Bonbonnes de butane
Subventions 2011-2012 :
20 milliards de L.E.
2012-2013 : 17,7 milliards de L.E.
Impact sur le budget : Economiser 2,3 milliards de L.E.
Commerces, hôtels et industries qui achetaient des bonbonnes subventionnées au marché noir auront à payer le prix réel.
Le bruit facilement reconnaissable d’une clé de serrage qui cogne contre une bonbonne de gaz pourrait-il bientôt disparaître ? Cela dépendra de la capacité du gouvernement à mettre en place un nouveau système de distribution des bonbonnes de butane.
L’objectif principal de cette mesure est de réduire les subventions sur le gaz butane, dont une grande partie est importé, et dont la facture s’élève à 20 milliards de L.E. pour 2011/2012, soit plus de 17 % des subventions à l’énergie.
Le budget de l’année financière en cours (2012/2013) annonce déjà une réduction de ces subventions à 17,7 milliards de L.E. Il est prévu que le total des subventions à l’énergie soit ramené à 70 milliards de L.E. « Les chiffres du budget sont basés sur les nouvelles mesures que le gouvernement veut entreprendre », affirme Hani Qadri Demian, vice-ministre des Finances.
Demian explique qu’un système de coupons, semblable au système appliqué à la distribution des denrées alimentaires subventionnées, sera introduit pour les bonbonnes de gaz. Le ministre du Pétrole, Ossama Kamal, a déclaré la semaine dernière que le gouvernement avait élaboré une base de données selon laquelle 12 millions de familles (soit 65 millions de personnes) auront droit à deux bonbonnes de butane par mois, au niveau actuel des subventions.
« Le prix des bonbonnes vendues hors coupons se rapprochera des prix mondiaux », a ajouté le ministre. Si tout marche bien, la majorité des familles n’aura pas besoin d’une troisième bonbonne par mois, étant donné qu’une bonbonne peut suffire pour une famille de trois à quatre personnes.
Selon le ministre, le prix sur le marché international d’une bonbonne de gaz est de 68 L.E. Le prix de la « troisième » bonbonne devrait passer de 2,5 L.E. officiellement depuis 1991 (le prix d’une canette de Pepsi), à 30 L.E. Rares sont ceux qui, dans le monde, ne paient que l’équivalent 2,5 L.E. pour se procurer une bonbonne de gaz.
Le prix d’une bonbonne subventionnée livrée à domicile était de 5 L.E. jusqu’à l’hiver dernier. Mais depuis, une pénurie sévère et régulière a fait s’envoler les prix, le cylindre de butane atteignant désormais 40 L.E. sur le marché noir. Ces pénuries ont déjà causé la mort de plusieurs citoyens dans des rixes devant les sites de distribution. L’affaire est sérieuse et a mené à de nombreuses manifestations dans différents gouvernorats.
Le gouvernement actuel, comme les gouvernements précédents bien que dans une moindre mesure, rejette la responsabilité de cette crise chronique sur les trafiquants et les sociétés de distribution privées.
Gouda Abdel-Khaleq, ministre de la Solidarité sociale lors de la période de transition confiait à l’Hebdo un autre point de vue sur la question : « La répétition de ces crises est due à la corruption et à une mauvaise planification. On ne dispose pas, par exemple, d’entrepôts de stockage, alors qu’on dépend d’un approvisionnement par cargaisons maritimes. Donc le mauvais temps, ou un manque de liquidités en devises étrangères, peut brutalement affecter l’offre ». L’ancien ministre saluait pourtant le plan annoncé pour le gaz par le gouvernement, un plan qu’il n’avait pas pu appliquer lors de son mandat. Les citoyens, dans les gouvernorats choisis à l’époque pour l’implantation du projet pilote, avaient refusé d’être les cobayes de cette expérimentation économique.
Les fermes avicoles, les fours à briques et les hôtels 5 étoiles ont souvent été accusés de bénéficier frauduleusement d’une part importante des subventions sur le gaz butane, parce qu’ils utilisent les bonbonnes destinées à l’usage domestique à la place de celles, de plus grande capacité et plus onéreuses, destinées à l’usage commercial. Le système de coupons permettrait de priver ces catégories des subventions qui ne leur sont pas destinées.
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