« Faire taire les armes », tel était le thème principal du sommet annuel de l’Union Africaine (UA) tenu dimanche 9 et lundi 10 février à Addis-Abeba en Ethiopie. Avec le constat amer de la multiplication des conflits sur le continent, surtout en Libye et au Soudan du Sud, et après plusieurs sommets lors desquels les réformes de l’UA — notamment son financement — et la mise en place de mesures telles que la Zone de libre-échange continentale (Zlec) ont occupé le devant de la scène, les débats se sont concentrés sur les conflits africains, le terrorisme, les conflits intercommunautaires ainsi que les crises pré et post-électorales. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, qui a évoqué la variété des problématiques auxquelles l’Afrique doit faire face, a rappelé que si l’UA a récemment permis de faire avancer la paix en Centrafrique et au Soudan, de nombreux conflits persistent, Libye et Soudan du Sud en tête, tandis que d’autres sont nés, notamment au Mozambique et au Cameroun.
Essayant de reprendre la main dans le dossier libyen, l’UA a consacré une importante partie des rencontres des chefs d’Etat et de gouvernement africains pour cette affaire gérée principalement par l’Onu. Le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, présent à Addis-Abeba, et qui avait dit comprendre la « frustration » de l’UA, jusqu’à présent « mise à l’écart » dans le dossier libyen, entend bien soutenir l’organisation continentale dans son offensive. « Nous avons établi ensemble un nouveau cadre de partenariat entre l’UA et les Nations-Unies pour une coordination étroite de nos efforts communs », a annoncé dimanche le chef de l’Onu, précisant qu’il partageait les frustrations qu’éprouve l’UA face à la situation qui règne en Libye depuis 2011 en insistant sur la mise d’un terme au conflit libyen et en soulignant l’incidence majeure de la crise libyenne sur le Sahel et au-delà. Les rangs africains se sont donc resserrés autour de l’initiative d’un forum de réconciliation proposée fin janvier lors d’un sommet organisé par le comité de l’UA sur la Libye.
Plus généralement, l’UA a affiché sa volonté d’occuper un rôle plus important dans la résolution des conflits du continent et de cesser de laisser la main aux puissances et organisations extérieures. Ainsi, la crise au Soudan du Sud est aussi l’un des sujets brûlants abordé. Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, qui a succédé dimanche 9 février au président Abdel-Fattah Al-Sissi, prenant pour un an la tête de l’UA, a rencontré séparément, à la veille du sommet, dans la foulée de la médiation assurée par le vice-président sud-africain David Mabuza, le président sud-soudanais Salva Kiir et le chef rebelle Riek Machar, afin de donner un nouvel élan au dialogue. Car si Kiir et Machar ont signé en septembre 2018 un accord de paix, la formation d’un gouvernement d’union nationale a été reportée à plusieurs reprises et aucun accord ne semble en vue alors qu’approche une nouvelle date butoir, le 22 février.
La cause palestinienne, une priorité africaine
Outre ces questions, ce sommet était une occasion pour le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, de faire un tour d’horizon sur l’actualité politique dans le monde et en Afrique durant l’année 2019, et de définir les défis à relever pour l’année 2020 tout en mettant en exergue la cause palestinienne et sa réaction envers le deal du siècle. « L’année 2019, qui vient de s’achever, n’a pas été de pleine paix dans le monde. Celle qui s’ouvre n’annonce pas non plus que nous sommes au bout de nos peines. Elle nous appelle à la nécessité d’une constante mobilisation de toutes les énergies pour relever les défis ardus. Les tensions autour de la mer Rouge à la Corne de l’Afrique avec le cas de la Palestine nous interpellent », a-t-il dit. Pour lui, le plan américano-israélien, qualifié de « deal du siècle », conçu et élaboré en dehors de toutes concertations internationales, et pis encore, en l’absence des principaux concernés, les Palestiniens, est une énième violation des multiples résolutions des Nations-Unies et de l’UA et un mépris supplémentaire des droits de vie du peuple palestinien. « Il faut craindre que ce plan, censé résoudre les problèmes israélo-palestiniens, ne contribue au contraire à aggraver la tension dans la région et bien au-delà », a-t-il fait savoir. La question palestinienne reste ainsi au coeur des préoccupations africaines.
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