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Electricité, production citoyenne

Ola Hamdi, Mardi, 31 juillet 2018

Depuis 2014, les Egyptiens installent des panneaux solaires dans les fermes ou sur les terrasses de leurs maisons. Expériences et défis.

Electricité, production citoyenne
Il faut 4 panneaux pour produire 1 kW d’électricité.

Hicham Tawfiq, un jeune de 35 ans, a pris la décision d’installer des panneaux solaires photovoltaïques sur son toit créant ainsi une station de 6 kW pour produire son électricité et vendre l’excédent au gouvernement. « Le raccordement au réseau national d’électricité m’a coûté 65 000 L.E. Il est vrai que produire son électricité coûte cher, vu que les prix des panneaux solaires sont élevés, mais l’investissement vaut le coup. Le rendement atteint 13 % ou 14 %. J’ai vendu au gouvernement 3 016 kW jusqu’à maintenant », explique Hicham. Et d’ajouter : « Mes panneaux produisent entre 1 750 et 1 800 kW par an, ce qui couvre mes besoins et je vends l’excédent au gouvernement ». Selon les conditions du ministère de l’Electricité, il faut produire au moins 6 kW pour obtenir la permission de raccorder la station solaire au réseau national d’électricité en vertu d’un contrat signé entre le ministère et le producteur d’électricité. Le ministère achète l’électricité au prix de 102,88 piastres le kW pour les ménages et 108,58 pour les installations commerciales de capacité inférieure à 500 kW.

Kamal Al-Louli, du village d’Al-Ayyat au gouvernorat de Guiza, a été obligé d’installer des panneaux solaires dans sa ferme car il n’avait pas d’électricité. « J’avais trouvé sur la toile une entreprise qui vend les panneaux solaires. Au début, j’ai commencé par une installation de 3 kW d’une valeur de 36 000 L.E. pour faire fonctionner 2 pompes à eau et 4 ventilateurs, un réfrigérateur et une machine à laver. Un an et demi plus tard, j’ai été obligé d’augmenter mon installation de 2 kW, vu que ma consommation a augmenté », a-t-il dit. Selon lui, le coût élevé n’est pas le seul problème, mais aussi l’espace qu’occupent les panneaux (il faut 4 panneaux pour produire 1 kW d’électricité). Compte tenu du succès de l’expérience, Kamal a voulu installer un système photovoltaïque à l’école qu’il possède. Mais le coût initial, qui était de 750 000 L.E. pour alimenter en électricité une école composée de 5 étages d’une superficie de 700 m, était très élevé.

Ayman Mohamad, résident dans un immeuble au gouvernorat de Fayoum, raconte comment tout son immeuble s’est tourné vers l’énergie solaire en raison de l’irrégularité du courant électrique. « C’était notre propre initiative. Nous l’avons prise pour protéger nos appareils électroménagers. Nous sommes très satisfaits de cette expérience bien qu’elle soit très chère », indique Ayman.

Trois catégories d’utilisateurs

En fait, il existe trois catégories d’utilisateurs : la première est celle des fermes, qui optent pour l’énergie solaire au lieu d’utiliser le diesel pour faire fonctionner les moteurs. Cette catégorie représente 70 % des utilisateurs. La deuxième catégorie est celle des maisons privées d’électricité. Enfin, la troisième est celle des habitants qui ont déjà l’électricité dans leurs maisons, mais qui veulent produire une énergie solaire et la raccorder au réseau national. Le coût de production du kilowatt dans les fermes est de 13 000 L.E., tandis que dans les ménages, il atteint 23 000 L.E. Cette augmentation est due au prix des batteries nécessaires pour stocker l’énergie. Selon l’Organisation de l’énergie renouvelable, 300 entreprises certifiées travaillent en Egypte dans la vente et l’installation des panneaux solaires. Quant au ministère de l’Electricité, il a payé 10 millions de livres à 129 abonnés pour produire jusqu’à 16 MW d’électricité.

Ibrahim Samak, expert solaire international, qualifie l’avenir des énergies renouvelables en Egypte et en Afrique de « prometteur ». « Le soleil apparaît en Egypte de 300 à 310 jours par an, l’Egypte bénéficie de l’un des meilleurs taux d’irradiation solaire dans le monde qui atteint 9 à 11 heures par jour pour 5 heures seulement en Europe. En Egypte, la production est de 2 000 à 3 200 kW/h/an, alors que la moyenne en Allemagne ou en Europe est de 1 000 à 1 200 kW/h/an, la grande différence encourage l’injection d’investissements dans ce secteur », souligne-t-il. Selon Samak, la réalisation de ces projets en Egypte n’affronte aucun défi. La technologie solaire n’est pas compliquée et de nombreuses universités et des centres de recherche en Allemagne, par exemple, coopèrent avec l’Egypte dans ce domaine. Les défis économiques ont également diminué. « Au cours de l’année dernière, la production de panneaux a considérablement augmenté et leur prix est tombé. L’Egypte possède également le sable qui lui permet de produire elle-même ses panneaux », conclut Samak.

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