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La main invisible de Washington ?

Chaïmaa Abdel-Hamid, Dimanche, 21 juillet 2013

Depuis le 25 janvier 2011, des rumeurs affirment que les Etats-Unis tirent les ficelles de la période post-révolutionnaire. Ils auraient ainsi permis les beaux jours des islamistes en Egypte.

Sami Anan, « l’envoyé spécial des Américains »

« Anan est l’homme du Pentagone en Egypte ». La rumeur n’a jamais lâché le chef d’état-major de l’armée égyptienne Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire au Pentagone et qui, avec le déclenchement de la révolution du 25 janvier 2011, est rentré d’urgence au Caire. « Il est rentré pour s’emparer du pouvoir », entendait-on. Ce militaire était à la fois proche des Américains et des Frères musulmans. A Washington comme à Tel-Aviv, il est jugé pragmatique et structuré. C’est que les contacts s’étaient multipliés à travers Sami Anan entre les responsables des deux pays pour trouver une solution à la situation critique en Egypte. Des rumeurs sont même venues de Washington le lendemain de la révolution, et selon lesquelles l’administration et l’armée américaines apportaient des conseils au général sur la manière de gérer la situation interne. Les Egyptiens se rappelaient la visite de Moubarak aux Etats-Unis en 1981, juste avant l’assassinat de Sadate ... Lorsque le général Anan est rentré, plusieurs l’ont même considéré comme un candidat possible à la présidence de la République, avec l’approbation américaine.

Des « pressions américaines » sur le Conseil militaire

Le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) au pouvoir suite à la chute de Moubarak n’a pas manqué de subir les pressions des Américains exigeant un rapide transfert du pouvoir à un président civil. Des pressions qui se sont traduites par le désir des Etats-Unis à pousser les dirigeants du Conseil militaire vers des élections présidentielles pour aider les Frères musulmans à remporter le pouvoir. Ces derniers étaient considérés par les Américains comme capables de protéger leurs intérêts ainsi que la sécurité d’Israël.

Les Américains « ont amené les Frères musulmans au pouvoir »

A l’approche des élections présidentielles égyptiennes, les Frères musulmans ont envoyé une délégation d’une trentaine de leurs cadres aux Etats-Unis et se sont montrés disposés à sauver la révolution égyptienne qui allait être, selon eux, volée par les militaires. Ils ont insisté sur leurs intentions de protéger les intérêts des Etats-Unis ainsi que la sécurité d’Israël. Une visite perçue comme une carte blanche donnée par les Américains aux Frères musulmans. Les rumeurs ont été appuyées par l’arrivée de l’ambassadrice américaine Anne Patterson qui serait « l’ingénieur de l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir ». Celle-ci se retrouve accusée de vouloir appliquer le modèle pakistanais en Egypte afin de poursuivre son plan du « Grand Moyen-Orient ».

Les Américains sont « derrière la chute des Frères »

Certains partisans de Morsi qualifient son renversement de « coup monté par l’axe Riyad/Etats-Unis » visant à supprimer les Frères au profit des salafistes dans l’objectif d’ouvrir la voie aux prochaines étapes de leur projet pour le Moyen-Orient. D’ailleurs, le porte-parole de la confrérie vient aussi d’accuser dans un communiqué les Américains d’avoir mené à la chute de Mohamad Morsi car ce dernier « avait refusé d’accepter leurs pressions comme le faisait Moubarak pour faire de l’Egypte un pays soumis et faible face à Israël ».

Les salafistes « en accord » avec les Américains

C’est à la suite d’une visite effectuée en mai dernier par une délégation du parti salafiste Al-Nour aux Etats-Unis, lors d’une tournée composée de rencontres avec des responsables américains et des représentants de la communauté égyptienne, que les yeux se sont tournés vers ces deux camps : Américains et salafistes. Al-Nour a bien souligné que sa visite avait pour but d’informer les autorités américaines sur sa vision politique, et de changer l’image de « la prédication salafiste ».

Aujourd’hui, il est dit que les Américains veulent considérer les salafistes comme une alternative aux Frères musulmans dont les Etats-Unis viennent de perdre le pari. Al-Nour a en effet fait exception dans le paysage islamiste en prenant fait et cause pour la destitution de Morsi.

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