Jeudi, 23 janvier 2025
Dossier > Dossier >

Une stratégie migratoire à volets multiples

Ghada Ismail , Ghada Ismail , Ghada Ismail , Mardi, 19 février 2019

L’Egypte a réussi, depuis 2016, à empêcher tout départ de migrants par voie maritime, en prenant une série de mesures draconiennes pour lutter contre la migration clandestine. Bilan.

L
L'Egypte a lancé un plan d'action pour « prévenir et combattre la migration irrégulière » en coopération avec l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM).

- Plan d'action 2016-2026

En octobre 2016, le gouverne­ment a lancé la « Stratégie natio­nale de lutte contre la migration illégale » 2016-2026. Celle-ci a fourni le cadre institutionnel géné­ral aux mesures prises par le gou­vernement dans sa lutte contre le trafic illicite de migrants et la pro­tection des migrants vulnérables en Egypte. Cette stratégie comprend un plan d’action qui s’actualise deux fois par an et des outils de contrôle reposant sur des indica­teurs de performance-clés objecti­vement vérifiables.

- Nouvelle loi

En décembre 2016, le parlement a adopté la loi numéro 82 pour l’année 2016, relative à la lutte contre la migration clandestine et le trafic d’êtres humains. Cette loi a donné, pour la première fois, une définition précise du phénomène de la migra­tion illégale. D’après la loi, toute action d’une personne ou groupe qui facilitera le départ d’individus du pays vers un autre sans autorisation ni permis doit être incriminée. Les peines varient entre des amendes de 200 à 500000 L.E. et vont jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité, si le voyage engendre des décès.

- Coordination internationale

En janvier 2017, la Commission nationale de lutte contre l’immigra­tion clandestine a été créée pour coor­donner les plans et les programmes nationaux et internationaux de lutte et de prévenir les migrations illégales. Il s’agit d’un comité de haut niveau dépendant du Conseil des ministres chargé d’élaborer un plan d’action comprenant des études de terrain et des campagnes de sensibilisation pour clarifier le danger de la migra­tion illégale.

- Mesures sécuritaires

La marine égyptienne a joué un rôle important pour contrôler stricte­ment les frontières maritimes en intensifiant ses patrouilles le long des 1 000 kilomètres de côtes méditerra­néennes. En 2017, les garde-côtes ont empêché 239 tentatives d’émigration, qui comptaient plus de 6000 clandes­tins égyptiens, syriens, mais aussi d’Afrique de l’Est et subsaharienne. L’Egypte a signé également des accords de coopération avec les pays côtiers, notamment l’Italie, la Grèce et Chypre. Ces accords comprennent des mesures sécuritaires, préventives et d’échanges d’informations entre l’Egypte et ces pays. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a signé avec son homologue italien, en 2018, un protocole commun pour lutter contre le crime organisé et la migration clan­destine. Ce protocole vise à former 360 cadres de police africains de 22 nationalités sur les méthodes les plus modernes de la lutte contre la migra­tion clandestine.

- Sensibilisation et développement

Les campagnes de sensibilisation ne s’interrompent pas pour informer les jeunes des risques des migrations irrégulières et proposer des alterna­tives. Parmi ces campagnes, on peut citer celle du célèbre joueur de foot­ball Hazem Emam intitulée « Votre famille... votre rêve... votre vie... Non à l’immigration illé­gale ». La chanson de Farès, qui raconte l’histoire d’un jeune homme qui a péri en mer en essayant de rejoindre l’Europe. Berket Ghalioune dans le gouvernorat de Kafr Al-Cheikh, qui était parmi les zones exportatrices de migrants, renferme aujourd’hui l’une des plus grandes fermes d’élevage de poissons en Egypte, au Moyen-Orient et en Afrique. L’objectif de ce méga-pro­jet est d’augmenter la production piscicole de 75% en Egypte, et créer des emplois pour les jeunes.

- Dynamique régionale

Sur le plan international, l’action égyptienne s’active sur plusieurs volets pour combattre ce phéno­mène. L’Egypte fait partie de l’ini­tiative pour « la route migratoire UE-Corne de l’Afrique », connue par le « processus de Khartoum ». Lancé en 2014, l’objectif de cette initiative est de lutter contre les migrations irrégulières dans la Corne de l’Afrique. En septembre 2015, l’Egypte a accueilli à Charm Al-Cheikh la deuxième conférence régionale sur l’initiative de l’Union africaine et de la Corne de l’Afrique contre le trafic des migrants. En septembre 2017, l’Egypte a signé un mémorandum d’accord avec l'or­ganisation des Nations-Unies pour l’enfance (Unicef) sur les engage­ments que doivent tenir les pays pour protéger les enfants migrants.

- Partenariat avec l’Europe

En août 2017, l’Allemagne et l’Egypte ont signé un accord édifiant un « dialogue bilatéral sur la migra­tion », dans le but de lutter ensemble contre les causes de la migration vers l’Europe et investir dans la for­mation professionnelle des jeunes. Des accords de coopération bilaté­rale similaires ont été aussi conclus avec la France et la Grèce. Le « dia­logue sur les migrations entre l’UE et l’Egypte » a été lancé officielle­ment le 16 décembre 2017 au Caire. En octobre 2018, deux accords d’un montant de 135 millions d’euros, portant sur des projets de développe­ment durable, ont été signés entre l’Egypte et l’UE .

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique