Au lieu de se transformer en renaissance, la révolution a engendré de graves scissions, déstabilisant les constantes du peuple égyptien. Les divisions politiques ont porté atteinte à l’unité du pays. Puis sont apparues les divisions religieuses, qualifiant les citoyens de mécréants ou de pieux.
Au milieu de ces divisions qui ont sapé nos rêves de sécurité et de stabilité, le nouveau ministre de la Culture, Alaa Abdel-Aziz, vient mettre de l’huile sur le feu sous le slogan de « purification ». Le ministre n’a pas hésité à faire part de ses plans pour rejeter l’ensemble des courants culturels et intellectuels du pays. Il se considère comme un héros tout droit sorti de la mythologie, venu débarrasser les Egyptiens des mécréants de la culture. Le nouveau ministre promet un paradis à travers une autre culture qui restituerait aux citoyens leur identité perdue. Mais il n’a pas pris la peine de préciser les aspects de cette identité perdue que, selon toute vraisemblance, il ne connaît pas.
Le nouveau ministre a été choisi à ce poste sans aucune expérience professionnelle. Il n’a pas trouvé d’autre moyen pour s’imposer que de faire fulminer tous les milieux culturels, écartant l’ensemble des personnalités et des symboles incontournables de la culture égyptienne.
Tout responsable a le droit de choisir ses assistants. Mais il existe une différence entre choisir des assistants et nommer des adeptes, comme s’il menait une bataille religieuse. Dès le début, le ministre de la Culture a tort. La fumée qu’il provoque ne suffit pas à nous rendre aveugles. Elle ne lui permet pas d’achever son plan qu’il a appelé « la purification ».
Son comportement n’est qu’une tentative naïve de dévoyer la culture égyptienne et de détourner son cours normal, un cours multicolore, riche en idées et en visions. Le nouveau ministre a suivi la même piste des Frères musulmans : l’exclusion. Il a mis à l’écart toute personne ayant une manière de penser différente. Le fait que les Frères aient été victimes d’exclusion et de marginalisation pendant longtemps ne justifie pas cet acte.
Le ministre de la Culture a longtemps été le visage éclairé de l’Egypte. Il véhiculait la culture d’un peuple ancien et authentique. Mais lorsque le nouveau ministre de la Culture, nommé par les Frères, parle d’épuration culturelle, c’est un mauvais départ. Même si nous supposons que cet homme a des différends personnels avec l’actuelle culture égyptienne, il a tort de croire qu’il vient tourner la page de la culture, une culture qu’il n’aime pas, tout comme ses symboles.
Ce qu’il y a de plus beau dans cette culture ce sont ses ingrédients diversifiés, voire contradictoires. On a toujours retrouvé dans la culture égyptienne toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Mais le nouveau ministre ne veut plus voir qu’une seule couleur.
Il doit faire preuve d’un signe d’ouverture au lieu de s’investir à rassembler ses alliés et ses adeptes. Non seulement c’est une perte de temps et d’efforts, mais c’est aussi une atteinte à l’image de la culture. Si le ministre insiste pour rester dans ce coin obscur qu’il s’est choisi, qu’il y reste. Il pourra profiter de l’obscurité causée par les coupures d’électricité ! Quant à la culture égyptienne, elle restera la lampe qui illumine l’ensemble du patrimoine d’un peuple glorieux et d’une nation civilisée.
Monsieur Alaa Abdel-Aziz, vous devez choisir : devenir le ministre de la Culture de l’Egypte ou celui de la confrérie. Si vous choisissez les Frères, vous devez partir.
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