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Trump au coeur des crises

Dimanche, 20 septembre 2020

Dans le monde entier, il n’y a pas d’élection pré­sidentielle aussi intéres­sante que l’élection américaine, malgré sa complexité. A chaque fois qu’on suit les élections américaines, le sentiment dominant est qu’on vit un instant décisif de l’histoire de l’humanité. Depuis John Kennedy ou Donald Reagan, jamais une personnalité n’a dominé le pro­cessus électoral comme le président Donald Trump.

La concurrence entre Kennedy et Nixon était acharnée. C’était une concurrence entre la génération de la Deuxième Guerre mondiale et la génération suivante. Après Kennedy, est venu Johnson puis Nixon pour un premier mandat puis un second durant lequel il est tombé à cause du scandale de Watergate.

Depuis le début du mois de sep­tembre courant, il semble que la concurrence électorale soit devenue acharnée au point de ressembler à une guerre civile. On a l’impression que la guerre de 1860-1865 a été ressuscitée depuis l’assassinat du jeune noir George Floyd en mai der­nier. Depuis cette date, la violence sévit dans un nombre d’Etats améri­cains, ce qui a donné naissance à un échange d’accusations entre les républicains et les démocrates, même si le candidat démocrate, Joe Biden, le nie. Celui-ci avance que la violence est causée par les positions de Trump qui encourage les fana­tiques blancs à être violents envers les noirs, les minorités et tous ceux qui ont une couleur et une religion différentes.

Le différend autour de « Qui est vraiment raciste ? » nous fait remon­ter aux fondements de la question électorale. Alors que les républicains comptent sur la majorité blanche, les démocrates comptent sur les minori­tés au sein de l’Etat américain. La victoire aux élections dépend de la capacité de mobiliser les foules pour les diriger vers les urnes. La nou­veauté c’est que les campagnes élec­torales se déroulent au milieu de crises complexes. La crise concer­nant la couleur et l’origine ethnique fait partie d’une crise plus grande qui préoccupe l’Etat américain: Les Etats-Unis dirigent-ils encore le monde au niveau militaire, écono­mique et technologique? Est-ce que « le rêve américain » est encore une source d’inspiration pour le monde entier ou bien il y a d’autres rêves générés par la Chine ?

La crise la plus profonde est proba­blement celle des divisions poli­tiques américaines qui ont trop duré. En d’autres termes, l’entente entre la gauche démocrate et la droite répu­blicaine n’existe plus en ce qui concerne les questions essentielles qui préoccupent la société améri­caine comme les soins médicaux et l’immigration.

A l’origine, l’Etat américain a été fondé sur l’immigration, dont une partie était forcée, alors que les esclaves ont été amenés en Amérique pour des raisons économiques et culturelles. Ce qui a créé une crise chronique qui n’a été réglée ni par la guerre civile, ni par les lois des droits civils. Cette crise s’est de plus en plus compliquée avec les vagues migratoires en provenance d’Amé­rique latine, d’Asie et du Proche-Orient. Les migrants sont devenus des voix supplémentaires pour les démocrates et les républicains veu­lent les en priver même si ceci néces­site la construction de nombreux murs.

Ces crises structurelles ne consti­tuent pas toutes les raisons de la tension américaine. La crise du Covid-19 a prouvé que la société américaine n’était pas prête à l’af­fronter. A l’heure d’élection, la res­ponsabilité incombe au président et à son administration. Or, le prési­dent qui aspire à un deuxième man­dat présidentiel ne voit pas que la responsabilité de la pandémie qui touche le monde entier doit être à la base assumée. L’Etat américain avec ses Conseils et ses Etats n’est pas parvenu à une formule fédérale pour affronter un ennemi pareil.

Le 30 août passé, Jennifer Robin a publié dans le Washington Post un article dans lequel elle a mentionné ce qu’elle a appelé « les 5 argu­ments les plus stupides avancés par les républicains en faveur de Trump ». Elle a nié que le président, s’il remporte l’élection, parvienne à réaliser la sécurité et l’ordre, tant que chaque semaine la pandémie de coronavirus fait plus de victimes que les attentats du 11 Septembre. L’ordre et la sécurité sont absents dans les villes américaines et cela est la responsabilité d’un président qui ne cesse de faire de l’incitation contre les minorités.

Deuxièmement, il n’est pas vrai que Trump a fait des réalisations économiques exceptionnelles, car l'économie était en bonne santé sous son prédécesseur Barack Obama. Au contraire, les décisions prises par Trump ont constitué une lourde charge pour les Américains. La crise du Covid-19 a en outre entraîné la fermeture de nombreuses compa­gnies et la hausse des taux de chô­mage et des dettes.

Troisièmement, Trump prétend que Joe Biden est un socialiste por­tant un masque républicain, raison pour laquelle il va concrétiser l’ingé­rence de l’Etat dans l’économie. Ces prétentions sont contraires à la réalité de l’histoire politique de Biden. Il faut ajouter que la vraie ingérence était dans les comportements de Trump et de son entourage conserva­teur qui intervient au profit de leurs amis et leurs proches.

Quatrièmement, si Trump refuse l’avortement, c’est un point de vue républicain que l’on peut com­prendre, mais on ne peut pas com­prendre qu’il soit permis de tuer des Américains à cause de la couleur de leur peau, ni comprendre que 180000 Américains meurent à cause de la pandémie de coronavirus.

Cinquièmement, Trump n’a pas mis fin à la pandémie. Le nombre de morts aux Etats-Unis est supé­rieur au nombre de morts dans n’importe quel autre pays. De plus, les taux de mortalité dépassent de loin les taux dans les pays dévelop­pés, et il n’y a pas de programme national de suivi. En refusant de revenir aux réalités scientifiques, que ce soit à propos de la qualité de l’air et de l’eau, des changements climatiques ou du Covid-19, le pré­sident américain expose la vie de millions de personnes aux Etats-Unis et autour du monde au danger.

Face à ces 5 arguments, il y a des contre-arguments du côté républi­cain qui accusent les démocrates de s’opposer aux libertés, de renoncer à la responsabilité nationale et le fait que le candidat démocrate est une personne âgée et incapable de diriger le pays. Tout est possible maintenant.

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