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Musée copte, le retour aux sources

Doaa Elhami, Mardi, 05 mars 2019

L’exposition « Empreinte d’amour » se tient au Musée copte, pour célébrer les 109 ans de son premier pavillon. Elle met en valeur des pièces exposées dès l’ouverture de ce musée, imaginé par Marcus Sémaika pacha, au coeur du Vieux Caire.

Musée copte, le retour aux sources
La façade du Musée copte.

Le 14 mars 1910, date exceptionnelle pour le Vieux Caire qui voit l'inauguration du premier pavillon du Musée copte, au sein du fort romain Babylone, entouré d’anciennes églises. Cette inauguration a été réalisée grâce aux efforts de Marcus Sémaika pacha qui s’est beaucoup investi pour le fonder et l'enrichir au fil des années. Le musée célèbre cette inauguration par une petite exposition, « Empreinte d'amour », qui dure jusqu’à la moitié du mois de mars. Celle-ci est composée de trois coffrets d'Evangile en argent et d’un chapiteau, ainsi que de trois livres qui racontent l'histoire du musée et des anciennes églises de l'Egypte. Ces livres ont été rédigés par Marcus Sémaika lui-même. « Empreinte d’amour a été inaugurée le 14 février, Journée mondiale de l'amour, qui nous a inspiré ce titre. Mais c’est aussi en marque de reconnaissance du rôle du fondateur du musée », souligne Gihane Atef, directrice générale du Musée copte. Pour elle, bien que le nombre des pièces exposées soit modeste, elles sont d'une importance majeure, puisque c'est avec ces oeuvres qu'a été créé le noyau du Musée copte.

En effet, vers la fin du XIXe siècle, l'Egypte ne comptait qu’une poignée de musées : le Musée gréco-romain à Alexandrie, le Musée islamique, qui occupait une pièce dans la mosquée Al-Hakem Bi Amr Allah au Caire, et le Musée égyptien à Boulaq, dirigé par l'archéologue français Gaston Maspero, qui y avait consacré une pièce pour les oeuvres coptes. De là est née l'idée de Sémaika pacha de créer un musée consacré à la civilisation copte. « Les pièces coptes sont un point de liaison entre les civilisations de l'Egypte Ancienne et gréco-romaine et plus tard islamique », explique Hani Zarif, adjoint au Musée copte.

En hiver 1908, « le patriarcat orthodoxe, sous la souveraineté du pape Cyril V, avait besoin de financer les travaux de rénovation et de restauration des églises. Faute de budget, le pape exposait d’anciennes pièces coptes à la vente », raconte Zarif. Et c’est Marcus Sémaika pacha qui a demandé d'arrêter cette vente et de conserver ces oeuvres, tout en promettant de payer le patriarcat. Il a alors ouvert les dons publics pour le patriarcat et a fourni la somme voulue, soit 180 L.E. Et les objets ont été conservés temporairement dans une pièce adjointe à l'église Suspendue, jusqu'à l'installation du Musée copte.

Les oeuvres fondatrices

Musée copte, le retour aux sources
Coffret daté du XVIe siècle.

Parmi les pièces sauvées figurent les trois coffrets d'Evangile fabriqués de bois et de couverts d'argent doré composantes de l'exposition. Néanmoins, chacun d'eux provient d'une église et d'une époque différente. Le premier vient de l'église de Sainte-Barbara du Vieux Caire. « Selon l'inscription arabe du côté, ce coffret et l'Evangile qu'il contenait sont dédiés à la chapelle de l'Archange Michel de l'église de Sainte Barbara en 1724 », explique Zarif. Sur ce coffret, une grande croix constitue le motif dominant, encadré par des textes coptes.

Toujours provenant du Vieux Caire, le deuxième coffret exposé a été découvert à l'église de la Vierge au sein de Qasrat Al-Rihane. « D'après une inscription arabe, il date de 1424 », reprend Zarif. Plus riche en ornements, ce coffret comporte une croix avec un texte copte et une décoration florale. Les extrémités de la croix sont décorées par du verre coloré, alors que les coins du coffret sont ornés de motif floral où dominent les marguerites et les vignes torsadées. Quant au troisième coffret, il se distingue par la croix à tête triangulaire. Il est orné de deux lignes de textes coptes. Les motifs floraux, habilement dessinés, dominent tout le coffret.

L'exposition contient aussi un chapiteau en calcaire. « Vu ses ornements et l'histoire de son arrivée au musée, ce chapiteau est énigmatique », souligne l'adjoint du musée. Ce chapiteau est divisé en deux. La partie supérieure est ornée d'un relief sculpté : un visage humain entouré de feuilles d'arbres. Selon Zarif, c'est la première fois qu’un visage apparaît dans un motif ornemental. Tandis que la partie inférieure est décorée de l'épine du Christ. « On ne sait pas exactement les origines de cette pièce. Le musée l'a achetée à un certain Abbad Ali Al- Awadi. Il faut étudier cette oeuvre. Mais vu sa beauté, et sa rareté, cette pièce a été intégrée dans l'exposition », reprend Zarif.

Livres témoins

Musée copte, le retour aux sources
Fondateur du musée.

En plus des coffrets, le visiteur peut aussi découvrir trois livres exposés qui relatent l'histoire de la fondation du musée. Le premier présente le prologue du guide du Musée copte réalisé par Marcus pacha. Il expose le texte de la loi 14 promulguée en 1931 par le roi Fouad Ier de transférer la propriété du Musée copte de celle du patriarcat orthodoxe au ministère d'Al- Maaref Al-Omoumiya, équivalent du ministère de l'Education.

Le deuxième livre met l'accent sur la liste des manuscrits coptes et arabes qui se trouvaient au Musée copte, au patriarcat et dans les monastères de toute l'Egypte jusqu'en 1930. Dans la même vitrine, le visiteur peut lire un article rédigé par Sémaika pacha, qui raconte l'histoire de la fondation du Musée copte. Ce texte est écrit à l'occasion de la visite de Sa Majesté le sultan Fouad Ier, le mardi 21 décembre 1920, au Musée copte. L'exposition regroupe toutes les étapes de la fondation du Musée copte et montre les efforts de son créateur.

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