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Tension en Méditerranée orientale

Mercredi, 02 septembre 2020

La tension est à son comble en Méditerranée orientale entre, d’un côté, la Grèce, la France, l’Italie et Chypre, qui mènent des exercices aérona­vals dans cette région, et de l’autre, la Turquie, qui a lancé des manoeuvres militaires à balles réelles au large des côtes d’Iske­derun, une ville du sud-ouest du pays très proche des côtes chy­priotes. Jamais la région de la Méditerranée n’avait connu pareil déploiement militaire. Au coeur de cette mêlée : les provo­cations répétitives de la Turquie, qui mène dans cette région des prospections gazières illégales. Les récentes découvertes gazières dans la région, qui contiendrait plus de 5 000 mil­liards de mètres cubes de gaz, ont, semble-t-il, aiguisé l’appétit de la Turquie, en proie depuis quelque temps déjà à des pro­blèmes économiques. Ankara veut donc sa part du « gâteau méditerranéen ». Le problème est qu’en vertu de la Convention du droit de la mer, conclue en 1982 à Montego Bay, chaque pays de la région dispose d’une zone économique exclusive dont les limites sont clairement définies par la loi. La Turquie, qui a refusé de signer cette conven­tion, ne veut pas en entendre parler et cherche par tous les moyens à imposer une nouvelle réalité dans la région quitte à empiéter sur ses voisins.

Ainsi, depuis plusieurs mois, Ankara multiplie les prospec­tions gazières en Méditerranée dans les eaux territoriales de son voisin grec. Un fait vécu comme une provocation par Athènes, qui a fait appel à ses partenaires européens. Rappelons que pour créer sa propre zone économique, la Turquie a conclu en 2019 un accord de délimitation des fron­tières maritimes avec le Gouvernement d’union natio­nale en Libye empiétant sur les eaux territoriales grecques. Un accord illégal contesté par tous les pays de la région.

Les politiques agressives du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ont été récemment dopées par la découverte d’un gisement gazier en mer Noire. Selon Erdogan, il s’agirait du « plus grand gisement jamais découvert de l’histoire de la Turquie ». Cette découverte a donné au président turc l’illusion que le gaz est la solution magique aux problèmes économiques de la Turquie. D’où la « fuite en avant » d’Ankara et son obstina­tion à braver la loi internationale. Erdogan tente de jouer sur les divisions au sein de l’Union euro­péenne et sur la position quelque peu ambigüe de l’Otan. Une carte qu’il a déjà utilisée par le passé. Pour couper court à ses poli­tiques agressives, la plus grande fermeté est requise de la part de l’Union européenne et des pays de la région. Car laisser faire c’est risquer un conflit armé en Méditerranée orientale aux conséquences.

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