L’ambassadeur de France, S.E. M. Stéphane Romatet, en visite à la médiathèque
(Photos : Khaled Hussein)
Des espaces vastes et conviviaux, un catalogue réunissant 15000 documents, un fonds de livres lus sur différents supports, des postes informatiques mis à la disposition des visiteurs, le modèle de la nouvelle médiathèque de l’Institut Français d’Egypte (IFE) de Mounira efface l’image traditionnelle du « cimetière des livres ». Elle rompt tout à fait avec l’ambiance du lieu sévère, dévolu aux activités studieuses, favorisant le format du lieu de lecture-plaisir, qui cherche à englober tous les publics.
Le vieil escalier en bois foncé, premier élément de décor à attirer l’attention en entrant à l’Institut, est toujours là, il a toujours son charme, mais la médiathèque, fermée depuis mai 2019, rouvre ses portes le 21 mars, à partir de 11h, en se dotant d’un style graphique plus moderne, avec des couleurs vives. Il fallait illuminer le lieu sans refroidir l’ambiance, faire cohabiter les différentes tranches d’âge, favoriser les échanges, mais de manière à respecter le silence. C’est le pari qu’a réussi le design de l’architecte Omar Nagati, l’un des principaux fondateurs du laboratoire d’études urbaines Cluster Cairo. Les grandes fenêtres de cet ancien édifice optimisent la luminosité des pièces qui communiquent entre elles, tout en préservant à chaque coin sa spécificité et son côté discret.
D’abord, on tombe sur le Forum, cet espace-découverte conçu dans l’esprit librairie, avec de grandes tables sur lesquelles sont exposés les nouveautés ou les livres qui sont plus à la page. Près de la porte d’entrée, il y a d’une part la collection de livres français traduits vers l’arabe, notamment avec le soutien de l’IFE, et d’autre part, les ouvrages français parlant de l’Egypte. Plus haut, le balcon a l’air de donner sur une cour, comme dans les patios des demeures orientales, il abrite les ouvrages classiques de littérature française jusqu’au XXe siècle. Plus loin, la salle la Recherche rassemble, comme le suggère son nom, les oeuvres de sciences humaines et à un autre niveau, se trouve le Lab langues, réservé justement aux cours de langues et aux séminaires, dans une salle équipée de vidéoprojecteurs.
Le modèle architectural multifonctionnel permet une sorte de décloisonnement et de transparence. On peut circuler à travers l’ensemble des collections, s’installer sur le canapé pour visionner un film DVD avec un casque sans fil, demander une tablette au bibliothécaire pour consulter un livre numérique ou même faire une balade virtuelle dans l’un des grands musées d’arts plastiques du monde, en mettant des lunettes 3D (à l’auditorium, à des heures précises). Car la médiathèque a un partenariat avec La Villette, lui donnant accès au contenu de la plateforme culturelle numérique la Micro-folie. Celle-ci offre, depuis 2019, des visites virtuelles de musées et de galeries, mais aussi une programmation de films et de jeux, conçue par la chaîne Arte.
Plus d’échanges et de rencontres
Un dessin de Walid Taher décore les murs du coin pour enfants.
(Photos : Khaled Hussein)
En fait, la direction de l’IFE privilégie la logique événementielle pour plus d’attraction. Dans l’espace qui leur est consacré, les enfants entre 10 et 12 ans peuvent participer à des ateliers d’art ou d’écriture, les plus jeunes peuvent profiter d’une lecture de conte, et ce, sans énumérer plein d’autres activités ciblant la jeunesse. « Nous avons fait des acquisitions importantes en littérature de jeunesse, en livres de science-fiction et polars pour combler tous les goûts. Nous avons enrichi également la collection Vie pratique (cuisine, méditation, développement humain, bien-être…). Et nous avons prévu d’avoir à l’étage un espace cotravail ou coworking space. Pendant trois semaines, à partir du 21 mars, nous proposons plusieurs activités culturelles dont une rencontre avec l’écrivaine May Telmissany, qui a choisi de nous parler de la romancière Maylis de Kerangal, le 21 mars à 18h. La chanteuse et comédienne Virginie Foucard lira des extraits des livres de cette dernière. Et ce, dans le cadre d’une suite de rencontres avec des personnalités différentes qui viendront partager leur goût pour un auteur ou un livre, en français ou en arabe », précise David Ruffel, attaché du livre à l’IFE. Et d’ajouter : « La médiathèque accueillera aussi, du 5 avril au 6 mai, une exposition de photos de Léon Dubois, Maalesh, inspirée du livre éponyme de Jean Cocteau et suivant les traces de son voyage en Méditerranée. Mais à partir du 21 mars et jusqu’au 7 mai, le public pourra découvrir 11 nouvelles oeuvres de bandes dessinées, à travers l’exposition numérique Machines à bulles ».
Deux autres rencontres sont déjà prévues, dans le cadre du programme Le goût des livres, le 30 mars, avec l’écrivain Adel Al-Mairy, et le 6 avril, avec le dramaturge et metteur en scène Ahmed Al-Attar. Toujours à 18h. Et ce, avec l’ambition d’en faire un rendez-vous régulier, car les activités constituent une étape parfois nécessaire avant d’arriver à la lecture; elles permettent de capter un public varié ou plus difficile à atteindre. Normalement, l’animation a toujours eu une fonction d’intégration sociale, on est dans les parages et on finit par tomber fatalement sur un livre qu’on aimerait emprunter .
Prix de l’abonnement: 500 L.E. par an, et tarif abonnement spécial famille 700 L.E. par an.
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