Le retour massif des habitants à Deraa, scène qui va se répéter dans la ville de Qouneitra.
(Photo:AFP)
Après la reprise de Deraa, les forces gouvernementales syriennes ont lancé une nouvelle offensive vers la province stratégique de Qouneitra, dans le sud de la Syrie. « Quelque 800 missiles et obus ont été lancés contre plusieurs localités de la province et des combats acharnés au sol se poursuivent entre les forces du régime et les rebelles », a affirmé le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane, tout en faisant état de la reconquête d’une première localité, celle de Masshara. Après avoir sécurisé Damas et ses environs, les forces gouvernementales, soutenues par la Russie, ont lancé une offensive le 19 juin contre la province méridionale de Deraa et ont réussi à faire plier les rebelles en moins de trois semaines. Mais, la province de Qouneitra, géographiquement sensible, jouxte la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, en majeure partie occupé et annexé par Israël. Le sud syrien, plus que jamais dans le viseur du régime, est essentiellement composé de trois provinces : Soueida, déjà sous le contrôle total du pouvoir de Damas, Deraa, acquise désormais à plus de 84 % au régime, et Qouneitra, contrôlée à 70 % par des groupes rebelles ou djihadistes, contre 30 % pour le régime.
Ces raids aériens syriens inquiètent les autorités israéliennes. Une situation qui a poussé le premier ministre israélien à se rendre en Russie pour s’entretenir avec le président russe, Vladimir Poutine. « Netanyahu est parti discuter avec Poutine des conditions des affrontements dans le sud syrien et essayer d’éloigner les Iraniens de cette région. Mais Moscou a réfuté toutes les revendications israéliennes concernant ce dossier. Les autorités israéliennes voulaient un retrait complet des forces iraniennes du sud syrien, et, en plus, elles voulaient aussi imposer des limites aux bombardements syriens. Ce que Netanyahu n’a pas réussi à faire », explique Dr Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire (AUC). L’affaire implique en effet plusieurs acteurs internationaux et régionaux : Israël, la Jordanie, l’Iran et le Hezbollah. Chacun de ces camps a ses propres intérêts. « Les Américains et les Russes ont décidé de laisser chaque camp protéger ses propres intérêts sans intervention directe. Par exemple, la Jordanie et Israël se sont mis d’accord sur certains points concernant le sud syrien et leurs intérêts sont les mêmes dans cette région », explique l’expert.
Inquiétude israélienne
Pendant ce temps, ajoute Dr Tarek Fahmy, Israël multiplie les actions pour protéger sa frontière. L’armée israélienne a annoncé, vendredi 13 juillet, avoir tiré un missile en direction d’un drone qui survolait la zone démilitarisée entre Israël et la Syrie et avoir très probablement abattu l’engin. La veille, l’armée israélienne avait déjà annoncé avoir abattu dans l’espace aérien israélien un drone syrien non armé qui semblait mener une mission de collecte d’informations. En fait, Israël est en alerte après l’offensive déclenchée le 19 juin dernier par le régime et ses alliés pour reprendre les zones rebelles dans la province de Deraa, dans le sud de la Syrie. L’armée israélienne a annoncé, début juillet, avoir renforcé ses troupes sur la partie israélienne du plateau du Golan occupé et annexé. Et Benyamin Netanyahu a répété à de nombreuses reprises qu’Israël ne laisserait pas l’Iran, considéré comme l’ennemi numéro un de l’Etat hébreu, s’implanter en Syrie voisine à ses frontières. Or, selon Fahmy, « les Iraniens ne comptent pas quitter le sud syrien. En même temps, Moscou ne veut pas trop faire pression sur Téhéran, d’autant plus que le soutien des forces iraniennes est important dans cette phase ». L’Iran et le mouvement chiite libanais du Hezbollah soutiennent le régime du président syrien, également aidé par la Russie. Tout en veillant à ne pas être aspiré dans le conflit, Israël a frappé à plusieurs reprises le territoire syrien, notamment contre des convois d’armes destinées, selon lui, au Hezbollah libanais, allié du régime syrien et ennemi de l’Etat hébreu .
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