La Maison Blanche a déclaré, lundi, que ce n’était pas dans l’intérêt des Etats-Unis de changer immédiatement son programme d’aide à l’Egypte. «
Le gouvernement des Etats-Unis prendra le temps dont il a besoin pour déterminer d’étiqueter ou non le renversement du gouvernement par l’armée égyptienne comme un coup d’Etat, ce qui permettrait de déterminer si l’aide se poursuivrait, affirme son porte-parole Jay Carney. Nous ne croyons pas qu’il soit dans notre intérêt de prendre une décision précipitée ».
« Durant cette période de transition, nous appelons tous les Egyptiens à se rassembler au sein d’un processus inclusif qui permettra la participation de tous les groupes et partis politiques », ajoute la Maison Blanche.
Bien que la loi américaine exige l’annulation de toute aide militaire ou économique à un pays dont le gouvernement a été renversé par l’armée, dans le cas de l’Egypte, Washington a préféré temporiser.
Dans une réaction immédiate après le renversement de Mohamad Morsi la semaine dernière, le président Obama s’est dit « profondément inquiet » par la destitution du président Morsi, ajoutant que son gouvernement allait « examiner les implications légales concernant notre aide au gouvernement égyptien ». Une menace implicite destinée, selon les observateurs, à inciter les généraux égyptiens à donner rapidement des garanties démocratiques.
Mais à part quelques appels isolés de quelques élus à suspendre l’aide offerte à l’Egypte (1,3 milliard de dollars en 2013, qui couvriraient près de 80 % des achats annuels d’équipements par l’armée égyptienne), Barack Obama, ainsi que la plupart des responsables démocrates ou républicains du Congrès ont évité d’utiliser la qualification de « coup d’Etat ».
La position américaine a irrité les adversaires libéraux de Mohamad Morsi qui ont accusé Washington de soutenir la confrérie. Aujourd’hui, ce sont les islamistes qui accusent Washington d’être du côté des libéraux.
Certains vont même jusqu’à prétendre que les Etats-Unis ont eu un rôle dans le renversement de Morsi. « Nous sentons, avec grand regret, que la communauté internationale intervient pour soutenir ce coup d’Etat militaire, a déclaré Mohamad Al-Beltagui, un haut cadre de la confrérie. Cela entretient le sentiment de haine envers l’Amérique et les nations européennes qui soutiennent les régimes despotiques contre l’aspiration des peuples à la liberté », exprimant les attentes déçues des islamistes de voir l’Occident sanctionner le coup. Réagissant à ce débat qui, pour beaucoup d’Américains, apparaît hors contexte, Barack Obama a répété : « Etats-Unis ne sont alignés avec, et ne soutiennent aucun parti politique ni groupe égyptien particulier ».
Alignés, les Etats-Unis ne le sont évidemment que sur leurs propres intérêts qu’ils veulent protéger indépendamment de ceux aux commandes au Caire. L’ancien diplomate égyptien, Hussein Haridi, estime que Washington, pour des raisons qui concernent son allié israélien, n’avait pas intérêt sur le moyen et long termes à compter sur les Frères musulmans. « Les Israéliens sont conscients que les Frères musulmans dissimulent leurs vraies intentions et que leur politique conduira inéluctablement à la confrontation », estime-t-il.
Soha Samir, ministre adjoint des Affaires étrangères pour l’Amérique du Nord, pense que « les relations stratégiques entre l’Egypte et les Etats-Unis obligent les deux pays à rester en bons termes, quelle que soit l’administration en place au Caire ou à Washington ».
Pour la diplomate, les intérêts américains avec l’Egypte concernent notamment les droits de passage pour les navires de l’US Navy dans le Canal de Suez, le rôle de médiation que joue Le Caire entre le Fatah et le Hamas, ainsi qu’entre les Palestiniens et Israël, et la coopération dans la lutte contre le terrorisme.
Tout en estimant que l’éviction de Morsi est « très problématique » pour les Etats-Unis, Abdel-Raouf Al-Ridi, ancien ambassadeur d’Egypte à Washington, estime que « plus on avancera dans le processus démocratique plus la situation retournera à la normale ».
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