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Raouf Saad : Le sommet devra discuter aussi bien des défis communs que des intérêts conjoints

Ola Hamdi, Mardi, 19 février 2019

L’ambassadeur Raouf Saad, responsable du partenariat avec l’Union européenne auprès du ministère des Affaires étrangères, revient sur les enjeux du sommet arabo-européen prévu les 24 et 25 février et sur le dialogue UE-Egypte.

Raouf Saad

Al-Ahram Hebdo : Que symbo­lise le fait que ce soit l’Egypte qui accueille le premier sommet ara­bo-européen ?

Raouf Saad : Il s’agit du premier sommet entre les pays de l’Union Européenne (UE) et les pays arabes, qui s’est imposé en raison des fortes relations qui relient l’UE et la région arabe. Le sommet devra discuter aussi bien des défis communs que des intérêts conjoints. En effet, les mutations survenues dans la région, surtout en Egypte, ont accru les intérêts communs entre l’UE et la région arabe. L’Egypte est quasi­ment le seul pays du Moyen-Orient doté d’une cohérence économique, politique, institutionnelle et com­merciale grâce à la réforme auda­cieuse et ambitieuse entreprise à tous les niveaux. A mon avis, l’Egypte est à la veille d’une renais­sance économique. Le choix de l’Egypte comme pays hôte de ce premier sommet est un message clair que l’Egypte est le principal partenaire de l’UE et l’axe sur lequel se base le développement des intérêts communs.

— Nous vivons dans une région troublée, face aux crises moyen-orientales, que peut faire l’UE ?

— Avec les tensions énormes que la région connaît, ainsi que les déclins et les divisions de certains pays qui représentent une grande importance pour l’UE, comme la Syrie, l’Iraq et la Libye, l’UE tente de renforcer son rôle afin de défendre et de préserver ses intérêts. Un rôle qui ne pourrait être accom­pli qu’à l’aide d’un partenariat. De plus, les relations entre la zone euro et le monde arabe ont changé en conséquence de ces conjonctures. La présence de l’UE et de son rôle politique, économique et surtout militaire devient indispensable pour faire face aux problèmes de la région. L’UE fait aussi face à des dossiers chauds, comme l’immigra­tion clandestine, qui représente la plus grande menace pour elle, et face à laquelle l’UE a modifié sa position précédente, en renforçant le soutien financier et technique accor­dé aux pays de départ. Aussi la nature des défis dicte-t-elle une sorte de partenariat entre l’UE et la région et l’Egypte en est le membre le plus fort. C’est ainsi que le titre de la conférence « Dans la stabilité, nous investissons » reflète le concept qui réunit les Arabes et le côté européen.

— Economiquement parlant, où en est le partenariat entre l’Egypte et l’UE ?

— L’Egypte entame une nouvelle phase de découverte du gaz naturel, ce qui lui permettra de renforcer ses relations économiques avec l’UE qui cherche de plus en plus à diver­sifier ses sources d’importation du gaz naturel. L’Egypte acquiert donc un poids économique considérable en raison de son émergence en tant que producteur et exportateur de gaz. Par ailleurs, dans les années 1990, l’Egypte voulait créer un centre régional pour le commerce et la distribution des marchandises dans la région du Canal de Suez. L’UE a été parmi les premiers qui ont présenté leur soutien au projet. Actuellement, ce projet a effective­ment vu le jour dans la zone du Canal de Suez, devenant comme un poumon pour l’UE où elle installe­rait sa technologie et ses services, pour produire et exporter depuis cette zone vers l’Afrique de l’Est, l’Asie du Sud et le Golfe.

— Qu’en est-il de l’accord de partenariat entre l’Egypte et l’UE, qui a annoncé ses priorités pour la période 2017-2020, et ins­tauré un nouveau niveau de coo­pération et de dialogue entre les deux parties ?

— L’UE avait créé la Politique Européenne de Voisinage (PEV) en 2004 qui régit sa relation avec le monde arabe. Mais 10 ans après son entrée en vigueur, elle n’a pas réalisé les résultats escomptés. L’UE a alors modifié ses plans et un nouveau document a été publié, précisant les priorités de chaque pays dans cette coopération, des priorités liées au développement économique, à la sta­bilité et à la politique étrangère. En septembre 2017, le ministère égyp­tien des Affaires étrangères, en coo­pération avec les différents minis­tères égyptiens, s’est chargé d’élabo­rer ses priorités pour la période 2017- 2020 et 200 projets en ont été le fruit. Il a été convenu avec l’UE que ces projets soient exécutés au cours de la période à venir.

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