Il est au septième ciel. Sa participation en tant que membre du jury à l’émission X-Factor, aux côtés des stars Elissa, Waël Kfoury et Carole Smaha, lui a accordé encore du crédit. Il poursuit également la préparation de son nouvel album et a écrit les paroles de plusieurs de ses chansons. De plus, il a enregistré un nouveau single, en l’honneur de l’armée égyptienne, Teslam edeinak (l’équivalent de merci et bravo).
« C’est l’une des périodes les plus chargées de ma carrière. J’ai réussi à présenter plusieurs genres et styles. Je sens parfois que je chante pour la première fois de ma vie », affirme Hussein Al-Jasmi.
D’un jour à l’autre, il développe son talent d’une manière étonnante. Ce n’est plus le garçon émirati qui jouait avec son petit micro en plastique, rêvant de devenir une star. Cet enfant est devenu aujourd’hui le fameux Hussein Al-Jasmi.
Au fin fond du Sahara, entre les dunes de sable et un soleil d’aplomb, est né Hussein Al-Jasmi, de son vrai nom Hussein Jasmi Al-Naqbi, le 25 août 1979, dans la région Khawr Fakkan. Il a grandi au sein d’une famille mélomane et se faisait remarquer pour ses prouesses vocales à l’école.
Epris par tout ce qui est musical et dévoré par sa passion, le petit Hussein fonda un quatuor avec ses trois frères : Fahd, Saleh et Gamal. Il s’agit de Firqat Al-Khalij (la troupe du Golfe) qui se produisait dans les noces, les anniversaires ou autres cérémonies du quartier.
Très vite, le quatuor Al-Jasmi s’élève au rang de la meilleure troupe locale, se faisant un nom et une réputation de verve avérée.
L’élan des quatre frères a été plus grand que compté. Son frère Fahd est considéré aujourd’hui parmi les plus grands compositeurs de son pays, et Hussein réussit à rafler le premier prix du Golfe à 17 ans, de l’émission Al-Bahs an al-mawaheb (recherche de talents). Ainsi il est entré dans l’univers de la chanson en poussant la porte du concours Layali Dubaï (les nuits de Dubaï) vers la fin des années 1990.
« C’était l’âge d’or de ma jeunesse, je me sentais capable d’atteindre le ciel, mais je n’ai guère perdu mon équilibre. Car mon père nous a appris à ne pas avoir trop d’attentes pour ne pas être déçus à la fin », dit-il modestement.
Alors que Hussein Al-Jasmi commence à se faire un nom dans les milieux artistiques, le label musical Rotana lui fait signer son premier contrat. Quelques mois plus tard, il lance son premier album portant son nom, Hussein Al-Jasmi 2002, lequel s’avère un véritable succès. Avec plus d’un million d’albums écoulés, il s’impose parmi les artistes les plus rentables de ce prestigieux label, avant de décider d’annuler le contrat — quelques années après — avec cette société de production.
« Après plus de dix ans de coopération, on a préféré résilier le contrat à l’amiable. Car on n’arrivait plus à s’entendre. J’ai discuté longtemps avec le directeur de la boîte avant de prendre cette décision, question de maintenir de bonnes relations », affirme-t-il
Al-Jasmi a cinq albums à son actif : le premier en 2002, suivi de quatre autres succès. Et ce, en plus de deux vidéoclips, ainsi qu’une flopée de participations prestigieuses dans plusieurs manifestations culturelles de qualité.
Son single Wallah ma yeswa (ça ne vaut pas la peine) lui a offert beaucoup de succès, avec des millions d’exemplaires vendus.
Etant l’un des chanteurs arabes les plus populaires, Hussein Al-Jasmi a largement contribué à promouvoir le style du chant khaliji (du Golfe) et à le diffuser au-delà de la région du Moyen-Orient.
Son dernier album Al-Jasmi 2013 est d’ailleurs considéré par ses fans comme une célébration de ses 13 ans de carrière. « C’est assez important pour l’artiste de se projeter dans l’avenir, mais aussi de contempler son parcours, afin de ne pas commettre les mêmes erreurs », signale-t-il. Cet esprit terre à terre l’a aidé à perdre plus de 70 kilos, en quelques mois, non seulement pour changer d’allure, mais aussi pour éviter les problèmes de santé.
« J’ai suivi un régime alimentaire assez rigide. Le médecin m’avait signalé que l’obésité dont je souffrais était devenue une vraie maladie, à même de menacer ma vie. De quoi m’avoir poussé à suivre toutes ses instructions. Aujourd’hui, je n’arrête pas de conseiller les gens d’éviter l’obésité tout court ».
Devenu la voix fétiche de plusieurs producteurs arabes, Al-Jasmi a vite rejoint les stars des films et des feuilletons, en interprétant les génériques de plusieurs oeuvres. Sa chanson phare dans cette catégorie reste Bahebbek wahachtini (je t’aime, tu me manques beaucoup), présentée dans le film Al-Rahina (le capturé) de Sandra Nachaat.
La liste comptera après plusieurs expériences pareilles, que ce soit avec la chanson du feuilleton Baad al-foraq (après la séparation) ou la chanson du feuilleton Ahl Cairo (les Cairotes) de Mohamad Ali.
Outre son goût raffiné et ses choix de paroles et d’airs bien originaux, Hussein Al-Jasmi est un artiste engagé qui a le talent de se trouver là où il faut au moment où il faut. Il se considère comme un militant des droits de l’homme avant même d’être chanteur. C’est pourquoi il utilise ses chansons comme autant d’instruments pour donner de la portée à ses convictions et aux causes qu’il souhaite faire connaître et défendre partout dans le monde. « La chanson, comme beaucoup d’autres styles artistiques, est souvent un vecteur idéal pour transmettre le message de justice concernant la situation de certains peuples ou êtres humains. C’est d’ailleurs ce que j’apprécie chez les maîtres de la profession, tels Oum Kalsoum, Abdel-Halim Hafez, Fayrouz et Warda. J’espère pouvoir suivre leur modèle, au lieu de me contenter du simple divertissement », avoue-t-il.
Ainsi Al-Jasmi s’est engagé à défendre les enfants les plus démunis ou à lutter contre le cancer. Il a été également nommé ambassadeur de la jeunesse par la Ligue arabe, en 2006, ensuite ambassadeur des bonnes intentions par les Nations-Unies. Ce titre qu’il porte bien depuis deux ans l’a conduit à visiter plusieurs zones défavorisées, partout dans le monde.
« C’est l’une des missions les plus importantes et les plus touchantes de ma vie : voir des gens en détresse qui perdent parfois la vie à cause des guerres civiles ou des famines », déclare-t-il. Et de poursuivre : « Je me souviens qu’en visitant les camps des réfugiés syriens, un enfant m’a lancé un regard plein d’amertume, à tel point que j’ai passé des nuits blanches à revoir son visage ! Ces sentiments marquent l’artiste profondément et l’incitent à défendre différentes causes, soit par des visites ou par des oeuvres artistiques ».
Al-Jasmi se trouve sans voix, face à de telles calamités. L’interprète très sensible est en fait un « grand bébé » comme le qualifient ses amis : « simple, poli, tellement gentil qu’il ne refuse aucune demande à ses fans », disent-ils. Il est par excellence le chanteur émirati le plus apprécié par le public égyptien.
« A mon avis, la chanson égyptienne se porte bien partout dans le monde, après une période d’absence de la scène internationale », estime Al-Jasmi. Et d’ajouter : « Autrefois, Oum Kalsoum, Mohamad Abdel-Wahab, Abdel-Halim Hafez ou Farid Al-Atrach se considéraient comme des ambassadeurs du monde arabe. Toutefois, on a connu une longue période de régression. La chanson orientale ne dépassait pas les frontières du monde arabe ».
Tout au long de son parcours, Al-Jasmi a raflé un grand nombre de titres et de récompenses dont principalement l’ordre du mérite remis par le roi Hamad Bin-Issa A-Khalifa, souverain de Bahreïn, le prix du meilleur chanteur arabe pour les années 2007 et 2010, et le titre Star des Arabes par le concours Murex D’or qui se tient chaque année à Beyrouth.
Encore célibataire, le chanteur souhaite pouvoir réaliser bientôt ses rêves, cette fois-ci personnels. « J’aime beaucoup les enfants, et je les considère comme étant des cadeaux du ciel. Je souhaite pouvoir très prochainement construire une famille heureuse et faire des enfants. Je me prépare actuellement à présenter quelques chansons pour les enfants », dit-il, toujours de bonne humeur, l’art plein la tête.