« Morsi a réussi là où tous les occupants, tout au long de l’histoire de l’Egypte, ont échoué : diviser les Egyptiens en plusieurs catégories : des laïcs, des islamistes, des libéraux, des salafistes et des socialistes. Le président donne aujourd’hui la parole aux grandes figures du terrorisme mondial, telles que Assem Abdel-Magued et Abboud Al-Zomor, pour propager la peur au sein du peuple. L’année dernière, l’Egypte a été placée sur diverses listes noires des organisations internationales à cause des violations des droits de l’homme. C’est vrai que Moubarak n’entretenait pas de bonnes relations avec les pays africains, mais aucun pays n’a osé prendre une décision touchant à la souveraineté de l’Egypte comme le fait aujourd’hui l’Ethiopie ».
Chérif Al-Rouby,
responsable des alliances politiques au mouvement du 6 Avril.
« Les réalisations du président en une année sont innombrables. Il suffit de rappeler qu’au début de son mandat, il s’est dit prêt à affronter cinq défis épineux, malgré la corruption héritée de l’ancien régime et la crise économique qui menace le pays depuis la révolution. Aujourd’hui, les salaires sont améliorés, la subvention n’a pas été supprimée, des projets colossaux sont annoncés, comme le développement de la région du Canal de Suez et du Sinaï … La liste des réalisations est encore longue, malgré les grèves et les manifestations quasi quotidiennes, organisées pour des raisons futiles. Il suffit de noter que sa première visite diplomatique n’était pas aux Etats-Unis. L’Egypte d’aujourd’hui ne prend pas d’instructions de l’étranger ».
Gamal Heshmat,
cadre des Frères musulmans et membre du Conseil consultatif.
« Le président Morsi et les Frères musulmans ont trahi les idéaux de la révolution. Les Egyptiens réclament toujours pain, liberté et justice sociale. Le taux du chômage et de la pauvreté est en hausse continue. La crise de l’essence s’aggrave. Les politiques de subvention restent toujours sans réformes ».
Abdel-Ghaffar Chokr,
dirigeant du parti de l’Union populaire socialiste.
« Malheureusement, Morsi n’a réussi ni à réaliser son projet de la Renaissance, ni à satisfaire les revendications de la révolution. La situation sécuritaire et économique s’est détériorée. Les démunis souffrent toujours. Les relations étrangères sont mal gérées et déséquilibrées. Il cherche à consolider nos relations avec l’Iran qui tente de propager le chiisme, et avec le Qatar sur la politique d’emprunt. Je ne soutiens ni le président, ni l’opposition, les deux adoptent la politique d’intransigeance, sauf que celle de la présidence est pire ».
Nader Bakkar,
porte-parole du parti salafiste Al-Nour.
« Un an après l’investiture de Morsi, le bilan est choquant. Il suffit de dire que les institutions de l’Etat sont actuellement ravagées par des conflits qui prennent de plus en plus d’ampleur. Al-Azhar, à titre d’exemple, a connu durant cette année des tentatives de prise de contrôle par le régime de Morsi, supposé être un président de référence islamique. Les insultes lancées par les partisans du président à son encontre, au vu et au su de tout le monde, ont atteint profondément le prestige de cette institution ».
Abdel-Ghany Hendy,
coordinateur du mouvement de l’indépendance d’Al-Azhar.
« De quel bilan parle-t-on ? De la pauvreté et du chômage dont les taux ont augmenté ? Du nombre des martyrs qui s’accroît ? Du festival d’innocence des détenus de l’ancien régime ? Ou de la division du peuple en deux ? Morsi et sa confrérie sont venus au pouvoir pour se venger et non pour gouverner, pour défendre les djihadistes et le Hamas. Où en sont-ils de leurs anciennes revendications concernant la rupture des relations avec Washington et Israël ? ».
Aboul-Ela Madi,
président du parti islamiste Al-Wassat.
« Morsi a échoué par excellence dans la gestion des affaires du pays. Il n’a fait que renvoyer l’Egypte vers le Moyen Age et a divisé la société en deux. Il est temps qu’il cesse de faire la sourde oreille et qu’il entende la voix de l’opposition qui réclame sa démission pour que la démocratie, la liberté et la justice sociale reprennent leurs démarches ».
Mohamed ElBaradei,
président du parti Al-Dostour et coordinateur du Front national du salut.
Popularité en déséquilibre
C’est à la fin du mois d’avril dernier que la campagne Tamarrod (rébellion), non affiliée politiquement, est apparue dans la rue égyptienne et sur Internet. Son objectif est de décrocher près de 15 millions de signatures de la population pour retirer la confiance au président Mohamad Morsi et réclamer son départ. Lors du deuxième tour de l’élection présidentielle, Morsi a recueilli 12,5 millions de voix. Cette semaine, Tamarrod vient d’annoncer avoir accompli sa mission.
Mais dans le camp islamiste, une contre-campagne a été lancée en mai, intitulée Tagarrod pour inviter les partisans du président Morsi à signer une pétition en sa faveur. Celle-ci a récolté 11 240 000 signatures selon Ahmad Hosni, coordinateur général de la campagne.
Vu l’impossibilité de vérifier les résultats des pétitions, le spécialiste informatique Gamal Ghitas a effectué une comparaison à partir de données pour avoir une idée sur la popularité des deux mouvements sur Internet :
— Nombre de « Like » sur leur page Facebook : 1 446 657 pour Tamarrod, contre 69 728 pour Tagarrod.
— Gouvernorats de résidence des visiteurs des pages Facebook : 27 pour Tamarrod, contre 8 pour Tagarrod.
— Groupes sur Facebook ouverts par des Egyptiens résidant à l’étranger : 3 groupes pour Tamarrod, contre un seul pour Tagarrod.
— Taux de propagation géographique sur Internet : 69 % pour Tamarrod, contre 5 % pour Tagarrod.
— Catégories sociales des internautes : 57 pour Tamarrod, contre 18 pour Tagarrod.
— Taux de recherche sur Google : 22 % des internautes pour Tamarrod, contre 2 % pour Tagarrod.
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