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Le Tamarrod libyen cherche son élan

Maha Salem avec agences, Mardi, 16 juillet 2013

La mauvaise gestion des autorités et les combats meurtriers entre différents clans et tribus poussent les jeunes Libyens à lancer le mouvement Tamarrod (rébellion) égyptien dans leur pays.

Suivant les pas de l’Egypte, des appels à la « rébellion » en Libye font craindre la contagion, poussant les deux partis rivaux dominant l’Assemblée nationale à reléguer au second plan leur rôle législatif pour ne pas être la cible des protestataires. Plusieurs pages Facebook ont été créées, telles que le « Mouvement refus » qui comptait lundi dernier plus de 9 000 membres, ou « Mouvement Tamarrod de la nouvelle Libye pour faire tomber les partis » avec 5 600 membres. Ces groupes réclament notamment la dissolution des partis et des milices armées. Ils tentent d’imiter le mouvement Tamarrod (rébellion) en Egypte qui a abouti à la destitution du président Mohamad Morsi.

Les militants de ces groupes estiment que la lutte pour le pouvoir entre les deux partis rivaux, l’Alliance des Forces Nationales (AFN, libérale) et le Parti pour la Justice et la Construction (PJC), bras politique des Frères musulmans en Libye, paralyse les travaux de l’Assemblée nationale et retarde la rédaction d’une Constitution. L’AFN et le PJC s’accusent mutuellement de s’appuyer sur des milices pour s’accaparer le pouvoir. Le Congrès Général National (CGN), la plus haute autorité du pays, issu des élections du 7 juillet 2012, a pour mission de conduire le pays, en 18 mois, à des élections générales après la rédaction d’une Constitution établissant la nature du régime politique.

Pour calmer les protestataires, l’AFN, qui a remporté les élections avec 39 sièges sur 200, mais a échoué à décrocher les postes-clés du pouvoir, a annoncé qu’elle suspendait partiellement sa participation au CGN. Les libéraux l’ont qualifiée de « mise en scène politique dirigée par le pouvoir des armes et non par la volonté de l’électeur ». Ils ont notamment dénoncé l’adoption d’une loi controversée sur l’exclusion politique des anciens collaborateurs du régime de Mouammar Kadhafi, votée sous la pression de milices armées islamistes, conçue selon eux pour exclure leur chef, Mahmoud Jibril, ancien cadre du régime déchu. L’ancien président du Parlement, Mohammed El-Megarif, a démissionné après l’adoption de cette loi. Les critiques estiment que cette loi a une portée trop large, puisqu’elle exclut également certains leaders de l’opposition contre Kadhafi, dont El-Megarif. Certains jugent également que la loi prive la Libye de personnes ayant l’expertise et l’expérience de la gestion gouvernementale.

Soutenant le mouvement de « rébellion », Taoufik Al-Chehibi, président du bloc de l’AFN au Congrès, a expliqué que l’Alliance réclamait essentiellement une « feuille de route » pour mettre fin à la période de transition. « Le CGN a perdu du temps à discuter des questions secondaires, délaissant les questions essentielles », a déclaré Al-Chehibi.

Tentant de satisfaire les protestataires, le PJC a annoncé se démarquer de l’action de ses députés au sein du CGN et de ses ministres dans le gouvernement. En plus, le parti islamiste a annoncé le gel de son activité au Congrès. « Toutefois, les membres du parti au Congrès vont continuer à travailler de manière individuelle, indépendamment du parti et en dehors de son programme », indique le communiqué obtenu par l’AFP. Le chef du PJC, Mohamed Sawan, a déclaré à l’AFP que cette initiative s’inscrivait dans le cadre de la « décrispation de l’atmosphère politique », pour éviter des répercussions en Libye de la situation en Egypte. A cet égard, le PJC a appelé dans son communiqué le CGN à examiner de manière positive toute initiative, y compris la soumission de la loi sur l’exclusion politique à un référendum. « L’opinion publique estime que ce sont les partis politiques qui sont à l’origine de la confusion en Libye », a souligné M. Sawan.

Pour faire pression sur les autorités libyennes, des représentants de dizaines de tribus se sont réunis samedi dernier au sud de Tripoli. Ils ont appelé à geler les travaux du CGN et le gouvernement intérimaire et à créer un gouvernement restreint composé de cinq ministres pour gérer la crise.

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