
Les heurts les plus violents ont eu lieu dans la ville de Sousse. (Photo : AP)
Dix ans après la Révolution du Jasmin, qui a mis fin au régime de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie est toujours en proie à des troubles sociaux. Des manifestations ont éclaté samedi 16 janvier au soir dans plusieurs villes tunisiennes, notamment dans la capitale Tunis et à Sousse, où le couvre-feu nocturne n’a pas empêché les troubles. Des manifestations qui ont dégénéré dans certains endroits, les troubles opposant des centaines des jeunes des quartiers chauds aux forces de l’ordre. Les premiers attaquant les seconds à coups de pierres et incendient des pneus et des poubelles, les seconds ripostant par des salves de gaz lacrymogène, pour les disperser. Les heurts les plus sérieux se sont produits aux abords de Sousse, où la police a tiré des grenades lacrymogènes, pour tenter de disperser des centaines de jeunes manifestants qui bloquaient des routes en incendiant des pneus et pillaient des magasins, ont déclaré des témoins et des sources proches des services de sécurité. Des incidents ont également été signalés dans plusieurs quartiers de Tunis, ainsi qu’à Bizerte. Une trentaine de personnes ont été arrêtées et des armes blanches saisies.
Si ces manifestations n’entrent pas dans le cadre d’un mouvement plus large, elles témoignent de la colère de la population en raison des difficultés économiques que connaît le pays. Les troubles sont en outre intervenus quelques heures après l’annonce, par le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, d’un remaniement ministériel au sein de son cabinet, impliquant 11 ministres. Lors d’un bref point de presse au siège du gouvernement, samedi 16 janvier, M. Mechichi a également annoncé la suppression du secrétariat d’état aux Finances ainsi que le poste de ministre chargé des relations avec l’Assemblée des représentants du peuple (parlement) et la société civile, qui sera annexée à la présidence du gouvernement. En effet, les portefeuilles remaniés comptent deux ministères de souveraineté, l’Intérieur accordé à Walid Dhahbi, actuel secrétaire général du gouvernement, et la Justice à Youssef Zouaghi, actuel directeur de la Douane tunisienne. Il s’agit également des ministères des Domaines de l’Etat et Affaires foncières, Industrie et PME, Energie et Mines, Environnement et Affaires locales, Emploi et Formation professionnelle et Economie sociale, Jeunesse et Sport, Agriculture et Ressources hydriques, Culture en plus de la Santé. « La prochaine étape sera bourrée de défis que nous devons relever, particulièrement, la mise en exécution d’une série de réformes économiques, l’ancrage du concept de la justice sociale et du développement solidaire interrégional en plus davantage de cohérence et d’efficacité dans le rendement gouvernemental », a dit le chef du gouvernement tunisien. M. Mechichi a insisté, dans ce sens, sur le fait qu’il a décidé ce remaniement afin que son gouvernement « ne puisse continuer sur la même voie et la même philosophie d’un gouvernement indépendant soutenu par un engagement politique et parlementaire solide et en interaction avec les différents partenaires socio-économiques et les institutions constitutionnelles ».
Après avoir informé le président de la République, Kaïs Saïed, le chef du gouvernement, présentera officiellement la composition de son remaniement à l’Assemblée des représentants du peuple (parlement), lequel fixera une date pour vote de confiance. Pour rappel, le gouvernement de Hichem Mechichi avait joui de la confiance du parlement en date du 2 septembre 2020 avec une composition de 25 ministres et 3 secrétaires d’Etat.
En plus de la crise socioéconomique, derrière ce remaniement se cachent, selon certains observateurs, des tensions latentes entre la présidence et le gouvernement. Aussi, témoigne une fois de plus de l’instabilité du pays. Dans le régime semi-parlementaire qu’a choisi la Tunisie il y a 10 ans, cette instabilité a des répercussions sur la gestion du pays, où 13 gouvernements se sont succédé depuis 2011.
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