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Mohamad Abdel-Moneim Marzouq : Les complications des chirurgies de l'obésité sont très minimes

Chérif Albert, Mardi, 19 novembre 2019

L'obésité sévère est à l'origine d'innombrables maux : hypertension, diabète et problèmes cardiaques. Pour y faire face, de plus en plus de personnes envisagent une solution opératoire. Dr Mohamad Abdel -Moneim Marzouq, professeur des chirurgies de l’obésité à l’Université d'Aïn-Chams, explique les tenants et les aboutissants de cette intervention.

Mohamad Abdel-Moneim Marzouq

Al-Ahram Hebdo : Quelles sont les tech­niques actuellement utilisées par les chirurgiens de l’obésité ?

Mohamad Marzouq : La tech­nique la plus pratiquée est la gastrectomie ou la sleeve qui consiste à réduire la taille de l’es­tomac, et le bypass gastrique qui consiste à court-circuiter une par­tie de l’intestin grêle.

— Depuis combien de temps pratiquez-vous cette chirur­gie ?

— J’ai fait les premières inter­ventions en 2004, mais ces chirur­gies sont pratiquées en Egypte depuis les années 1990.

— Et qu’est-ce qui a changé depuis au niveau des modes opé­ratoires ?

— Le développement de la tech­nologie a fait évoluer le matériel, que ce soit au niveau des endos­copes, des moniteurs, etc. Mais d’un autre côté, ces années de pra­tique ont permis aux chirurgiens et aux équipes soignantes de se per­fectionner.

— Quels sont les taux de réus­site de la chirurgie de l’obésité et quels en sont les risques ?

— Si l’on parle des complica­tions d’ordre chirurgical, elles sont mineures et concernent moins de 1 % des cas. Les risques de com­plications augmentent de 2 à 5 % pour les personnes souffrant d’hé­mophilie ou de problèmes car­diaques ou respiratoires, et peu­vent atteindre entre 5 et 10 % si le patient n’en est pas à sa première chirurgie.

— Quelles devraient être les attentes du patient en termes de perte de poids ? Quand peut-on parler de réussite ?

— En général, on peut parler de réussite si la personne perd 60 % de son surpoids. Certains facteurs aident à se rapprocher du poids idéal. C’est notamment plus facile pour les hommes par rapport aux femmes et pour les jeunes par rap­port aux moins jeunes. La « réus­site » de l’opération dans le sens de la réduction du poids dépend autant du patient. Un bon compor­tement alimentaire est aussi un facteur décisif.

— Pourtant, cette opération est souvent envisagée comme la « solution facile » …

— Je tiens à expliquer aux patients qui viennent pour se faire opérer que la chirurgie n’est pas une solution magique. Elle vous permettra de manger moins, mais de votre côté, vous devrez faire des choix alimentaires sains.

— D’après quels critères un patient est encouragé ou décou­ragé quant à subir cette chirur­gie ?

— L’obésité est maladive lorsque l’Indice de Masse Corporel (IMC, le poids en kilogrammes divisé par le carré de la taille en mètres) est supérieur à 35. Actuellement, la tendance est d’opérer à partir d’un IMC supé­rieur à 32. Cela dit, chaque cas est évalué individuellement. Par exemple, une anesthésie locale est envisagée pour les candidats à l’opération dont l’état de santé ne tolère pas une anesthésie géné­rale …

— La chirurgie de l’obésité peut-elle être pratiquée à des fins esthétiques ?

Les complications des chirurgies de l
Le patient perd en moyenne 15 kg un an après l'opération. (Photo : AP)

— Non. C’est une chirurgie thé­rapeutique. Elle a pour objectif de guérir de l’obésité et des maladies que celle-ci entraîne, comme le taux élevé du cholestérol, l’hyper­tension, les maladies cardiovascu­laires, le diabète, notamment le diabète de type 2 dont elle permet une rémission totale. Pour les femmes en particulier, l’obésité a un impact négatif sur la fécondité, et souvent des patientes me sont envoyées par leur gynécologue.

— Qu’en est-il du suivi post-opératoire du patient ?

— Après l’opération, le patient est encouragé à suivre avec un diététicien. Une supplémentation en vitamines est obligatoire pen­dant un an après une sleeve, et à vie après un bypass. En tant que chirurgien, je demande à voir mes patients régulièrement pendant un an après l’opération et ils retour­nent me voir en cas de regain de poids ou d’amaigrissement.

— Un regain de poids est-il fréquent ?

— Trois ou quatre ans après l’opération, le patient regagnera entre 10 et 20 % du poids perdu à cause d’un élargissement de l’es­tomac. Ceci n’est pas un mal en soi, parce que le patient aura ainsi l’occasion de mieux se nourrir. L’essentiel c’est de choisir la qua­lité de la nourriture avec son diété­ticien.

— Dans quelle mesure l’ac­compagnement psychologique du patient est-il important ?

— Malheureusement, en Egypte, nous n’avons pas ce sys­tème d’encadrement. Cela dit, guérir de l’obésité est en soi un bienfait psychologique.

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