La transition démocratique n’est pas un mécanisme sourd employé pour servir les intérêts d’une faction ou d’une autre, ou reproduire une emprise, un despotisme politique ou religieux contre lequel les citoyens s’étaient révoltés. La transition démocratique est un processus complexe visant, par le biais de l’action des citoyens, quelles que soit leurs différences, à faire passer le pays d’un état à un autre. D’un état de despotisme où manque l’égalité à un état démocratique dominé par l’égalité totale. Ainsi, la phase transitoire entre les deux états est une phase où de nombreux processus enchevêtrés doivent être accomplis entre réformes et changements radicaux. Et cela à condition qu’il existe un partenariat entre toutes les tendances politiques, intellectuelles et culturelles, afin de garantir une transition sans crise, ni tumultes. Parmi les caractéristiques de la phase transitoire, il y a l’acceptation d’un dialogue ouvert entre toutes les parties en différend pour parvenir à l’entente. Surtout après l’ouverture du terrain politique avec la chute du pouvoir monopolisant et celle du domaine politique et civil face aux Egyptiens. L’objectif est donc de réaliser une entente autour des aspects de la nouvelle Egypte qui appartient à tous les Egyptiens. Ainsi qu’une entente sur les moyens de concrétiser les changements qui se produisent à travers des textes qui les légalisent et les organisent. De même, quand un processus électoral a été engagé, il a été considéré comme l’unique moyen de mettre fin à l’Etat d’instabilité et d’accélérer la voie du changement.
Or, ce qui s’est passé pendant la seconde phase transitoire depuis l’annonce des résultats de l’élection présidentielle jusqu’à la déclaration constitutionnelle de novembre dernier indique que l’Egypte a une nouvelle fois plongé dans un état de despotisme, mais cette fois-ci de caractère religieux. C’est ainsi que toutes les protestations pendant une année, évaluées à des milliers, ont été considérées comme anti-révolutionnaires. C’est alors que la légitimité a été justifiée par les urnes, tandis que la mouvance populaire, qui constitue une anti-légitimité et non une anti-révolution, a été négligée. Il est important de prendre en considération que l’expérience historique des pays qui ont connu les mêmes faits prouve qu’il est naturel que les forces révolutionnaires se divisent après s’être unies face à l’ancien régime. Et aussi qu’elles se révoltent contre le nouveau pouvoir s’il avance dans un sens différent de celui visé par les révolutionnaires. C’est ce qui s’est passé le 30 juin 2013, surtout que le pouvoir était en discorde avec les forces politiques, les institutions de l’Etat moderne et la majorité des Egyptiens. C’est ainsi qu’il semblait que le pouvoir recueillait seul les fruits du changement, sans les partenaires de la révolution. Alors que cela semble être contradictoire avec la logique de la phase transitoire durant laquelle le partenariat doit se poursuivre jusqu’à la réalisation totale de la transition démocratique. Celle-ci a rencontré un écueil et il s’est avéré que les places du pays étaient encore capables d’attirer des millions de citoyens dans l’objectif de corriger la voie du transfert démocratique. Une phase transitoire sûre signifie qu’il faut sauvegarder le partenariat, même si une partie ou une autre remporte les élections, car selon sa définition, la phase transitoire signifie parvenir à une entente sur les caractéristiques de l’Etat démocratique auquel aspirent les foules révolutionnaires et qui doit être l’objectif des partenaires s’engageant ensemble dans la démocratie.
Aujourd’hui commence une nouvelle phase transitoire, et pour réaliser une transition démocratique, il faut tirer les leçons des 30 derniers mois, et surtout réaliser la conciliation et l’entente.
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