constituées de deux étages, chacune en style architectural mamelouk. Cet édifice a été inscrit sur la liste du patrimoine islamique au début du XXe siècle. Grâce à son importance historique, sa beauté et aussi la fragilité de ses éléments architecturaux, cette résidence a subi plusieurs projets de restauration lancés par la US Agency for International Development et c’est l’American Research Center qui a réalisé le travail en 2007 et en 2014 avec un coût d’environ 3 millions de L.E., en coopération avec le Conseil suprême des antiquités.
Actuellement, Beit Al-Razzaz accueille, dans une salle au rez-de-chaussée, un atelier d’arabesque qui prend charge de réparer tous les motifs architecturaux des édifices historiques au quartier d’Al-Darb Al-Ahmar. « On réfléchit à réutiliser cette résidence pour des fins culturelles à l’exemple de Beit Al-Sénnari et Beit Zeinab Khatoun, afin de la conserver et sensibiliser la communauté locale à une partie riche de l’histoire islamique », conclut Talaat.
Le dôme de Qansouah Abou-Saïd récemment restauré
Dans la nécropole des Mamelouks au Caire, le ministère du Tourisme et des Antiquités, en coopération avec le ministère du Logement, vient d’achever les travaux de restauration du dôme du sultan Al-Zaher Qansouah Abou-Saïd, situé au nouveau carrefour « Al-Fardous ». Ce dôme a été construit en 1498 pour devenir la tombe du sultan mamelouk circassien Qansouah, qui a régné deux fois, de 1498 à 1500, dont une pour trois jours seulement. Ce dôme était utilisé comme résidence pour Al-Ghafir (les gardiens) de la région, d’où vient la nomination actuelle de la nécropole mamelouke « les cimetières d’Al-Ghafir ». « Les travaux de restauration constituaient le renforcement des murs en forme carrée, ainsi que de tous les motifs architecturaux internes et externes, la réparation des éléments décoratifs en cuivre ou en verre coloré et le nettoyage du dôme et ses façades », souligne Hicham Samir, assistant du ministre du Tourisme et des Antiquités pour les projets archéologiques et les musées et superviseur du projet du Caire historique. Selon lui, ces travaux viennent dans le cadre du grand projet de l’Etat pour retrouver la beauté d’antan du Caire islamique. « Avec le nouveau système d’éclairage interne et externe installé, la beauté de ce dôme mamelouk historique éblouit les passants par ce carrefour principal du Caire », conclut Samir.
Néfissa Al-Bida, une splendeur retrouvée
Situé sur la rue Al-Sokkariya, derrière la célèbre porte fatimide de l’ancien Caire, Bab Zoweila, le sabil de Néfissa Al-Bida, attire les regards. Ce magnifique édifice, construit en 1796, est considéré comme un exemple rare de style architectural rococo-ottoman avec une façade arrondie impressionnante innovatrice à l’époque. Conservant ses moucharabiehs au premier étage, ses motifs et versets décoratifs, ce sabil (fontaine) a longtemps souffert d’une dégradation générale d’autant plus qu’il se trouve dans un quartier surpeuplé. Néfissa Qaden, qualifiée par Al-Bida qui signifie la blonde, est d’origine turque. Elle est venue en Egypte comme esclave. Vu sa beauté, elle s’est mariée avec Ali bey Al-Kébir, un puissant chef mamelouk qui se révolta contre le pouvoir ottoman et fut tué en 1773. Néfissa, devenue une riche dame, a ensuite épousé Mourad bey, chef mamelouk qui était un grand adversaire des Ottomans, ainsi que des occupants français. Elle a érigé tout un complexe de service renfermant une wékala (caravansérail), un sabil (fontaine) et un kottab (école religieuse). Néfissa Al-Bida est un exemple de femme du XVIIIe siècle qui a acquis une grande richesse grâce à des investissements commerciaux. « Il ne reste des édifices qu’elle a construits que le sabil et une partie de la façade d’Al-Wékala qui ont été enregistrés au début du XXe siècle sur la liste du patrimoine islamique du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités », explique Ossama Talaat, chef du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs auprès du ministère. Selon lui, l’élévation du taux de pollution et de l’humidité, les infiltrations d’eau souterraine et la mauvaise utilisation de ses façades, occupées depuis longtemps par des marchands, ont gravement affecté le corps de l’édifice, ainsi que sa façade. Bien que ce sabil ait été restauré en 1998 par l’American Research Center en Egypte, des travaux de restauration à l’intérieur du bâtiment et dans la chambre du réservoir de l’eau se feront bientôt.
Wékalat Qaïtbay fait peau neuve
'
Après des années de fermeture, Wékalat Qaïtbay, fondée en 1480, fait l’objet d’un projet ambitieux d’exploitation des édifices historiques dans des domaines culturel et touristique. Les travaux de réhabilitation de cet ancien caravansérail entamés par le ministère du Tourisme et des Antiquités ont presque pris fin. Wékalat Qaïtbay est l’une des 32 autres du Caire historique, elle fait partie des 6 remontant à l’époque fatimide. « Comme tous les caravansérails, Wékalat Qaïtbay servait à l’hébergement des voyageurs, des marchands étrangers et à la vente de leurs marchandises », explique Ossama Talaat, chef du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs. Ce grand édifice de Qaïtbay est un exemple marquant de la beauté de l’art islamique avec un modèle qui s’est propagé pendant l’ère mamelouke. Ce caravansérail est fondé par le sultan Qaïtbay au centre du Caire, derrière Bab Al-Nasr. Il a ordonné de bâtir cet édifice pour regrouper les commerçants étrangers de grains. Il prend une forme rectangulaire et est composé de trois étages et plus d’une cinquantaine de chambres. Sur sa façade, dix boutiques, cinq de chaque côté de la grande porte d’entrée située juste au milieu de cet édifice. Ornée de motifs islamiques, sa grande porte en bois est un chef-d’oeuvre, avec le nom du sultan fondateur et le motif de sa fondation gravés dessus. « Le projet de restauration vise non seulement à montrer les éléments architecturaux et archéologiques d’Al-Wékala, mais en plus, on doit l’exploiter et ne pas le laisser à la négligence. Il y a une idée de projet de le transformer en une boutique-hôtel tout en préservant son cachet historique et patrimonial », souligne Mahmoud Abdel-Basset, directeur du projet du Caire historique. Selon lui, les meubles et l’éclairage seront conçus de manière à refléter le style du XVe siècle, et l’hôtel adoptera le mode de vie musulman. Le coût total du projet a atteint les 100 millions de L.E.
Qassabat Radwan bey (Al-Khayamiya) sous les spots
Le quartier du Caire islamique Al-Darb Al-Ahmar a connu l’un des plus anciens établissements commerciaux et résidentiels des Etats islamiques. Il s’agit de Qassabat Radwan bey Al-Faqari, fondé en 1637. Il se compose d’une rue principale couverte, munie de magasins et d’ateliers d’artisanats des deux côtés. Celui-ci, fermé par une grande porte, renferme, dans son côté sud, la résidence de Radwan bey lui-même, qui était un grand commerçant, deux petites mosquées, une wékala. « Autrefois, Qassabat Radwan se prolongeait depuis la rue fatimide d’Al-Moez jusqu’au Vieux Caire où se trouve la mosquée de Amr Ibn Al-As », explique Ossama Talaat, chef du secteur des monuments islamiques, coptes et juifs auprès du ministère du Tourisme et des Antiquités. Selon lui, une restauration partielle du côté sud a été faite par le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) en 2003, alors que le côté est et la grande porte d’entrée, ainsi que le plafond ont été rénovés un an plus tard, soit en 2004. « La maison de Radwan bey est dans un état déplorable, en plus, une grande partie d’Al-Wékala est occupée par des ateliers dont la plupart travaillent au tissage des tentes (Al-Khayamiya) », souligne Talaat. Conçu en forme de L, Qassabat Radwan bey est un style architectural distinct des marchés ottomans, c’était l’un des plus grands marchés de la ville dont certains magasins sont toujours en place et poursuivent leurs activités jusqu’à présent. « Il est un modèle unique au Caire, mais on y trouve d’autres dans les gouvernorats de la Haute-Egypte comme à Esna, Sohag et Assiout », déclare Talaat. « Vu que cette région est surpeuplée et que de nombreux ateliers d’artisanat s’y trouvent, beaucoup de monuments islamiques dressés dans cette rue affrontent de graves problèmes. Très souvent surviennent des incendies à cause des ateliers répandus et font de graves dégâts dans ces bâtiments et magasins historiques », souligne Talaat, qui ajoute que l’actuel projet de restauration pourrait préserver le reste de ce trésor ottoman.
Lien court: