Dans le monde entier, il n’y a pas d’élection présidentielle aussi intéressante que l’élection américaine, malgré sa complexité. A chaque fois qu’on suit les élections américaines, le sentiment dominant est qu’on vit un instant décisif de l’histoire de l’humanité. Depuis John Kennedy ou Donald Reagan, jamais une personnalité n’a dominé le processus électoral comme le président Donald Trump.
La concurrence entre Kennedy et Nixon était acharnée. C’était une concurrence entre la génération de la Deuxième Guerre mondiale et la génération suivante. Après Kennedy, est venu Johnson puis Nixon pour un premier mandat puis un second durant lequel il est tombé à cause du scandale de Watergate.
Depuis le début du mois de septembre courant, il semble que la concurrence électorale soit devenue acharnée au point de ressembler à une guerre civile. On a l’impression que la guerre de 1860-1865 a été ressuscitée depuis l’assassinat du jeune noir George Floyd en mai dernier. Depuis cette date, la violence sévit dans un nombre d’Etats américains, ce qui a donné naissance à un échange d’accusations entre les républicains et les démocrates, même si le candidat démocrate, Joe Biden, le nie. Celui-ci avance que la violence est causée par les positions de Trump qui encourage les fanatiques blancs à être violents envers les noirs, les minorités et tous ceux qui ont une couleur et une religion différentes.
Le différend autour de « Qui est vraiment raciste ? » nous fait remonter aux fondements de la question électorale. Alors que les républicains comptent sur la majorité blanche, les démocrates comptent sur les minorités au sein de l’Etat américain. La victoire aux élections dépend de la capacité de mobiliser les foules pour les diriger vers les urnes. La nouveauté c’est que les campagnes électorales se déroulent au milieu de crises complexes. La crise concernant la couleur et l’origine ethnique fait partie d’une crise plus grande qui préoccupe l’Etat américain: Les Etats-Unis dirigent-ils encore le monde au niveau militaire, économique et technologique? Est-ce que « le rêve américain » est encore une source d’inspiration pour le monde entier ou bien il y a d’autres rêves générés par la Chine ?
La crise la plus profonde est probablement celle des divisions politiques américaines qui ont trop duré. En d’autres termes, l’entente entre la gauche démocrate et la droite républicaine n’existe plus en ce qui concerne les questions essentielles qui préoccupent la société américaine comme les soins médicaux et l’immigration.
A l’origine, l’Etat américain a été fondé sur l’immigration, dont une partie était forcée, alors que les esclaves ont été amenés en Amérique pour des raisons économiques et culturelles. Ce qui a créé une crise chronique qui n’a été réglée ni par la guerre civile, ni par les lois des droits civils. Cette crise s’est de plus en plus compliquée avec les vagues migratoires en provenance d’Amérique latine, d’Asie et du Proche-Orient. Les migrants sont devenus des voix supplémentaires pour les démocrates et les républicains veulent les en priver même si ceci nécessite la construction de nombreux murs.
Ces crises structurelles ne constituent pas toutes les raisons de la tension américaine. La crise du Covid-19 a prouvé que la société américaine n’était pas prête à l’affronter. A l’heure d’élection, la responsabilité incombe au président et à son administration. Or, le président qui aspire à un deuxième mandat présidentiel ne voit pas que la responsabilité de la pandémie qui touche le monde entier doit être à la base assumée. L’Etat américain avec ses Conseils et ses Etats n’est pas parvenu à une formule fédérale pour affronter un ennemi pareil.
Le 30 août passé, Jennifer Robin a publié dans le Washington Post un article dans lequel elle a mentionné ce qu’elle a appelé « les 5 arguments les plus stupides avancés par les républicains en faveur de Trump ». Elle a nié que le président, s’il remporte l’élection, parvienne à réaliser la sécurité et l’ordre, tant que chaque semaine la pandémie de coronavirus fait plus de victimes que les attentats du 11 Septembre. L’ordre et la sécurité sont absents dans les villes américaines et cela est la responsabilité d’un président qui ne cesse de faire de l’incitation contre les minorités.
Deuxièmement, il n’est pas vrai que Trump a fait des réalisations économiques exceptionnelles, car l'économie était en bonne santé sous son prédécesseur Barack Obama. Au contraire, les décisions prises par Trump ont constitué une lourde charge pour les Américains. La crise du Covid-19 a en outre entraîné la fermeture de nombreuses compagnies et la hausse des taux de chômage et des dettes.
Troisièmement, Trump prétend que Joe Biden est un socialiste portant un masque républicain, raison pour laquelle il va concrétiser l’ingérence de l’Etat dans l’économie. Ces prétentions sont contraires à la réalité de l’histoire politique de Biden. Il faut ajouter que la vraie ingérence était dans les comportements de Trump et de son entourage conservateur qui intervient au profit de leurs amis et leurs proches.
Quatrièmement, si Trump refuse l’avortement, c’est un point de vue républicain que l’on peut comprendre, mais on ne peut pas comprendre qu’il soit permis de tuer des Américains à cause de la couleur de leur peau, ni comprendre que 180000 Américains meurent à cause de la pandémie de coronavirus.
Cinquièmement, Trump n’a pas mis fin à la pandémie. Le nombre de morts aux Etats-Unis est supérieur au nombre de morts dans n’importe quel autre pays. De plus, les taux de mortalité dépassent de loin les taux dans les pays développés, et il n’y a pas de programme national de suivi. En refusant de revenir aux réalités scientifiques, que ce soit à propos de la qualité de l’air et de l’eau, des changements climatiques ou du Covid-19, le président américain expose la vie de millions de personnes aux Etats-Unis et autour du monde au danger.
Face à ces 5 arguments, il y a des contre-arguments du côté républicain qui accusent les démocrates de s’opposer aux libertés, de renoncer à la responsabilité nationale et le fait que le candidat démocrate est une personne âgée et incapable de diriger le pays. Tout est possible maintenant.
Lien court: