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Les problématiques de l’Administration Biden

Dimanche, 06 décembre 2020

Après des semaines de retard et les procès intentés par l’Administration Trump, l’équipe du président élu Joe Biden s’est mise à travailler sur le transfert officiel du pouvoir. Ses assistants ont commencé à se réunir avec les responsables de la large bureaucratie fédérale américaine et ont effec­tivement tenu plus de 20 réunions avec les respon­sables de l’Administration Trump. Ils se sont enga­gés dans des discussions actives avec chaque administration fédérale, ainsi qu’avec la Maison Blanche. L’objectif de ces réunions était d’être prêt à assumer la lourde charge de l’économie en ruine et de superviser la distribution du vaccin anti-coro­navirus.

Les assistants de Biden ont été en contact avec Anthony S. Fauci, que le nouveau président améri­cain a l’intention de garder en tant que meilleur expert du pays en maladies contagieuses. Le prési­dent élu a commencé à recevoir le bilan quotidien destiné au chef de l’exécutif, et qui comprend les renseignements les plus critiques. Il est actuelle­ment possible d’employer les dispositifs sécurisés fondés par l’équipe Biden à Washington et à Wilmington dans l’Etat de Delaware pour réviser les questions confidentielles. L’équipe Biden s’ap­prête également à consulter les énormes dossiers du budget et des projets à venir.

A peine quelques jours après ces procédures, le président élu, Joe Biden, a nommé 6 personnalités au sein des équipes de politique étrangère et de sécurité nationale. Il est prévu qu’il nomme l’ex-présidente du Conseil de la réserve fédérale, Janet Yellen (74 ans), comme secrétaire au Trésor. Yellen a été la première femme à assumer la présidence de la Réserve fédérale et sera aussi la première femme à être secrétaire au Trésor. De façon générale, la présence féminine dans l’Administration Biden sera forte avec notamment Kamala Harris qui est la première femme, la première femme indienne et la première femme asiatique à occuper le poste de vice-président des Etats-Unis.

C’est en quelque sorte un moyen d’exprimer une position positive envers les minorités. Le groupe présidentiel a également engagé Alejandro Mayorkas, qui était vice-ministre de la Sécurité nationale sous l’Administration Obama. Mayorkas est le premier immigré latino à être nommé à la Sécurité nationale. De plus, Biden a choisi Avril Haines pour le poste de directrice du renseignement national. Si cette nomination est confirmée, elle sera la première femme à diriger le monde du ren­seignement américain. Et pour ce qui est des ori­gines africaines, Linda Thomas a été nommée au poste d’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’Onu. Bref, en plus de la représentation des mino­rités, ce qu’il y a de commun entre toutes les per­sonnalités d’arrière-plan bureaucratique nommées à des postes au sein de l’Administration Biden, c’est qu’elles ont toutes déjà servi avec lui. C’est le cas d’Anthony Blinken, secrétaire d’Etat, et de Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale. Ceux-ci sont la représentation de la longue expérience de ce groupe à l’échelon hiérarchique.

Jusqu’à maintenant, il ne semble pas qu’il y ait à l’intérieur de l’Administration Biden des personna­lités du même poids que Henry Kissinger et James Baker. Le seul qui semble posséder une identité politique était l’ex-secrétaire d’Etat américain, John Kerry, qui a dirigé les négociations autour des accords de Paris sur le climat en tant qu’émissaire présidentiel spécial pour les affaires du climat.

D’une certaine façon, Biden a atterri comme un bon parachutiste sur la base du pouvoir. La pre­mière problématique qu’il devra affronter une fois à la Maison Blanche, c’est qu’il va trouver un pays différent de celui qu’il a connu pendant 5 décennies de travail politique. Thomas Friedman a été un peu dur en disant, dans un article publié dans le New-York Times le 4 novembre dernier, qu’il ne savait pas exactement qui serait le gagnant des élections américaines, mais il sait déjà qui serait le perdant, ce sont les Etats-Unis d’Amérique. Donald Trump restera pour toujours un cas spécial parmi les prési­dents américains.

Trump a réussi à monter au sommet du pouvoir et à y rester pendant 4 années, malgré l’affrontement avec « l’institution américaine », il a aussi réussi à rester au centre de l’intérêt public à travers des tweets écrits à tout moment du jour. Entre un tweet et un autre, il y a eu des politiques qui ont surpris l’opinion publique américaine et le monde entier. Et malgré ce qui semble être une défaite qui a mené son adversaire à la tête du pouvoir, Trump a obtenu plus de 72 millions de voix, soit 8 millions de voix de plus que lors des élections précédentes. Cette problématique rendra difficile le processus de réu­nification des Américains, que le président Biden a placé à la tête de ses priorités. Celui-ci ne sera peut-être pas tranché avant les élections de 2024.

La seconde problématique que Biden doit affronter réside dans sa propre vision de la poli­tique étrangère et qui est pleine de contradictions. Il y a quelques mois, Biden a publié un article important dans le périodique des affaires étran­gères intitulé « Pourquoi les Etats-Unis doivent diriger une autre fois le processus de sauvetage de la politique étrangère américaine après Trump ? ». Cette vision fait de Trump la référence avec laquelle il faut être en désaccord, comme si les 4 années de son mandat constituaient la base de la nouvelle politique, et non pas les 4 années qui viennent.

Biden pense prioritaire la réunification de l’Occi­dent sous la bannière de l’Otan et avec des alliés comme le Japon, l’Australie et la Corée du Sud, et ce, pour rétablir l’équilibre mondial. Or, c’est exac­tement ce qui a poussé la Russie vers plus d’animo­sité. De plus, il est évident que cette tendance ne sera pas appréciée par la Chine, alors que Biden veut réaliser une suprématie économique face à ce pays.

Il semblerait que Biden ne soit pas vraiment au courant de la situation européenne actuelle après le retrait britannique de l’UE et la division de l’Europe entre la « nouvelle » et l’« ancienne » Europe, une Europe pro-Trump, conservatrice qui refuse les étrangers, et une Europe libérale, heureuse de l’as­cension de Biden au pouvoir.

Enfin, l’Etat américain n’est plus le même au niveau du poids et de l’influence, et c’est peut-être là que réside la plus grande problématique .

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