« Le but de notre mission de contact et d’information n’était pas de trancher le débat sur une possible suspension, mais d’écouter toutes les parties égyptiennes », c’est ce qu’a indiqué Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et chef de la mission d’information et de contacts de l’OIF en Egypte. Soro, qui s’est dit vendredi lors d’un point de presse «
très préoccupé » et a fait part de «
l’inquiétude » de l’organisation concernant en particulier les droits de l’homme et les libertés en Egypte, a indiqué que la mission rendra un rapport à l’OIF, afin qu’elle puisse «
prendre la meilleure décision »
.
Pour accomplir sa mission, la délégation s’est entretenue durant quatre jours successifs avec plusieurs personnalités officielles et sociales. La série des rencontres a débuté mardi dernier au palais présidentiel avec le président intérimaire Adly Mansour, le vice-président par intérim chargé des relations internationales, Mohamed ElBaradei, Mohamad Al-Mahdi, le tout nouveau ministre de la Justice et de la Réconciliation nationale du gouvernement intérimaire, et Nabil Fahmi, ministre des Affaires étrangères. Les contours diplomatiques de cette crise, les moyens d’y trouver une solution démocratique et la situation des droits de l’homme dans le pays ont été les grands sujets discutés.
Soro et la délégation qui l’accompagne se sont de même entretenus avec le général Abdel-Fattah Al-Sissi, vice-premier ministre en charge de la Défense. Le militaire, qui est également chef d’état-major général des Forces armées égyptiennes, a abordé avec les émissaires de la Francophonie toutes les questions relatives à la situation sécuritaire en Egypte ou encore les conditions dans lesquelles l’institution militaire a été amenée à s’impliquer dans le jeu politique.
L’équipe de Soro est allée à la rencontre du regroupement des islamistes pro-Morsi qui manifestent depuis la destitution de ce dernier le 3 juillet, réclamant son retour au pouvoir. La rencontre a eu lieu à la mosquée de Rabea Al-Adawiya, dans le quartier de Madinet Nasr au Caire, où les Frères musulmans ont installé leur quartier général depuis quelques semaines. Guillaume Soro a pu échanger avec plusieurs porte-parole des Frères musulmans, dont notamment Tamer Mekky, l’un des principaux dirigeants du parti Al-Assala et Mohamad Al-Beltagui, figure célèbre du mouvement islamiste et secrétaire général du Parti Liberté et justice, le parti de Morsi.
Les échanges ont duré plusieurs heures et ont permis à la délégation de Soro d’entendre le point de vue des partisans de Morsi.
L’enjeu de la position du groupe francophone, au sein duquel les pays africains sont nombreux, d’autant plus important pour l’Egypte qu’elle a été rapidement suspendue de l’Union Africaine (UA) après la chute de Morsi. Toute suspension d’un pays pour « rupture de l’ordre constitutionnel » relève de l’Assemblée générale de l’organisation francophone, qui compte 77 pays et gouvernements et dont l’Egypte est membre depuis 1983.
Le Caire a vivement protesté contre la décision de l’UA, et a lancé une campagne diplomatique en Afrique pour retrouver sa place dans cette organisation.
Si elle était suspendue de l’OIF, l’Egypte rejoindrait quatre autres pays dans cette situation : Madagascar, le Mali, la Guinée-Bissau et la République centrafricaine .
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