Al-Ahram Hebdo : Pourquoi le dossier de la formation et de l’entraînement est actuellement une priorité pour le ministère du Tourisme ?
Soha Bahgat: L’entraînement de la main-d’oeuvre est au centre de la stratégie de développement de l’Etat tout entier. Au ministère du Tourisme aussi, on est conscient de l’importance du facteur humain dans le développement du secteur. C’est la colonne vertébrale du tourisme, qui est avant tout une industrie de services basée sur le contact direct avec les touristes. Cela dit, la nouvelle stratégie du ministère du Tourisme ne pourra toutefois être fructueuse qu’avec une bonne formation du personnel travaillant dans le tourisme. Les programmes de formation sont gelés depuis 2011 à cause des problèmes financiers qu’a affrontés le secteur. La majeure partie du personnel bien formé et expérimenté avait quitté le tourisme, soit pour d’autres métiers, soit pour aller travailler dans les pays du Golfe, et ce, en raison de la baisse des revenus, à cause de la chute du nombre de touristes. Or, la bonne formation des cadres touristiques actuels et celle d’une nouvelle génération capable de prendre la responsabilité est essentielle. La formation est la seule garantie pour la qualité des services et la satisfaction du touriste, qui reviendra sans doute plusieurs fois visiter l’Egypte s’il vit une bonne expérience.
— Qu’en est-il de la coopération avec le secteur privé en matière de formation des cadres touristiques ?
— Nous avons à présent mis en place une stratégie pour le perfectionnement du personnel en coopération avec l’Union des chambres de tourisme. Le ministère du Tourisme accorde l’aide technique et financière pour la mise en vigueur de cette stratégie ambitieuse qui vise à former près de 150 000 fonctionnaires du secteur du tourisme, soit le tiers de la capacité de travail du secteur qui compte à l’heure actuelle près de 450 000 personnes dont 225000 seulement travaillent dans le domaine de l’hôtellerie.
— Quels sont les axes de la stratégie de formation et d’entraînement du personnel du tourisme ?
— Le premier axe de la stratégie de formation des cadres touristiques est un plan rapide et urgent pour l’entraînement du personnel travaillant dans le secteur, notamment les stewards, les house-keepers et les chauffeurs. Mais on accorde beaucoup d’intérêt actuellement à l’entraînement sur le respect des normes hygiéniques et tout ce qui a rapport à la propreté des aliments et des boissons. Le second axe porte sur le fait de relier les diplômés et les bacheliers aux besoins du marché du travail touristique. Car les diplômés des écoles et des facultés de tourisme et d’hôtellerie sont actuellement d’un niveau faible, ce qui ne leur permet pas de travailler tout de suite après la fin des études et d’être en contact direct avec les touristes. Aussi, on coopère avec les ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur afin de développer la formation touristique et améliorer la compétence des diplômés, par des stages d’entraînement pratique sur le terrain. De la sorte, on pourra avoir un diplômé qualifié apte à entrer tout de suite sur le marché du travail. Quant au troisième axe de la stratégie, il se concentre sur un groupe de programmes qui permet à ceux qui n’ont pas étudié le tourisme et l’hôtellerie d’accéder à ce marché du travail, à l’issue de stages intensifs qualifiants.
— Qu’en est-il de la formation des cadres des agences de voyages et des tour-opérateurs ?
— L’Union des chambres du tourisme a adopté un plan pour entraînement et la formation des fonctionnaires des agences de voyages et des tour-opérateurs sous la supervision du ministère. Ce plan vise à les entraîner à l’évolution technologique importante dans le domaine du tourisme depuis la publicité, la promotion, la programmation d’un voyage jusqu’à la réservation d’un séjour, qui se font actuellement tous en ligne.
— Et les guides touristiques font-ils partie des programmes entraînement ?
— Certainement, les guides sont de véritables ambassadeurs auprès du touriste. Ils ont un contact direct avec eux tout le long de leur séjour. Ainsi, on a des programmes pour élever leurs compétences. Des stages de langues, en coopération avec le Centre touristique et culturel chinois, sont proposés aux guides de langue chinoise afin de perfectionner leur niveau, surtout avec la hausse considérable des touristes chinois en Egypte. Nous avons aussi demandé au Conseil suprême des universités de faire des entretiens aux étudiants, avant leur admission dans le département de guide, afin de s’assurer de leurs capacités, de leur bon comportement, garanties d’une bonne interaction avec le touriste. On a aussi des programmes de formation spécialisés pour les guides touristiques.
— Que voulez-vous dire par des programmes spécialisés pour les guides ?
— On a, par exemple, un programme pour former des guides écologiques en coopération avec le ministère de l’Environnement. L’écotourisme est un phénomène en croissance dans le monde entier. Ainsi, on a réalisé le besoin d’avoir des guides qui connaissent bien les constituants du patrimoine et des ressources naturelles des destinations touristiques en Egypte. Pour la première fois, 33 guides ont pris leur licence de guide écologique vers la fin de l’année dernière, et la deuxième promotion suit actuellement les stages. En outre, on a formé des guides à la langue des signes pour les touristes sourds-muets. On a maintenant 9 guides qui maîtrisent la langue des signes en anglais et en canadien. On compte former de plus en plus de guides pour les différentes langues des signes afin d’attirer une nouvelle tranche de touristes vers l’Egypte.
— Y a-t-il une coopération avec l’Organisation mondiale du tourisme en matière de formation touristique en Egypte ?
— Il y a actuellement un stage en cours, en coopération avec l’Organisation mondiale du tourisme, pour former des inspecteurs capables de vérifier la mise en vigueur des critères NN (Nouvelles Normes) appliqués dans tous les hôtels en Egypte. Le programme relatif à la réévaluation des hôtels établit des critères fermes en ce qui concerne les infrastructures, les équipements, le respect des normes écologiques et sanitaires ainsi que les services présentés pour évaluer le nombre d’étoiles que mérite chaque hôtel. Après ce stage, nous serons capables d’intensifier les campagnes d’inspection sur les établissements touristiques, afin de nous assurer de la qualité des services, notamment en ce qui concerne l’hygiène .
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