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Riverains en colère

Manar Attiya, Mardi, 30 juillet 2013

A Rabea Al-Adawiya, dans le quartier de Madinet Nasr, le sit-in des pro-Morsi se poursuit. Le voisinage se plaint du bruit et des nuisances engendrées par ce « rassemblement sauvage ».

River.
Des embouteillages monstres provoquent la colère des habitants. (Photo: Al-Ahram)

Les habitants du quartier de Rabea Al-Adawiya, au Caire, ont lancé une initiative contre les islamistes qui occupent les lieux. « SOS ! Sauvez les habitants de Rabea Al-Adawiya » : le slogan de l’initiative a attiré plus de 31 000 abonnés sur Facebook.

Un sit-in s’est tenu le 18 juillet pour protester contre « l’occupation des Frères musulmans ». Les habitants sont désormais à la recherche de calme. Mais les partisans de Mohamad Morsi ne lâchent rien. Autour de la mosquée de Rabea Al-Adawiya, au nord-est du Caire, ils continuent de faire pression en faveur de leur président.

Mais pour les habitants de Rabea Al-Adawiya, le bruit devient un calvaire. Des pétards à des heures tardives, des haut-parleurs 24h/24 ... Des femmes en niqab frappent aux portes pour demander un verre d’eau. Des hommes en sous-vêtements se lavent dans les jardins ... « Nous vivons un véritable cauchemar. Nous nous sentons étrangers chez nous », se plaint Nanisse, une habitante du bâtiment nº 3 de la rue Al-Nasr.

Les alentours de la mosquée de Rabea Al-Adawiya sont devenus une ville dans la ville, dont l’expansion est guettée d’un oeil inquiet par les habitants. De l’extérieur, la place offre la vision d’un camp retranché, flanqué à chacune de ses entrées de murets de pierre derrière lesquels se tient un cordon de gardes équipés de casques de chantier ou de moto et d’un bâton en guise de matraque. Les occupants sont allongés sur des nattes à même le sol. Ils partagent leurs tentes avec leurs compatriotes du même village ou du même gouvernorat.

Dans un petit espace à l’écart de sa tente qui abrite une soixantaine d’habitants de son village, Arafat profite de la venue de sa femme et de son fils. Il est là depuis le 28 juin. Jeune imam de 35 ans, il ne rentre dans son village du Delta que le vendredi pour assurer sa charge religieuse.

« Je pourrais tenir un an ici. J’ai un objectif que je poursuivrai jusqu’au bout. Nous sommes là pour faire passer un message aux militaires : nous ne renoncerons pas à la légitimité. Nous défendrons Morsi de notre sang », lance-t-il.

A l’exception des grandes manifestations où participent tous les partisans de Morsi, la plupart jonglent entre leur travail au village et le sit-in de Rabea Al-Adawiya où ils se relaient à tour de rôle. Malgré la précarité des conditions de vie, Arafat assure ne manquer de rien. Les chefs de la coalition islamiste sont prêts à tenir et personne ne sait quand cette occupation prendra fin.

A l’une des entrées de la place de Rabea, une équipe de sécurité se relaie 24 heures sur 24 pour fouiller les personnes souhaitant entrer et vérifier leur identité. « A chaque fois qu’on passe, ils nous demandent : Où allez-vous ? D’où venez-vous ? Qu’est-ce que vous faites ? Ça fait plus de trois semaines que ça dure », raconte Nanisse.

Côté religion, « la mosquée de Rabea est fermée. On n’arrive plus à faire la prière. L’islam est une religion de paix et de tolérance », dit Ahmad, qui souhaite que le sit-in prenne fin. Mais, de l’avis des manifestants, il risque de durer encore longtemps.

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