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Edito: Un gouvernement mais pas de consensus

Dimanche, 21 juillet 2013

Après de multiples tractations, le premier gouvernement intérimaire de l’après-Morsi a enfin vu le jour. Le gouvernement, constitué de trente ministres, a la lourde tâche de redresser un pays en proie à l’insécurité et dont l’économie est au bord du gouffre. Deux considérations attirent immédiatement l’attention en ce qui a trait à la composition de ce gouvernement : l’absence totale des islamistes et la présence massive des libéraux et des technocrates. Plusieurs grandes figures de l’opposition laïque et libérale se trouvent, en effet, dans ce gouvernement, à l’instar de Mohamed ElBaradei, ancien président de l’Agence internationale de l’énergie atomique, président du parti Al-Dostour.

Les islamistes (Frères musulmans et salafistes) ont décliné pour des raisons différentes les offres de participation à ce gouvernement intérimaire. Pour les Frères, toute participation à ce gouvernement revenait à cautionner le « coup d’Etat » du 30 juin. Or, pour la confrérie, cela était hors de question. Les salafistes, qui ont depuis le début soutenu le renversement de Mohamad Morsi, préfèrent, eux, adopter une stratégie attentiste. Pensant pouvoir profiter de la chute des Frères, le parti Al-Nour ne veut pas cautionner les décisions de l’armée, ni celles des nouvelles autorités intérimaires, ce qui lui ferait perdre une partie de son électorat islamiste. Les salafistes savent que la participation à ce gouvernement intérimaire post-Morsi est une mission à haut risque et qu’ils ont tout à y perdre. Ils préfèrent se réserver pour les prochaines échéances électorales.

L’absence du courant islamiste, qui avait recueilli 65 % des voix aux législatives de 2012, traduit l’échec de la politique de réconciliation nationale engagée par les nouvelles autorités intérimaires, et confirme le climat d’extrême polarisation dans lequel est plongée l’Egypte. Cette polarisation menace désormais la stabilité du pays. L’absence de consensus va rendre extrêmement compliquée la tâche de ce gouvernement, appelé à prendre des décisions cruciales pour redresser l’économie (suppression des subventions, augmentation des taxes, etc.). En ayant recours aux technocrates, les nouvelles autorités intérimaires ont essayé d’atténuer les effets de cette polarisation. Le problème est que les maux de l’Egypte ne sont pas seulement d’ordre technique, ils se trouvent aussi sur le terrain politique. En cette période critique de son histoire, l’Egypte a plus que jamais besoin de consensus. Si Morsi a échoué, c’est en partie parce qu’il n’a pas réussi à bâtir le consensus nécessaire dans une période aussi critique de l’histoire de l’Egypte.

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