Al-Ahram-Hebdo : Vous avez remporté une médaille d’or lors de la Coupe du monde de France. Que représente pour vous cet exploit ?
Mohamad Hamza : C’était pour moi un vrai accomplissement de devancer des fleurettistes de très haut niveau, comme ceux de France, d’Angleterre et d’Allemagne qui étaient des adversaires très féroces. Je tenais à terminer cette coupe sur une victoire car il s’agit de ma première compétition cette saison. Je suis le premier escrimeur égyptien à me hisser à la première place du classement mondial junior en 2019, et cette victoire me permettra de me maintenir en tête du classement mondial. Cela m’a aussi donné l’envie de travailler encore plus afin de revivre une expérience comme celles des Jeux Olympiques (JO) de Tokyo et remonter sur le podium pour mon pays. J’ai aussi réalisé au travers de ce succès que j’ai du potentiel et que je pourrai aller plus loin.
— Pouvez-vous donner un aperçu de votre parcours lors de la Coupe du monde de France ?
— Dans les premiers tours, j’ai gagné facilement tous les matchs. Mais à partir des 16es de finale, la compétition est devenue trop serrée, car j’ai affronté des fleurettistes très forts. En 16es de finale, j’ai battu l’Américain Kenji Bravo sur le score de 15 à 11. En 8es de finale, j’ai vaincu le Russe Kirill Boradachev sur le score de 15 à 10. En demi-finales, j’ai joué un match très difficile contre le Français Armand Spichiger et j’ai gagné sur le score de 15 à 10. En finale, j’ai réalisé mon plus grand exploit en battant le vice-champion du monde junior en 2019, le Français Rafaël Savin, sur le score de 15 à 6. A la suite de ce match, la presse française a publié un article sur ma victoire et mon talent en soulignant qu’il s’agit d’un triomphe pour un fleurettiste égyptien et qu’on risque fort d’entendre parler de moi dans un futur proche chez les seniors.
— Comment avez-vous atteint ce niveau ?
— Je suis à ce niveau aujourd’hui car je prends ce sport au sérieux depuis mon enfance. Je m’entraîne dans une académie américaine pour la formation des escrimeurs appartenant à mon père. J’ai commencé à m’entraîner dès l’âge de 4 ans, alors que je résidais aux Etats-Unis où je suis né. Mon père était un ancien champion de fleuret. Il m’a transmis sa passion pour ce sport. Il a été entraîneur de la sélection américaine pendant deux ans avant de créer sa propre académie. Je dois à mon père l’expérience que j’ai acquise pendant ma jeunesse. Il m’a transmis toute son expérience d’ancien escrimeur et toutes les techniques de jeu en tant qu’entraîneur. En outre, mon entraînement au sein de l’académie de mon père m’a permis de suivre de près des stars de l’escrime. J’ai participé à de nombreux tournois aux Etats-Unis et j’enchaîne de très belles saisons depuis mes 12 ans. J’ai aussi décidé de reporter d’une année mes études universitaires d’ingénierie aux Etats-Unis, pour me consacrer entièrement à l’entraînement et pouvoir relever les défis de la saison 2020 dont les plus importants sont les JO de Tokyo 2020.
— Pouvez-vous nous parler de la qualification olympique de Tokyo 2020 ?
— La saison de qualification olympique a commencé en mars 2019 et continuera jusqu’en avril prochain. J’ai réalisé un très bon début de saison 2019 en remportant le titre de champion d’Afrique au Mali. En 2020, j’ai une saison surchargée pour finaliser mes étapes de qualification. Et ça commence bien avec la première place à la Coupe du monde de France. Je participerai à plusieurs Coupes du monde en Russie et en Allemagne. Participer aux JO de Tokyo représente pour moi un vrai challenge. J’ai déjà participé aux JO de Rio 2016, mais j’étais trop jeune. Désormais, j’ai acquis plus d’expérience, et amélioré ma technique de jeu.
—Quels sont vos rêves pour l’avenir ?
— Mon rêve est de rééditer l’exploit du champion olympique Alaa Aboul Qassem aux JO de Londres 2012. Je suis déterminé à fouler un jour le podium olympique. Et pour ce faire, je travaillerai sérieusement pour atteindre un niveau qui me permettra de rivaliser avec les grands champions de la discipline, surtout que l’escrime est un sport de combat qui exige non seulement des compétences physiques comme la souplesse et la rapidité, mais aussi des compétences intellectuelles telles que la maîtrise de soi et la créativité. Par exemple, lors d’un assaut, le fleurettiste doit posséder des qualités d’anticipation et la capacité de mettre en place une tactique de défense très rapide.
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