Al-Ahram Hebdo : Vous venez de signer avec Ahli au début de cette saison, vous êtes-vous bien intégré au sein de l’équipe ?
Aliou Dieng : Tout d’abord, c’est un honneur pour moi de jouer avec Ahli. C’était un de mes rêves d’enfance d’évoluer avec son maillot. Dans ma ville natale au Mali, les enfants connaissaient bien Ahli, c’est le club le plus titré en Afrique. Moi, j’étais parmi les jeunes joueurs qui rêvaient de dépasser les frontières du pays et de partir en Egypte pour défendre les couleurs d’Ahli, club du siècle en Afrique. Heureusement, j’ai réussi à réaliser mon rêve d’enfance et me voilà maintenant un de ses joueurs, alors c’était facile pour moi de s’intégrer rapidement.
— Avez-vous trouvé une différence entre l’image que vous vous faisiez du club avant d’arriver en Egypte et celle que vous avez trouvée ?
— C’est encore mieux que ce à quoi je m’attendais. Franchement, je sens ici que je suis dans un club européen et non pas africain. L’administration est de très haut niveau, elle gère le club d’une manière professionnelle. Ici au club Ahli, tout se fait à la perfection et rien n’est laissé au hasard. Il y a des normes et des critères professionnels qui gèrent toutes les parties du secteur du football. Chacun connaît bien son rôle. C’est donc logique que ce club occupe cette place importante parmi les clubs égyptiens et africains. Il y a des millions de fans qui soutiennent l’équipe d’Ahli pas seulement en Egypte, mais dans le monde entier. Lorsque nous sommes partis jouer des matchs à la Ligue des champions d’Afrique, nous avons trouvé des supporters du club dans chaque pays qu’on a visité, non pas seulement des Egyptiens qui vivent dans ces pays mais aussi des Africains qui soutiennent Ahli, c’est un peu comme le Barcelone et le Real Madrid, qui ont des supporters partout au monde. Cela me fait plaisir de trouver cette masse de supporters qui soutiennent l’équipe, ce qui nous rend, moi et mes coéquipiers, fiers d’être membres de cette entité des « Diables Rouges ». Les responsables du club accordent une grande importance à l’équipe et aux joueurs. Par exemple, le président du club, Mahmoud Al-Khatib — ballon d’Or de l’Afrique en 1983 et une des légendes du football égyptiens et africains — se réunit souvent avec les joueurs avant les grands matchs. Il nous transmet toujours le soutien et la confiance des membres du conseil d’administration du club et il nous encourage tout le temps. Franchement, je suis fier que la légende « Bibo » (ndlr : surnom de Mahmoud Al-Khatib) soit le président de notre club. Bref, la grande popularité du club et les titres qu’il a remportés à tous les niveaux, soit sur le plan national ou continental, nous rendent tous, nous les joueurs, fiers de faire partie de ce club. Cela pose également une grande responsabilité sur nos épaules de devoir remporter de nouveaux titres pour le club comme l’ont déjà fait les joueurs des générations précédentes.
— Mais sur les réseaux sociaux, les supporters d’Ahli étaient furieux suite à vos déclarations à un site web malien, il y a quelques jours, que vous deviez partir en Europe, mais que « malheureusement », vous avez signé avec Ahli …
— (Réponse immédiate) Je n’ai pas dit ça … et je ne peux jamais dire cela. Je veux profiter que votre journal est en français pour expliquer exactement ce que j’ai dit aux médias maliens, car mes déclarations ont été mal traduites. Un site web malien a fait une interview avec moi à travers Internet, et voilà ce que j’ai dit exactement dans l’interview : « J’étais d’abord un joueur du Mouloudia d’Alger. Mon agent était en contact avec d’autres clubs, notamment des équipes européennes. Malheureusement, la seule équipe qui a accepté les conditions du Mouloudia d’Alger a été Ahli ». Puis j’ai dit aussi : « Depuis mon arrivée dans cette équipe d’Ahli, tout se passe bien avec les dirigeants du club, surtout avec l’entraîneur René Weiler qui a été très patient avec moi. Nous sommes une famille à Ahli, le nom du club qui signifie ma famille en arabe. Ahli est le club le plus populaire et le plus titré d’Egypte. Au total, il a remporté 88 titres nationaux et 20 trophées continentaux, dont 8 Ligues des champions. Je suis fier de jouer dans cette équipe ». Voilà mes déclarations littérales, mais malheureusement, un site Web égyptien a mal traduit mes déclarations du français vers l’arabe en disant que j’ai dit : « Malheureusement, j’ai signé à Ahli », ce que je n’ai pas dit du tout. Depuis que ce site égyptien a publié mes déclarations déformées, les supporters du club me blâment à chaque fois qu'ils me rencontrent. Je veux expliquer à tous les fans du club que je n’ai pas dit cela et que heureusement (non pas malheureusement) que j’avais signé pour Ahli et que c’est une grande fierté pour moi d’être membre de la famille du club rouge.
— Vous avez parlé de votre bonne relation avec le coach suisse de l’équipe René Weiler, est-ce que vous pouvez nous donner plus de détails ?
— Je suis très content de m’entraîner sous la direction du coach suisse René Weiler. C’est un grand entraîneur qui sait bien comment améliorer la performance et le niveau technique de ses joueurs, et comme je l’ai déjà dit et je le dis toujours, je suis content et fier de m’entraîner sous sa direction, je cherche à apprendre de ses expériences et évoluer ma performance.
— Avant de parler de la reprise des matchs du Championnat national dans deux semaines, comment avez-vous vécu la période de confinement dû au Covid-19 ?
— C’était vraiment particulier. Les joueurs ont tous respecté les consignes des autorités sanitaires, ils étaient tous confinés à la maison. C’est pour la première fois que nous vivons des conditions pareilles, rester enfermés à la maison pour plus de 3 mois. C’est très difficile pour tous les joueurs de football d’être enfermés, de ne pas s’entraîner au stade ou dans la salle de musculation. Malgré cela, on s’entraînait tous les jours. Notre coach Weiler nous envoyait sur WhatsApp au début de chaque semaine un programme d’entraînement hebdomadaire pour garder notre fitness et être prêts au retour des entraînements. De notre côté, étant joueurs professionnels, nous avons essayé de ne pas prendre du poids, de respecter les programmes envoyés par le coach et surtout de ne pas sortir de chez nous et de respecter les consignes du ministère de la Santé pour ne pas attraper le virus. Mais cette période était plus difficile pour moi et pour les joueurs qui ne sont pas égyptiens, comme le Sénégalais Aliou Badji, le Nigérian Junior Ajayi, l’Angolais Geraldo et le Tunisien Ali Maloul, car nous sommes expatriés et nous sommes loin de nos familles. On s’ennuyait beaucoup … Heureusement, nous avons dépassé cette période difficile et nous avons repris les entraînements. La décision de reprendre les entraînements collectifs au club a été une grande source de bonheur pour moi et pour tous les joueurs, nous avons senti que nous avons pu respirer de nouveau et que nous avons repris la vie. Maintenant, tous les joueurs sont dans un grand état de concentration. Nous faisons de notre mieux pour atteindre le haut niveau physique et technique que nous avions avant la période d’arrêt.
— Comment voyez-vous la chance de l’équipe après la reprise des activités sportives ?
— Il faut tout d’abord saluer la Fédération égyptienne de football pour la décision de la reprise du championnat. C’est une très bonne décision et va de pair avec la décision de la Confédération Africaine de Football (CAF) de continuer les maths de la Ligue des champions d’Afrique et de la Coupe de la CAF. Nous sommes tous dans un état de concentration intense, nous sommes presque prêts pour commencer à jouer les matchs officiels. Nous avons une grande chance de remporter le championnat comme nous sommes sur la tête du classement avec 16 points de différence du club Al-Moqaouloun Al-Arab, deuxième du classement. Mais il faut sans doute continuer à gagner pour remporter le titre du championnat. Quant à la Ligue des champions d’Afrique, nous, les joueurs, nous savons bien que c’est le titre le plus précieux et le plus attendu par les fans du club, surtout qu’il est absent du club depuis 2013 et que l’équipe a perdu deux finales consécutives contre le Wydad de Casablanca en 2017 et contre l’Espérance de Tunis en 2018. Tous ce que je peux dire c’est que les joueurs d’Ahli sont prêts pour remporter le championnat et la Ligue des champions d’Afrique. Nous ferons de notre mieux pour offrir tous les titres aux supporters du club.
— Comment voyez-vous votre match en demi-finales de la Ligue des champions d’Afrique contre le Wydad ?
— Sans doute, ça sera un match difficile pour les deux équipes, le Wydad est une grande équipe, finaliste de la dernière édition et une des grandes équipes en Afrique, mais nous sommes prêts pour le match et nous ferons de notre mieux pour gagner afin de nous qualifier à la finale et remporter la coupe.
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