Réuni près de Genève sous l’égide de l’Onu, le Forum du dialogue politique libyen, formé de 75 délégués, a désigné cette semaine le pouvoir exécutif unifié qui devra diriger la Libye jusqu’à la tenue d’élections en décembre prochain. Celui-ci est formé d’un premier ministre transitoire et d’un conseil présidentiel de trois membres. Leur mission : redresser un pays déchiré par 10 ans de guerre civile. Une tâche qui s’annonce certes difficile. En effet, le nouveau premier ministre libyen, Abdel-Hamid Dbeibah, n’est pas un politique. Originaire de la ville de Misrata, il a occupé le poste de président de la compagnie libyenne d’investissement et de développement sous Kadhafi. Quant aux membres du nouveau conseil, ils ne disposent pas d’assises populaires, ce qui ouvre la voie aux critiques. Le conseil aura donc besoin, dans un premier temps, de recueillir la confiance des différentes parties libyennes, notamment le parlement, une tâche ardue dans un pays extrêmement polarisé.
Mais le grand défi auquel sera confronté ce conseil sera de mettre fin à la présence des puissances étrangères et des mercenaires dans le pays. En effet, la Libye est le théâtre d’opération d’un certain nombre de puissances étrangères, notamment la Russie et la Turquie. Le 23 octobre dernier, les belligérants libyens avaient accepté un cessez-le-feu parrainé par l’Onu prévoyant notamment le départ de toutes les forces étrangères. Mais depuis, aucun progrès n’a été fait à ce niveau. Il est peu probable que la Russie et la Turquie quittent la Libye dans un avenir proche tant les intérêts des deux pays sont profondément enracinés dans ce pays. Les Russes, qui cherchent à avoir un débouché sur la Méditerranée, ont des intérêts économiques, notamment dans le secteur de l’énergie et celui des infrastructures. Idem pour la Turquie qui, outre les considérations idéologiques (le gouvernement turc soutient le camps islamiste), a utilisé la Libye pour accéder aux champs de gaz dans l’Est de la Méditerranée. Le départ des puissances étrangères hors du sol libyen apparaît aujourd’hui comme une condition sine qua non à toute paix durable.
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