La tension est à son comble en Méditerranée orientale entre, d’un côté, la Grèce, la France, l’Italie et Chypre, qui mènent des exercices aéronavals dans cette région, et de l’autre, la Turquie, qui a lancé des manoeuvres militaires à balles réelles au large des côtes d’Iskederun, une ville du sud-ouest du pays très proche des côtes chypriotes. Jamais la région de la Méditerranée n’avait connu pareil déploiement militaire. Au coeur de cette mêlée : les provocations répétitives de la Turquie, qui mène dans cette région des prospections gazières illégales. Les récentes découvertes gazières dans la région, qui contiendrait plus de 5 000 milliards de mètres cubes de gaz, ont, semble-t-il, aiguisé l’appétit de la Turquie, en proie depuis quelque temps déjà à des problèmes économiques. Ankara veut donc sa part du « gâteau méditerranéen ». Le problème est qu’en vertu de la Convention du droit de la mer, conclue en 1982 à Montego Bay, chaque pays de la région dispose d’une zone économique exclusive dont les limites sont clairement définies par la loi. La Turquie, qui a refusé de signer cette convention, ne veut pas en entendre parler et cherche par tous les moyens à imposer une nouvelle réalité dans la région quitte à empiéter sur ses voisins.
Ainsi, depuis plusieurs mois, Ankara multiplie les prospections gazières en Méditerranée dans les eaux territoriales de son voisin grec. Un fait vécu comme une provocation par Athènes, qui a fait appel à ses partenaires européens. Rappelons que pour créer sa propre zone économique, la Turquie a conclu en 2019 un accord de délimitation des frontières maritimes avec le Gouvernement d’union nationale en Libye empiétant sur les eaux territoriales grecques. Un accord illégal contesté par tous les pays de la région.
Les politiques agressives du président turc, Recep Tayyip Erdogan, ont été récemment dopées par la découverte d’un gisement gazier en mer Noire. Selon Erdogan, il s’agirait du « plus grand gisement jamais découvert de l’histoire de la Turquie ». Cette découverte a donné au président turc l’illusion que le gaz est la solution magique aux problèmes économiques de la Turquie. D’où la « fuite en avant » d’Ankara et son obstination à braver la loi internationale. Erdogan tente de jouer sur les divisions au sein de l’Union européenne et sur la position quelque peu ambigüe de l’Otan. Une carte qu’il a déjà utilisée par le passé. Pour couper court à ses politiques agressives, la plus grande fermeté est requise de la part de l’Union européenne et des pays de la région. Car laisser faire c’est risquer un conflit armé en Méditerranée orientale aux conséquences.
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