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Egypte-Autriche : Vers une coopération accrue

May Al-Maghrabi, Mardi, 18 décembre 2018

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a entamé, dimanche 16 décembre, une visite de quatre jours en Autriche où il prend part au Forum Afrique-Europe. Les dossiers bilatéraux sont aussi au menu de la visite.

Egypte-Autriche : Vers une coopération accrue

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi est arrivé dimanche 16 décembre en Autriche pour une visite de quatre jours à l’invitation du chancelier fédé­ral autrichien, Sebastian Kurz, qui assume par ailleurs l’actuelle prési­dence tournante de l’Union Européenne (UE). Il s’agit de la pre­mière visite du président Sissi en Autriche depuis son accession au pouvoir en 2014, alors que l’ex-chan­celier autrichien, Christian Kern, s’était rendu en Egypte en mai 2017.

Le président a participé aux travaux du Forum Afrique-Europe les 17 et 18 décembre. Sa participation revêt une importance particulière car l’Egypte assumera, en janvier prochain, la pré­sidence de l’Union Africaine (UA) pour l’année 2019. Dans son allocu­tion devant le forum, le président Sissi a présenté la vision de l’Egypte sur les moyens de faire progresser les efforts de développement en Afrique. Un parterre de leaders africains et européens prend part à cet événe­ment, destiné à renforcer le partena­riat afro-européen. Tenu sous le thème « Conduire la coopération à l’ère du numérique », le forum aborde les moyens de promouvoir l’innovation et la numérisation en tant que moteurs-clés du développement.

Le député Moustapha Al-Guindi, conseiller politique du président du Parlement africain, s’attend à ce que la participation du président Sissi au Forum Afrique-Europe apporte plu­sieurs gains aux pays africains. « Ce rassemblement euro-africain de haut niveau est une occasion pour l’Egypte, qui assumera prochaine­ment la présidence de l’UA, de discu­ter des plans de financement des nouveaux projets et du soutien au développement dans le domaine de l’agriculture, de la production et de l’énergie renouvelable en vue d’amé­liorer les conditions de vie dans les pays africains », prévoit le député.

Lundi, le président Sissi a été accueilli par son homologue autri­chien, Alexander Van der Bellen, au palais présidentiel de Hofburg à Vienne, puis par le chancelier fédéral, Sebastian Kurz, avec qui il a abordé la coopération entre les deux pays en matière de la lutte contre la migration illégale et la lutte antiterroriste.

10 mémorandums d’entente

Les deux leaders ont ensuite assis­té à la signature de dix mémoran­dums d’entente et d’accords de coo­pération dans les domaines de l’in­vestissement, de l’entreprenariat et du développement des zones franches. D’autres mémorandums d’entente ont été signés dans les domaines de l’enseignement supé­rieur, de la recherche scientifique, de la technologie, de l’innovation, des chemins de fer et de l’infrastructure. Les deux leaders ont ensuite tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle le chancelier autrichien a qualifié ses entretiens avec le président Sissi de « très posi­tifs » et a salué les réformes écono­miques en Egypte qui optimisent le climat de l’investissement.

« L’Egypte est l’un des plus impor­tants partenaires commerciaux de l’Autriche en Afrique et au Moyen-Orient. Nous avons convenu d’en­courager le secteur privé autrichien à investir en Egypte, ainsi que de développer les mécanismes de coor­dination politique concernant les questions régionales et internatio­nales d’intérêt commun », a déclaré le chancelier autrichien. Des concer­tations qui ont donné lieu à l’activa­tion du Comité mixte de coopération économique et technique entre l’Egypte et l’Autriche de manière à discuter les nouveaux aspects de coopération financière entre les deux pays, dont le financement par l’Au­triche de petites et moyennes entre­prises. La prochaine session du Comité mixte égypto-autrichien, en suspens depuis 2010, devrait se tenir en 2019. A noter que les échanges commerciaux annuels entre l’Egypte et l’Autriche s’élèvent à 400 mil­lions d’euros.

Coopération pour la sécurité

Sur un autre volet, le président Sissi a qualifié la coopération égypto-autri­chienne d’« impérative » pour faire face aux défis communs, notamment en ce qui concerne la lutte contre la migration illégale et le terrorisme. « Mes entretiens avec le chancelier autrichien ont abordé les répercus­sions dévastatrices du terrorisme sur la stabilité et la sécurité de la région », a indiqué le président Sissi. Au centre des négociations figure surtout le dossier de l’immigration illégale. Le président a souligné que l’Egypte refuse la création de camps de réfugiés sur son sol et soutient leur intégration dans la société.

« Il existe 5 millions de réfugiés en Egypte qui vivent parmi les citoyens, jouissant de tous les services et les offres d’emploi dont jouissent les Egyptiens », a affir­mé le président Sissi. Il a ajouté que l’Egypte avait réussi à empêcher 11000 réfugiés qui sont arrivés en Egypte en 2018 de traverser clandes­tinement la Méditerranée pour aller en Europe et ce, pour les protéger des risques de la migration illégale. Des efforts loués par le chancelier autri­chien, jugeant impérative la poursuite de la coordination sur ce dossier important pour l’Europe afin de s’at­taquer aux racines de ce phénomène et freiner le flux migratoire. En ce qui concerne la lutte antiterroriste, le pré­sident a fait savoir que ses entretiens avec le chancelier autrichien ont porté, notamment, sur le sort des ter­roristes qui ont fui les zones de com­bat après la défaite des groupes aux­quels ils étaient affiliés et les moyens d’agir face à une telle situation.

Acquis positifs

Tarek Fahmi, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, souligne qu’au niveau politique, l’im­portance de cette visite est due au statut des deux pays: l’Egypte est un pilier de la stabilité au Moyen-Orient et un acteur-clé en Afrique, et l’Au­triche est le président actuel de l’Union européenne. « Les défis pla­nent sur la Méditerranée et sur l’Afrique, ce qui rend nécessaire la coopération avec l’Autriche et l’UE surtout en matière de lutte contre l’immigration clandestine et le terro­risme. Des dossiers prioritaires pour les deux parties », explique Fahmi. Il estime que les concertations entre l’Egypte et l’Autriche permettront surtout de promouvoir le partenariat entre l’Egypte et l’Union européenne.

« Les concertations égypto-autri­chiennes constituent une plateforme idéale pour une nouvelle phase de partenariat stratégique basé sur les intérêts mutuels », estime le politolo­gue. A cet égard, il note que l’UE est le plus important partenaire commer­cial de l’Egypte. Les exportations de l’Egypte vers l’UE représentent envi­ron 40% de l’ensemble de ses expor­tations, alors que les importations de l’Egypte de l’UE représentent environ 37 % de l’ensemble de ses importa­tions.

Sur un autre volet, Mokhtar Al-Ghobachi, vice-directeur du Centre arabe pour les études poli­tiques et stratégiques, affirme que la visite du président Sissi en Autriche, la première d’un président égyptien depuis 2006, s’inscrit dans le cadre de la nouvelle diplomatie de l’Egypte adoptée en 2014. Une diplomatie d’ouverture et de coopération avec tous les pays du monde qui est domi­née par des objectifs stratégiques bien définis. « La préservation de la sécu­rité nationale, arabe et régionale de façon à réaliser les intérêts de l’Egypte et de son peuple, mais ceux des peuples arabes et africains, est un trait commun de la politique étran­gère de l’Egypte. C’est ce qui explique pourquoi le président Sissi dans toutes les sphères internationales parle au nom du peuple, du monde arabe et de l’Afrique », conclut Ghobachi.

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