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Erdogan hausse le ton

Maha Salem avec agences, Mardi, 25 juin 2013

Ankara a violemment rejeté les critiques allemandes sur la répression policière en Turquie, mettant en garde contre toute velléité de bloquer sa candidature à l'Union européenne.

Erdogan

La tension est montée d’un cran cette semaine entre Berlin et Ankara, la Turquie rejetant les critiques allemandes sur la répression des manifesta­tions contre le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, y voyant des menaces déguisées au processus d’adhésion à l’Union Européenne (UE). Furieux, le ministre turc des Affaires européennes, Egemen Bagis, a mis en garde la chance­lière allemande, Angela Merkel, contre toute velléité de bloquer l’ouverture d’un nouveau cha­pitre des négociations d’adhé­sion d’Ankara à l’UE entamées en 2005. Il est même allé jusqu’à menacer Mme Merkel de « réactions » si elle ne reve­nait pas sur ses déclarations.

Dans une tentative de trouver une percée à la crise, les chefs de la diplomatie allemande et turque se sont rencontrés same­di à Doha pour évoquer les relations de l’UE avec la Turquie, en marge de la ren­contre des Amis de la Syrie. A l’issue de leur réunion, le ministre allemand, Guido Westerwelle, a avoué qu’ « il restait encore du chemin à faire pour apaiser les tensions. Nous ne pouvons pas nier les ten­sions. Nous nous efforçons de les réduire », a souligné M. Westerwelle.

Berlin opposé à l’adhésion turque

La semaine dernière, la chan­celière allemande avait mis le feu aux poudres en affirmant : « Il y a eu des images effrayantes de répression poli­cière contre les manifestants. C’est beaucoup trop dur ». Ces propos ont été critiqués par M. Bagis, qui a accusé Mme Merkel d’utiliser la situation en Turquie à des fins de « poli­tique intérieure », avec en tête les législatives allemandes du 22 septembre. « Mme Merkel doit savoir que ceux qui s’op­posent à l’adhésion de la Turquie finissent mal. Regardez ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy », a ajouté M. Bagis, en rappelant la défaite à la pré­sidentielle de 2012 de l’ex-chef de l’Etat français, hostile à l’en­trée de la Turquie dans l’UE. Le porte-parole du ministère alle­mand des Affaires étrangères, Andreas Peschke, a affirmé pour sa part qu’il n’y avait « pas de lien direct » entre la répression et les discussions avec l’UE, mais il s’est empres­sé d’ajouter que « bien sûr, dans la vie, tout est lié ».

En effet, la chancelière, comme son parti conservateur, la CDU/CSU (Union chré­tienne-démocrate, Union chré­tienne-sociale), ont toujours affiché leur scepticisme au sujet des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE, accordant leur préférence à un « partena­riat privilégié ». Dimanche, le parti conservateur allemand de Mme Merkel a réaffirmé dans son programme électoral son opposition à l’adhésion de la Turquie à l’UE, au grand dam d’Ankara.

Malgré le risque de perdre son « rêve européen », Ankara a poursuivi de plus belle sa répression contre les manifesta­tions cette semaine, en utilisant des canons à eau pour disperser des milliers de manifestants de retour sur la place Taksim à Istanbul, après plusieurs jours de calme succédant à trois semaines de manifestations. Cette brutalité du régime pour­rait priver Ankara de son rêve européen.

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