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Des revenus qui résistent à la pandémie

Racha Darwich, Mardi, 30 mars 2021

Grâce à des politiques flexibles de tarification, le Canal de Suez a résisté aux répercussions négatives du coronavirus en 2020, selon un rapport publié par le Conseil des ministres. Explications.

Des revenus qui résistent à la pandémie
Le Canal de suez, une route commerciale-clé entre l’Europe et l’Asie.

Depuis son inauguration le 17 novembre 1869, le Canal de Suez est la plus courte voie navigable entre l’Est et l’Ouest ainsi que la principale source de devises étrangères pour l’Egypte. Il s’accapare de 9 % du commerce mondial et près de 24,5 % du trafic des conteneurs dans le monde, de même que 100 % du commerce des conteneurs entre l’Asie et l’Europe.

Le Conseil des ministres vient de publier un rapport dans lequel il a révélé les chiffres réalisés par le Canal de Suez au cours de l’année difficile 2020 où la pandémie de coronavirus a fortement impacté le commerce mondial. Malgré le recul du commerce international de 10 %, le ralentissement de l’économie mondiale de 4,4 % et la chute des cours de pétrole à leur plus bas niveau depuis 21 ans à 9,12 dollars le baril, le Canal de Suez a enregistré des chiffres record au niveau du nombre de navires et de cargaisons. C’est ainsi que les deux plus grands porte-conteneurs au monde ont traversé le canal l’année dernière. Selon le rapport, le canal « n’a pas été influencé par ces circonstances difficiles » malgré la baisse des cours de pétrole qui peut encourager les navires à emprunter d’autres routes plus longues. C’est ainsi que le Canal de Suez a réalisé, au cours de 2020, le second plus grand chiffre de cargaisons annuelles avec 1,17 milliard de tonnes (contre le chiffre record de 1,2 milliard de tonnes en 2019, soit une baisse de 3 % seulement), et le troisième plus grand chiffre de revenus annuels avec 5,61 milliards de dollars, alors que 2019 avait enregistré le plus grand revenu de l’histoire du canal avec 5,8 milliards de dollars. En 2020, 18 829 navires ont traversé le canal contre le chiffre record de 18 880 en 2019.

Des politiques plus flexibles

En effet, c’est grâce à des politiques de commercialisation et de tarification flexibles que le Canal de Suez a réussi à réaliser des gains au cours de cette période de crise. Les autorités du canal ont présenté des réductions de 17 % aux porte-conteneurs provenant du nord-ouest de l’Europe vers l’est de l’Asie et l’Extrême-Orient, et de 45 à 75 % aux porte-conteneurs provenant de la côte est américaine vers le sud et le sud-est de l’Asie, ainsi que des réductions de 50 % pour les frais de passage des navires touristiques, à condition d’effectuer une escale de 24 heures au moins dans les ports égyptiens. Ces mesures ont permis l’augmentation du nombre de vraquiers qui ont traversé le canal. 913 vraquiers et 293 navires en plus ont traversé le canal en 2020 par rapport à 2019, alors que le nombre de tankers de pétrole brut a légèrement baissé, passant de 5 163 avec des cargaisons de 238,2 millions de tonnes en 2019 à 5 006 avec des cargaisons de 223,1 millions de tonnes en 2020. « Les politiques flexibles de commercialisation et de tarification adoptées par l’organisme ces derniers temps ont permis de réduire l’impact négatif de la pandémie, de gagner la confiance des clients et d’attirer de nouvelles lignes maritimes qui ne traversaient pas le canal auparavant », a précisé le président de l’Organisme général du Canal de Suez, le maréchal Ossama Rabie, dans un communiqué officiel.

Diversité des sources de revenus

Un autre facteur a permis au canal de traverser la crise : la diversité des sources de revenus grâce à la diversité des navires empruntant le canal. En effet, 50 % des revenus proviennent des porte-conteneurs, 17 % des vraquiers et 12 % des tankers. De plus, 6,4 % des ressources du canal proviennent des tankers de pétrole brut, 5 % des tankers de gaz liquéfié, 4 % des voituriers et 5,6 % d’autres genres de navires.

Depuis l’inauguration du nouveau Canal de Suez, le 6 août 2015, et jusqu’au 6 août 2020, les revenus du Canal de Suez ont atteint, selon un rapport émis par l’Organisme général du Canal de Suez, 27,2 milliards de dollars, avec une augmentation de 4,7 % par rapport aux 5 années qui précèdent (2010-2015) où les revenus avaient enregistré un chiffre de 25,9 milliards de dollars. De plus, 90 000 navires avec des cargaisons nets de 5,5 milliards de tonnes ont traversé le canal au cours des 5 dernières années, contre 86 600 navires avec une capacité de 4,6 milliards de tonnes au cours des 5 années qui précèdent. De plus, l’Organisme général du Canal de Suez entend augmenter au double les revenus du canal, ainsi que le nombre de navires qui l’empruntent d’ici 2023, alors que les prévisions du Fonds monétaire international signalent l’augmentation des revenus du canal à 7,4 milliards de dollars au cours de l’année 2024-2025. En effet, Rabie prévoit une augmentation du volume du commerce traversant le canal à destination du Sud à cause du taux de croissance élevé des pays de l’Extrême-Orient et du sud de l’Asie et de la croissance de la classe moyenne dans ces pays. Un fait qui conduit à l’augmentation des exportations des produits de qualité des pays situés au nord du canal, comme l’Europe et les Etats-Unis, et la réduction du fossé dans le commerce des marchandises entre le Nord et le Sud.

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