Mardi, 10 décembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Economie >

Marché automobile : Vers la reprise

Marwa Hussein, Mercredi, 02 septembre 2020

Le marché automobile reprend en Egypte après une période de stagnation due à la dévaluation de la livre égyptienne puis au Covid-19. 2020 devrait être une meilleure année pour cette industrie.

Marché automobile : Vers la reprise
En juin, les ventes d'automobiles ont été supérieures à la moyenne enregistrée depuis le début de 2020.

Le marché automobile s’est relativement rétabli au cours des derniers mois. En juin, le volume des ventes sur le marché égyptien de l’automobile a augmenté de 18,4 % par rapport à la même période de l’année précédente pour atteindre 16 429 unités, souligne le rapport AMIC, spécialisé dans l’étude du marché égyptien de l’automobile. Les ventes de voitures particulières ont augmenté de 13 %. Mais la hausse la plus importante est celle des ventes d’autobus qui ont aug­menté de 60 % et des camions qui ont augmenté de 29 %. Au cours du premier semestre de 2020, les ventes des voitures particulières ont aug­menté de 21 %, celles des autobus de presque 80 %, au moment où les ventes de camions ont diminué de 1 %. « Le marché s’est bien rétabli au cours du premier trimestre de l’année pendant lequel les ventes étaient de 50 % supérieures au pre­mier trimestre de 2019. La régres­sion provoquée par le Covid-19 a quelque peu freiné cette hausse, mais on peut dire qu’en général, 2020 sera une année positive pour le secteur », analyse Khaled Saad, secrétaire général de l’Association des producteurs égyptiens d’auto­mobile. Il prévoit que vers la fin de 2020, les ventes seront entre 10 et 20 % supérieures à celles de 2019.

Le rapport AMIC, qui s’appuie sur les déclarations des distributeurs, souligne qu’en juin, les ventes ont été supérieures à la moyenne enre­gistrée début de 2020. Les ventes d’automobiles en Egypte ont grimpé à plus de 22 000 unités en février avant de prendre la courbe descen­dante en mars et avril, sous l’effet de la pandémie de Covid-19 attei­gnant en avril leur niveau le plus bas depuis plusieurs années avec 8 900 unités. La performance du secteur s’est améliorée en mai, mais n’a pas été à la hauteur de celle de février où elle avait atteint le niveau de ventes mensuel le plus élevé depuis décembre 2018. « L’amélioration de la performance du secteur est la conséquence de l’assouplissement des mesures de fermeture écono­mique », explique Alaa Al-Sabaa, membre de la division de l’automo­bile auprès de l’Union des chambres de commerce. Et d’ajouter que des commandes passées avant la pandé­mie ont permis d’augmenter les ventes. « La production mondiale est en baisse à cause du lockdown, la demande est aussi en baisse vu l’instabilité économique provoquée par la pandémie, les gens ont des doutes sur la possibilité de pouvoir assurer le remboursement des cré­dits, ce qui affecte leurs achats. La baisse de la demande parallèlement à la baisse de l’offre a créé un cer­tain équilibre sur le marché », conclut-il.

Les ventes de voitures euro­péennes et chinoises en hausse

Avant le coronavirus, les ventes du secteur automobile en Egypte étaient en déclin sous l’effet d’autres facteurs, surtout la dévaluation de la livre égyptienne, fin 2016. Celle-ci a mené à une hausse considérable du taux de change du dollar et des autres devises face à la livre égyp­tienne. L’effet sur le secteur auto­mobile a été important, car la majeure partie des composants nécessaires à cette industrie est importée. Les prix des voitures ont plus que doublé après le flottement de la livre égyptienne au moment où le pouvoir d’achat des Egyptiens avait considérablement baissé.Le marché avait commencé à se rétablir du choc de la dévaluation en février, avant qu’il ne soit ralenti par la pandémie de coronavirus. En 2019, les ventes étaient de 183 000 unités contre 194 000 en 2018, soit une baisse de 5,7 %. Les ventes de voitures particulières ont mené la baisse, avec une chute de 13 % en 2019, par rapport à 2018 (127 000 véhicules). Les ventes d’autobus et de camions ont, par contre, enregis­tré des hausses de 27 et de 9 % res­pectivement en 2019 par rapport à 2018. « La contraction du marché en 2019 est survenue malgré les baisses des tarifs douaniers sur les voitures assemblées au sein de l’Union européenne et en dépit du fait que la livre égyptienne se soit renforcée face au dollar pendant le deuxième semestre de 2019 », sou­ligne un apport d’entreprise publié en février.

Une fois que le choc de la déva­luation a été absorbé, la baisse des douanes sur les voitures euro­péennes, introduites en janvier 2019 en respect de l’accord de libre-échange avec l’Union Européenne, a été ressentie cette année. La part de marché des voitures particulières européennes a augmenté au détri­ment des voitures japonaises et américaines. Au cours des six pre­miers mois de 2020, les ventes de voitures européennes ont augmenté de 62,8 % par rapport à la même période de 2019. Ceci au moment où les ventes des voitures améri­caines, japonaises et sud-coréennes ont baissé de 22 %, 7,8 % et 2,5 % respectivement. « Les ventes de voi­tures européennes ont augmenté à cause de la baisse des douanes sur ces voitures, ce qui a positivement affecté le marché en général », se félicite Khaled Saad.D’ailleurs, les ventes de voitures particulières chinoises ont considé­rablement augmenté en 2020, enre­gistrant une hausse de 114,6 % au cours du premier semestre 2020 par rapport à la même période de 2019. « La Chine a commencé à exporter de nouveaux modèles vers l’Egypte offrant des prix compétitifs », raconte Khaled Saad, ajoutant que la demande sur les microbus et les voitures commerciales chinoises augmente également. « Beaucoup de personnes ont perdu leurs emplois à cause du Covid-19, ce qui a inspiré certains à acheter des véhicules commerciaux », affirme Saad. En gros, les ventes d’autobus et de microbus ont augmenté de presque 80 % entre janvier et juin 2020 passant à 12 672 unités contre 7 053 au cours de la même période de l’année passée.

L’appétit pour les automobiles européennes et chinoises pourrait changer la structure du marché. « Le marché connaîtra évidemment d’im­portants changements, des entités vont fusionner, croître ou dispa­raître. Ces changements commence­ront à se manifester vers la fin de l’année en cours et l’année pro­chaine. Déjà Abaza Auto a révélé qu’il serait divisé en plusieurs enti­tés plus petites », raconte Khaled Saad, soulignant que les acteurs, le gouvernement et le parlement sont en train de discuter de stratégies pour sauver le marché automobile en fortifiant l’industrie, en augmen­tant la part des composants locaux ou en imposant des taxes sur les voitures importées.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique