Le Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC), qui a accueilli cette semaine les 22 momies royales, se pose comme le reflet de la richesse et de la grandeur de l’histoire égyptienne. La salle des momies, qui sera officiellement inaugurée le 18 avril, est considérée comme le joyau du musée. La salle s’étend sur une superficie de 2 810 m2. Peinte de couleur noire, elle prend de l’extérieur la forme des tombes de la Vallée des rois à Louqsor et de l’intérieur la forme d’une tombe royale. L’exposition des momies sera exceptionnelle. Chacune sera exposée à côté de son cercueil, accompagnée de sa statue et de ses objets funéraires, pour donner un aperçu des rites d’enterrement. «
Les pièces exposées à côté des rois font partie des trésors découverts dans leurs tombes respectives », souligne Mahmoud Mabrouk, conseiller de muséologie au ministère du Tourisme et des Antiquités. Et d’ajouter : «
Le développement de l’idée de la sépulture dans la civilisation égyptienne antique et les différentes méthodes de momification sont également présentés dans la salle ».
La technologie au service du patrimoine, le mot-clé du NMEC.
Pour la première fois, les résultats du scanner aux rayons X effectué sur les momies des rois Ramsès III et Séqénenrê Taâ II seront présentés au grand public pour expliquer la cause de leur mort. Ces résultats apportent la preuve que tout ce qui est dit dans les papyrus et les écrits anciens est véridique. « Les études modernes sont venues confirmer, après des milliers d’années, certains détails historiques de l’Egypte Ancienne, dont la crédibilité ne peut plus être remise en question », se félicite Mabrouk. En fait, le papyrus juridique de Turin, conservé au Musée égyptien, parle du procès des conspirateurs qui ont assassiné Ramsès III, mentionnant comment il a été tué suite à un complot connu comme étant « le complot des femmes ». Les études modernes et la radiographie de sa momie ont montré l’existence d’une blessure au cou, ce qui est compatible avec l’histoire citée dans le papyrus. En fait, ces radiographies et des reproductions multimédias racontant l’histoire des rois et des reines sont diffusées sur deux écrans d’affichage interactifs, un écran circulaire et de 11 m de diamètre, surmonté d’un deuxième écran ayant la forme d’un anneau de 2 m de haut et 11 m de diamètre à l’extérieur de la salle des momies, afin d’éblouir les visiteurs et les inciter à entrer dans la salle. « Ces diffusions font partie du scénario d’exposition du musée qui transporte les visiteurs dans une atmosphère mythique avant de rencontrer les ancêtres », explique Mabrouk.
La galerie d’exposition centrale
Les différentes collections du NMEC couvrent la civilisation égyptienne depuis la préhistoire jusqu'aux temps modernes.
Si la salle des momies sera inaugurée le 18 avril, la galerie centrale du NMEC a été ouverte le 4 avril. Comment la civilisation égyptienne a-t-elle commencé et comment s’est-elle développée ? Une question dont la réponse se trouve dans cette galerie qui s’étale sur une superficie de 2 570 m2, couvrant à travers ses pièces tout ce qui a trait à la civilisation égyptienne depuis sa genèse au cours des époques préhistoriques jusqu’à l’époque contemporaine, en passant par les époques pharaonique, gréco-romaine, copte et islamique, et évoquant même le patrimoine immatériel populaire. « Le NMEC documente l’idée que la civilisation égyptienne est continue », souligne Mahmoud Mabrouk, ajoutant que la salle centrale expose entre 1 500 et 2 000 pièces, dont 350 ont été transférées du Musée du textile de la rue Al-Moëz après sa fermeture. Cette salle exhibe également tout ce qui concerne la poterie égyptienne, copte et islamique, en plus des pièces remontant aux périodes prédynastiques comme celles de Deir Tasa qui datent de 4 500 av. J.-C. Cette région se trouve à 20 km au sud-est du gouvernorat d’Assiout. Il y a aussi les pièces de Nagada, à Qéna, datant de 3 900 av. J.-C. D’autres pièces, découvertes par l’archéologue Zaki Saad à Ezbet Al-Walda à Hélouan entre 1941 et 1944, sont également exposées. Il y a de même des vitrines à un seul thème qui présentent tous les artefacts liés à un seul domaine, comme la médecine ou l’agriculture.
Les pièces exposées au NMEC ne se limitent pas aux temps passés. « Des collections appartenant à des artistes égyptiens contemporains seront également exposées, celles-ci constituent le lien entre le passé et le présent. On y trouve une partie de la collection du sculpteur Mahmoud Mokhtar, en plus de certaines oeuvres des plus célèbres architectes, notamment Hassan Fathi et Ramsis Wissa Wassef », indique Mabrouk.
Pour sa part, Moemen Osman, chef du secteur des musées au ministère du Tourisme et des Antiquités, souligne que parmi les artefacts les plus importants qui sont exposés dans la galerie centrale du musée se trouvent un orteil en bois vieux de 3 000 ans qui a servi de prothèse à la fille d’un prêtre égyptien, ainsi que les statues de grands pharaons comme Amenemhat III et Thoutmosis III. « L’une des plus importantes pièces exposées est la couverture de la Kaaba fabriquée en soie et brodée de fils d’or et d’argent. Cette pièce est considérée comme la dernière couverture de la Kaaba fabriquée en Egypte », reprend Osman.
35 000 pièces
Les différentes collections du NMEC couvrent la civilisation égyptienne depuis la préhistoire jusqu'aux temps modernes.
En fait, la salle des momies royales et celle de la galerie centrale viennent compléter la conception du NMEC dédié à l’ensemble de la civilisation égyptienne, où près de 35 000 pièces racontent l’histoire de cette civilisation, depuis l’aube de l’Histoire jusqu’à l’époque contemporaine. La technologie aussi a sa part dans le NMEC, puisque ce musée est le premier en Egypte à être connecté au réseau Internet par Wi-Fi, et les réservations des billets peuvent se faire en ligne pour faciliter la tâche aux visiteurs. L’Unesco avait apporté une assistance technique au NMEC, notamment en matière de formation et d’organisation des expositions.
Conçu par l’architecte égyptien Al-Ghazali Kosseiba (l’architecture intérieure est l’oeuvre du Japonais Arata Isozaki), ce musée présente la civilisation égyptienne à travers une approche multidisciplinaire, mettant en avant le patrimoine matériel et immatériel du pays. A travers six galeries thématiques : l’aube de la civilisation, le Nil, l’écriture, l’Etat et la société, la culture matérielle, les croyances et la pensée et la salle des momies royales, le NMEC raconte les grandes réalisations de la civilisation égyptienne. A noter que la première pierre du NMEC a été posée en 2002. En 2017, la salle d’exposition temporaire, d’une superficie de 1 000 m2, a été ouverte avec une exposition temporaire intitulée « Artisanat et industries égyptiennes à travers les âges », visant à mettre la lumière sur le développement de l’artisanat égyptien : poterie, tissage, menuiserie, ornements et autres. Cette exposition comprend environ 420 artefacts sélectionnés dans certains musées. De grands écrans diffusent des documentaires traitant de l’histoire de chaque métier et de son développement à travers les époques.
Le NMEC est conçu à la fois en tant qu’attraction majeure pour les touristes et institution archéologique globale comprenant des centres de recherches et de conservation à la renommée internationale.
NMEC
Informations pratiques :
Horaires
Du samedi au jeudi de 9h à 17h
Vendredi de 9h à 17h, et de 18h jusqu’à 21h
Tél. : 0020 227 412 273
Adresse : rue Al-Fostat, Aïn Al-Sira, Le Caire.
Adresse email : [email protected]
Prix des billets
Adulte :
Egyptien et Arabe : 60 L.E.
Etudiant : 30 L.E.
Etranger :
Adulte : 200 L.E.
Etudiants : 100 L.E.
50 % de réduction du 4 au 17 avril
— 18 avril, inauguration de la salle des momies royales.
— Garage : voitures 30 L.E., bus 50 L.E.
— Réservation en ligne : https://egymonuments.com/en/
Entrée gratuite pour :
— les plus de 60 ans et les moins de 6 ans
— Handicapés (égyptien) + un compagnon
— Les professions médicales
— Les employés du ministère du Tourisme et des Antiquités
— Les familles des martyrs égyptiens
— Les familles d’anciens combattants égyptiens
— Etudiants et diplômés des facultés des antiquités, du tourisme, des lettres (départements d’histoire et de la civilisation), d’ingénierie, des beaux-arts (département d’architecture), des arts Appliqués, du syndicat des Arts plastiques.
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