Al-Ahram Hebdo : Comment vous sentez-vous en retournant à votre domicile ? Et comment étaient votre voyage et les 14 jours de quarantaine ?
Farida Osman : Je suis très heureuse de retourner chez moi, ma famille m’a beaucoup manqué, surtout après une période très difficile que j’ai vécue à cause de l’épidémie du Covid-19. Le voyage de retour était un peu long. Après la décision du Comité International Olympique (CIO) de décaler les Jeux Olympiques (JO) de Tokyo pour une année et la propagation du Covid-19 aux Etats-Unis, j’ai décidé de retourner en Egypte, surtout après la fermeture de la piscine où je m’entraînais. Ainsi, j’ai contacté ma famille, le président de la Fédération égyptienne de natation, Yasser Idriss, le ministre de la Jeunesse et du Sport, Dr Achraf Sobhi, et l’ambassade d’Egypte aux Etats-Unis. Ils ont facilité notre retour, mes coéquipiers et moi, en Egypte. Je les remercie et le gouvernement égyptien qui a fait tous ces efforts pour nous ramener en Egypte. Après l’atterrissage de l’avion, nous nous sommes dirigés vers un hôtel sur la mer dans la ville touristique de Marsa Alam, pour passer les 14 jours de la quarantaine, aux frais du fonds Tahia Masr (vive l’Egypte). Les responsables ont été très professionnels et ils ont répondu à toutes nos demandes. Notre séjour à la quarantaine était agréable. En fait, j’ai bénéficié d’un repos obligatoire après des années pleines d’activités.
— Durant votre quarantaine, vous avez dit que vous feriez un don au fonds Vive l’Egypte …
— J’ai fait un don d’une somme d’argent qui équivaut aux frais de mes 14 jours de quarantaine au fonds Vive l’Egypte, car il existe des gens qui méritent plus que moi. De plus, c’est mon devoir envers mon pays durant l’épidémie du Covid-19. L’Egypte a fait un grand effort pour me ramener des Etats-Unis, je suis très fière d’être Egyptienne.
— Comment était votre entraînement aux Etats-Unis ?
— J’avais un programme de préparation pour réaliser mon but qui est la qualification pour les JO de Tokyo. Il faut préciser que je me trouvais aux Etats-Unis depuis 2013 lorsque j’ai commencé mes études à l’Université de Berkeley en Californie (Cal) qui m’a offert une bourse. J’ai choisi cette université en raison de sa bonne réputation au niveau de la natation et des études. De plus, je connais bien l’entraîneuse de l’équipe dames de l’université, Teri Mckeever, qui m’a conduite ensuite à réaliser plusieurs exploits, dont la médaille de bronze aux Mondiaux 2017, c’était la première médaille égyptienne aux Mondiaux de natation. Après avoir terminé mes études, j’ai continué à m’entraîner avec elle. En novembre 2018, j’ai quitté Cal et j’ai intégré Virginia Tech pour m’entraîner sous la houlette de Sergio Lopez.
— Changement d’entraîneur et de résidence, comment avez-vous vécu cela ?
— En fait, cette décision était très difficile pour moi. En Californie, j’avais une vie sociale, j’avais beaucoup d’amis et j’ai de beaux souvenirs avec mes coéquipiers et mes collègues, surtout mon entraîneuse. Mais il était temps pour moi de changer d’entraîneur pour améliorer mon niveau. De plus, j’ai commencé à avoir une vie sociale en Virginie avec mes coéquipiers, puisque nous étions résidents dans le même établissement.
— Avez-vous réalisé des progrès avec le nouvel entraîneur ?
— J’ai réalisé de bonnes performances avec lui dans les tournois disputés aux Etats-Unis, dont le Pro Swim Series (PSS) et j’ai remporté pour la 2e fois consécutive la médaille de bronze sur 50 m papillon aux Mondiaux 2019, ce qui montre que je suis sur la bonne voie. J’ai beaucoup progressé en m’entraînant avec les meilleurs nageurs du monde comme Joseph Schooling (Singapour), champion olympique des 100 m papillon, Camile Chang (Hong Kong) et Anton Mckee (Islande). En fait, durant la dernière période de préparation, je me suis concentrée sur les épreuves des 50 m et des 100 m libre et les 100 m papillon, qui sont les épreuves olympiques, afin de réaliser le temps qualificatif pour les JO de Tokyo. Durant ces derniers mois, j’étais sur le point de réaliser ce but, mais les activités sportives ont été suspendues aux Etats-Unis.
— Quelle est votre réaction au report d’un an des JO de Tokyo ?
— Au début, j’étais très fâchée contre cette nouvelle, car je m’étais bien préparée et j’ai fait beaucoup d’efforts pour arriver à ce niveau. Mais après un peu de réflexion, j’ai trouvé que je pourrais bénéficier de ce report. Une autre année de préparation me permettra d’améliorer davantage mon niveau. Ainsi, je vais profiter de ce report au maximum et ne pas perdre de temps.
— Comment vous entraînez-vous avec la suspension des activités sportives ? Et que pensez-vous de l’avenir ?
— J’ai une piscine à la maison, donc je m’entraîne tous les jours suivant le programme de préparation établi par mon entraîneur Sergio. Mais pour l’avenir, je ne peux pas faire de pronostics. Je continue ma préparation chez moi en Egypte et je travaille jour après jour. J’espère que la situation s’améliorera et que je continuerai ma préparation pour les JO, qui auront lieu du 23 juillet au 8 août 2021 .
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