Al-ahram hebdo : Quels sont les responsables politiques que vous avez rencontrés lors de votre visite en Egypte ?
S.E. M. Guillaume Soro : Premièrement, disons que nous avons été dépêchés ici en Egypte suite aux événements pour une prise de contact. C’est une mission d’information. Nous avons pu rencontrer toutes les parties, aussi bien les Frères musulmans que les membres du gouvernement. Nous avons rencontré le président par intérim Adly Mansour, le vice-président Mohamed ElBaradei, le ministre de la Défense, le général Abdel-Fattah Al-Sissi, le ministre des Affaires étrangères Nabil Fahmi, l’ex-secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, la présidente du Conseil national de la femme, Mervat Tellawi, et beaucoup d’autres acteurs politiques. L’ambassadrice Serenade Gamil, la correspondante nationale auprès de l’OIF, nous a accompagnés dans toutes nos entrevues et a fait un grand travail.
— Comment évaluez-vous vos entretiens avec ces interlocuteurs ? Donnent-ils une image de la situation en Egypte ?
— Evidemment, les positions sont très divergentes. Mais ce premier contact avec toutes les parties nous permet d’espérer que les choses pourront évoluer dans le bon sens. Nous allons soumettre un rapport au président de l’OIF Abdou Diouf, qui va à son tour informer les Etats et gouvernements membres.
— Quelle est la position de l’OIF vis-à-vis de la situation en Egypte ?
— L’OIF est préoccupée par la situation en Egypte et a dépêché une mission que je préside. La politique de la Francophonie n’est pas de prendre des décisions définitives dans la précipitation. Il lui faut envoyer des émissaires sur le terrain pour discuter avec toutes les parties, afin de permettre au secrétaire général et aux instances de l’organisation de prendre la meilleure décision. Donc, la décision définitive reviendra à l’OIF après la fin de notre mission.
— Vos interlocuteurs officiels ont dû insister sur le fait que la destitution du président Mohamad Morsi est le résultat d’une révolte populaire. Qu’en dites-vous ?
— Bien sûr. Ils nous ont fait part de la situation sur le terrain. Ils considèrent que c’est une révolution populaire. Nous en avons pris bonne note.
— Que pensez-vous de la suspension de l’Egypte de la part de l’Union africaine malgré son histoire dans la lutte anticoloniale du continent ?
— Précisons d’abord que je suis ici dans le cadre d’une mission de la Francophonie. Cela dit, vous devez savoir que l’Union Africaine (UA) a des principes qui ne sont pas uniquement appliqués à l’Egypte. La Côte d’Ivoire avait été suspendue elle aussi par l’UA dans le passé. La suspension est un mécanisme automatique de l’UA dans le cas d’une rupture de l’ordre constitutionnel.
— Votre mission prouve que l’Egypte est bien ancrée dans la Francophonie …
— Pour nous, l’Egypte fait partie de la famille francophone. L’un des grands dirigeants de la Francophonie a été un Egyptien, Boutros Boutros-Ghali. Nous sommes donc venus par solidarité.
—pensez-vous du rôle de l’Afrique au sein de la Francophonie ?
— L’Afrique francophone joue un rôle important et dynamique, la preuve étant que la 39e session de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie s’est tenue en Côte d’Ivoire, à Abidjan, il y a seulement quelques semaines. L’année prochaine, le sommet de la Francophonie se tiendra au mois de novembre à Dakar. Cela montre bien que l’Afrique demeure dynamique dans la famille francophone.
— D’après vous, comment la Francophonie peut-elle soutenir l’Egypte dans cette phase de transition ?
—a montré son soutien à tout le peuple égyptien. Elle a l’intention de suivre de près l’évolution de la situation en Egypte. Elle appelle toutes les parties au calme, à la retenue, au dialogue et à la paix. Enfin, le peuple égyptien est maître de sa destinée .
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