Al-Hhram Hebdo : Les récents accrochages entre le Hezbollah et Israël interviennent dans un contexte régional particulier: tensions avec l’Iran, élections israéliennes, complications de la situation au Yémen. Ce n’est certainement pas fortuit …
Jihad Al-Harazeen: Ces derniers temps, Israël veut envoyer un message clair à tous les pays de la région et au monde entier selon lequel il est le seul pays capable de faire face à l’Iran et à ses alliés régionaux, notamment en Syrie, en Iraq et au Liban. Et le Hezbollah est l’un d’eux. L’Etat hébreu veut lui rappeler qu’en cas d’embrasement, il n’aura pas le soutien des pays arabes ou autres. Israël veut aussi détourner l’attention de ses agissements dans les Territoires occupés. Enfin, sur le plan interne— et on est en période préélectorale—, c’est un message aux Israéliens que Netanyahu est maître de la situation et qu’il est le garant de leur sécurité. Netanyahu veut soudoyer les électeurs.
— Justement en ce timing précis, le premier ministre israélien peut-il aller plus loin avec le Hezbollah ou encore avec le Hamas ?
— Le premier ministre israélien veut simplement infliger de petites frappes sans entrer dans un conflit plus long, car il est conscient que toute confrontation prolongée avec l’un ou l’autre a un lourd prix dont il sera tenu pour responsable, ce qui peut lui coûter son avenir politique. Et ce n’est certainement pas ce qu’il cherche d’autant plus qu’il n’a pas de choix : ou remporter les prochaines législatives ou se retrouver en prison à cause des affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué.
— Et qu’en est-il du Hezbollah, peut-il opter pour l’escalade pour redorer son blason ?
— Non, je ne pense pas. Comme Israël, le Hezbollah ne veut pas que les choses dégénèrent, autrement le prix à payer sera cher. Il ne peut pas courir un tel risque. Un nouveau front dans la région à la frontière libano-israélienne, avec tout ce qui se passe dans les Territoires occupés, en Syrie, en Iraq, en Iran, aurait été trop risqué, d’autant plus qu’Israël a récemment aussi frappé en Iraq et en Syrie. C’est pour cela que la situation s’est vite calmée. En outre, le Hezbollah sait que de nombreuses parties libanaises ne le soutiendront pas s’il entre dans une nouvelle guerre. Car les différentes forces politiques ne veulent pas d’une paralysie au Liban.
— Le Hezbollah n’a-t-il pas perdu de ses capacités? N’est-il pas en manque de financement ou de soutien alors que son principal allié, l’Iran, est occupé par ses propres affaires ?
— Certainement, l’Iran est sérieusement affaibli à cause des sanctions qu’il subit depuis le retrait américain de l’accord sur le nucléaire. En plus du contrôle strict sur les transferts de capitaux qui a sûrement affecté les aides financières qu’il accordait à ses alliés régionaux. Cela dit, le Hezbollah reste puissant et détient d’importantes armes, mais il a opté pour la désescalade pour de nombreuses raisons.
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