Les élections des unions étudiantes se sont déroulées du 11 au 15 novembre dans 24 universités et 156 instituts publics. 26 825 candidats étaient en lice pour les 180 sièges des 20 unions étudiantes. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Khaled Abdel-Ghaffar, a indiqué que le but de ces élections était de « créer des entités légitimes au sein desquelles les étudiants peuvent exprimer leurs points de vue et pratiquer des activités sportives, culturelles et sociales ». Des élections qui se tiennent conformément au nouveau règlement approuvé en 2017 par le ministre de l’Enseignement supérieur. Il régit notamment les activités des unions des étudiants et réglemente leurs élections. Ainsi, en vertu de ce règlement, la direction de l’université se charge de la supervision des élections et interdit toute propagande basée sur des slogans politiques ou religieux.
En ce qui concerne les conditions de candidature, le règlement exige que le candidat soit de nationalité égyptienne, qu’il n’ait pas fait objet de sanctions disciplinaires ou pénales pendant ses années d’étude et surtout qu’il ne soit pas membre d’un groupe ou d’un mouvement interdit par la loi.
Les campagnes électorales, qui ont duré trois jours, étaient strictement réglementées par la commission électorale. Les slogans religieux et politiques étaient interdits, de même que les affiches électorales.
La propagande électorale s’est donc limitée à des messages envoyés par les candidats aux étudiants sur Facebook et WhatsApp. Cependant, la campagne électorale a eu peu d’échos. Dimanche 11 novembre, jour du vote, la participation a été faible dans la plupart des universités, notamment celles du Caire, de Aïn-Chams et de Hélouan, qui auparavant avaient témoigné de batailles électorales très disputées entre les islamistes, les Nassériens et les libéraux. Ghada Mohamed, étudiante à la faculté de commerce de l’Université du Caire, explique que les étudiants se préparent pour les examens de la fin de semestre.
Ils n’avaient donc pas de temps pour les élections. « Personnellement, les unions étudiantes ne m’intéressent pas, mais les étudiants qui exercent des activités artistiques, culturelles ou sportives ont intérêt à y participer », justifie-t-elle.
Son cas n’est pas unique. La faible participation a obligé plusieurs facultés à annoncer la formation de leurs unions par forfait.
Réformer les unions étudiantes
Certains trouvent que cette indifférence vis-à-vis des élections est due à l’absence d’une compétition entre les courants politiques. Mais cette interprétation ne tient pas bien selon Mohamed Aboul-Ghar, ancien président du parti d’Al- Masri Al-Dimoqrati (l’Egyptien démocratique) et professeur à la faculté de médecine, qui souligne que les universités « ne sont pas des lieux pour exercer la politique ».
Selon lui, le problème réside dans la faiblesse des unions étudiantes qui n’ont pas de programmes capables d’attirer les étudiants. « Ces unions doivent défendre les droits des étudiants à un enseignement de qualité, résoudre les problèmes des étudiants comme les leçons particulières, la hausse des prix des manuels universitaires, etc. Des questions qui touchent directement les intérêts des étudiants », estime Aboul-Ghar. Moustapha Meteab, ancien chef de l’union des étudiants de l’Université de Aïn-Chams, est d’accord avec cette analyse. Selon lui, la faiblesse des unions est due au fait qu’elles ne disposent d’aucune figure influente, mais aussi à la difficulté qu’elles éprouvent à négocier les revendications des étudiants avec les responsables.
« C’est vrai que le rôle des unions consiste à aider les étudiants en difficulté, à améliorer les conditions d’études et à résoudre les problèmes avec l’administration. Mais ces unions ont souvent du mal à contacter les hauts responsables ou les ministres », affirme Meteab.
Argument soutenu par Hassan Salama, professeur à la faculté de sciences politiques, qui affirme que pour motiver les étudiants et les encourager à devenir membres des unions étudiantes, il faut les consulter sur les décisions relatives à la vie universitaire. « Cela permet de leur apprendre d’une manière pratique les concepts de la démocratie et l’exercice correct du travail politique et de former ainsi de futurs cadres dans les divers domaines. Et c’est le rôle qui est censé revenir aux unions étudiantes », conclut Salama.
Lien court: