Fondé en 2001, l’AKP est issu d’une scission du Parti de la prospérité (Refah Partisi) de Necmettin Erbakan, leader historique de l’islam politique en Turquie. La scission a également donné naissance au Parti du bonheur (Saadet Partisi).
Moins de deux ans après, le parti réalise un succès inattendu : les résultats des élections législatives créent une onde de choc en Turquie, mais aussi dans le monde, notamment en Europe. L’AKP obtient 34,43 % des voix et 363 des 550 sièges.
L’essor de ce parti était prédit par de nombreux sondages, les élections se sont vite transformées en une bataille entre le front laïque du CHP, créé par Mustafa Kemal Ataturk, et les islamistes. Ces élections marquent le premier succès électoral de l’AKP.
Après 2007, le succès se confirme lors des législatives de juin 2011. L’AKP recueille 49,91 % des suffrages et remporte 326 sièges à la Grande Assemblée nationale, Chambre unique du Parlement.
L’AKP devance ainsi le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition dirigé par Kemal Kilicdaroglu, qui obtient 25,91 % des voix et 112 sièges, et le Parti de l’action nationaliste (MHP), parti ultranationaliste de Devlet Bahceli, qui recueille 12,99 % des suffrages et remporte 53 sièges. L’AKP augmente son nombre de voix mais obtient moins de députés qu’en 2007.
La raison de ce succès s’explique principalement par le facteur économique. La situation économique en Turquie était très instable en 2002. De plus, l’expérience de Recep Tayyip Erdogan à la mairie d’Istanbul et le développement spectaculaire de la cité ont conforté les électeurs dans leur choix.
De même, l’AKP a réussi à garantir la stabilité du pays après des décennies de chaos, de coalitions instables et de coups d’Etat.
L’objectif de l’AKP, dès son arrivée au pouvoir, a été de convaincre l’opinion publique de la transparence et de la sincérité de ses intentions démocratiques, symbolisées par une volonté d’entrer progressivement dans l’Union européenne.
Le triomphe de l’AKP aux élections incite le parti à asseoir son pouvoir. En effet, selon la Constitution, il s’agit actuellement du dernier mandat de Recep Erdogan. Mais ce dernier modifie le système électoral, afin de pouvoir participer aux élections présidentielles. Une manoeuvre qui n’a fait que raviver la méfiance envers le premier ministre.
De leur côté, les élites politiques laïques tentent de convaincre la population que cette longue période de conciliation avec le régime n’était qu’une feinte. Ils accusent les leaders de l’AKP de miner les fondements laïques de l’Etat turc et de réintroduire l’islam dans l’espace public.
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