Le tourisme reprend en Egypte, un fait qui s’est confirmé pour la deuxième année de suite avec les bonnes recettes réalisées et qui laissent présager une poursuite de la hausse des arrivées touristiques en 2019. « Les perspectives sont prometteuses, surtout avec les recettes positives des trois premiers trimestres de cette année qui témoignent d’une croissance de 40 % en comparaison avec la même période de l’année précédente. Le secteur du tourisme connaît un rétablissement depuis l’année dernière, avec 8,3 millions de touristes en 2017, soit 53,7 % de hausse en comparaison avec l’année 2016 », se félicite Rania Al-Machat, ministre du Tourisme. Elle ajoute que, selon le rapport de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), l’Egypte a enregistré, en 2017, le deuxième plus haut taux de croissance des arrivées touristiques sur le plan mondial. « Cela a continué en 2018 et devrait continuer encore en 2019, surtout avec la stabilité politique actuelle en Egypte. En outre, nos bureaux de promotion touristique à l’étranger affirment que l’image de l’Egypte a beaucoup changé au cours des derniers mois et que la demande relative aux séjours touristiques en Egypte est en hausse. Les réservations hôtelières en témoignent aussi », reprend Al-Machat. Le tourisme constitue, de fait, l’une des plus importantes sources de revenus et de devises étrangères pour l’économie égyptienne, représentant près de 11,4 % du PIB.
Une saison prometteuse
Pour sa part, Elhami Al-Zayat, ex-président de l’Union des chambres de tourisme, estime que le secteur du tourisme en Egypte a enfin réussi à surmonter les obstacles auxquels il était confronté au cours des sept dernières années pour retrouver la confiance des tour-opérateurs et des touristes eux-mêmes. Cette reprise s’est traduite, comme il l’indique, par un grand taux d’occupation des hôtels pendant les vacances de Noël et du Nouvel An 2018-2019, plusieurs hôtels, surtout dans les stations balnéaires comme Hurghada et Marsa Alam, ayant affiché complet. « La plus grande surprise vient des hôtels du Caire, de Louqsor et d’Assouan, dont une grande partie a affiché complet pour la première fois depuis longtemps. Les croisières sur le Nil ont connu, elles aussi, un succès sans précédent pendant la saison d’hiver 2018-2019. Presque toutes les croisières étaient réservées quatre ou cinq mois à l’avance », explique Al-Zayat, qui prévoit l’arrivée, en 2019, de plus de 12 millions de touristes pour atteindre, en 2020, les chiffres records enregistrés en 2010, avec plus de 14 millions de touristes. « Et on pourrait aller encore plus loin », assure-t-il.
Nouvelle stratégie de développement
Ce n’est pas trop optimiste, puisqu’avec ces indices prometteurs, le ministère du Tourisme a adopté une nouvelle stratégie pour développer le secteur et attirer de plus en plus de touristes. Cette stratégie repose sur la diversification du produit touristique en Egypte, l’amélioration des services et le lancement, en novembre dernier, d’une nouvelle campagne internationale de promotion touristique de l’Egypte sous le slogan « People to People ».
Selon Soha Bahgat, conseillère en formation auprès du ministère du Tourisme, cette stratégie ne pourra toutefois être fructueuse qu’avec une bonne formation du personnel travaillant dans le tourisme. En fait, les programmes de formation étaient gelés depuis 2011 à cause des problèmes financiers qu’avait affrontés le secteur. La majeure partie du personnel bien formé et expérimenté avait quitté le tourisme, soit pour d’autres métiers, soit pour aller travailler dans les pays du Golfe, et ce, en raison de la baisse des revenus, suite à la chute du nombre de touristes. « Nous avons à présent mis en place des programmes de formation en coopération avec l’Union des chambres de tourisme et avec les gouvernorats touristiques. Le but est de former 50 000 personnes pour 250 000 chambres, d’ici à 2020 », indique Bahgat. Notons qu’avant 2010, il y avait 1 800 000 employés qui travaillaient directement dans le secteur du tourisme, contre seulement 400 000 à l’heure actuelle.
Dans le contexte de l’amélioration des services s’incrit aussi le développement des établissements touristiques, notamment des hôtels qui n’ont pas été maintenus ou rénovés à cause de la chute des recettes touristiques. « Je pense qu’il est temps de reprendre le programme New Norms (nouvelles normes) relatif à la réévaluation des hôtels. Ce programme a été, lui aussi, retardé à cause du déficit budgétaire dont souffraient les hôtels », assure la ministre du Tourisme. Ce nouveau système, qui avait été lancé par le ministère du Tourisme en 2008, établit des critères plus fermes en ce qui concerne les infrastructures, les équipements, le respect des normes écologiques et sanitaires ainsi que les services présentés pour évaluer le nombre d’étoiles que mérite chaque hôtel. « Nous avons également commencé à intensifier les campagnes d’inspection dans les établissements touristiques, afin de nous assurer de la qualité des services, notamment en ce qui concerne l’hygiène. Nous avons eu recours à une société d’expertise internationale accréditée dans le domaine des conseils d’ordre sanitaire et hygiénique, la société Preverisk. Cette société a commencé, il y a quelques mois, à vérifier les normes sanitaires et hygiéniques ainsi que leur application dans les hôtels de Hurghada. C’est la première phase de son travail qui devrait couvrir toutes les stations touristiques en Egypte », souligne encore la ministre.
Quant à la diversification du produit touristique, il a pour objectif d’attirer différentes catégories de touristes. Qu’il s’agisse du tourisme thérapeutique, religieux, sportif, du troisième âge, ou autres, l’Egypte possède les atouts. « Je pense que le tourisme des conférences sera vraiment le cheval gagnant en 2019, surtout après les grandes conférences et expositions internationales qui ont eu lieu en Egypte en 2018 et qui ont remporté un grand succès, comme la Conférence internationale sur la biodiversité qui s’est tenue en novembre à Charm Al-Cheikh ou l’EDEX qui s’est tenue en décembre au Caire », explique Ahmad Youssef, président de l’Organisme de la promotion touristique. Il ajoute qu’en plus de la nouvelle stratégie du ministère du Tourisme, il est important de mentionner que le renforcement des mesures de sécurité dans les aéroports et sur les sites touristiques, qui sont constamment vérifiées, ainsi que la compétitivité des prix en Egypte — surtout après la libéralisation de la livre égyptienne — ont eu un impact sur la croissance du tourisme en 2018, un effet qui devrait continuer en 2019.
Le défi du nombre de vols
Selon Adel Zaki, membre de la Chambre de tourisme, le fait de se réjouir de la relance du tourisme ne doit toutefois pas faire oublier un défi qui risque d’entraver la poursuite de ce développement, soit les vols à destination de l’Egypte, qui n’ont pas encore retrouvé toutes leurs capacités. En effet, lorsque les arrivées en Egypte ont chuté après 2011, les compagnies aériennes ont réduit le nombre de leurs vols à destination de l’Egypte. « Il faut maintenant retrouver le nombre de vols d’avant 2010. C’est un défi à relever pour pouvoir accueillir plus de visiteurs. Sans vols, il n’y aura pas de touristes. C’est logique », indique Zaki.
Le vice-ministre du Tourisme, Mohamad Abdel-Gabbar, assure que le ministère est conscient de ce point et qu’il y travaille en coopération étroite avec le ministère de l’Aviation, qui fait preuve d’une grande compréhension à cet égard et soutient l’augmentation du nombre de lignes régulières vers les destinations qui témoignent d’une hausse de la demande. Quant aux vols charter, le programme de subvention a été prolongé jusqu’à 2020, afin d’inciter les compagnies aériennes à programmer des vols en Egypte.
Avec une nouvelle stratégie de promotion touristique, un produit diversifié, des prix compétitifs et un service de qualité, le secteur du tourisme en Egypte laisse derrière lui les années de vaches maigres et est sur la bonne voie pour renouer avec les chiffres record.
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