Après l’accord du cessez-le-feu, des milliers de déplacés syriens sont retournés à leurs foyers.
(Photo : AFP)
Après un accord de cessez-le-feu entre régime et rebelles, des milliers de déplacés syriens ont repris le chemin de leurs foyers dans la province méridionale de Deraa. Dans cette dernière, l’offensive lancée le 19 juin avait poussé à la fuite d’au moins 325 000 personnes selon l’Onu, dont une grande partie s’est installée près de la frontière avec la Jordanie ou de la ligne de démarcation sur le plateau du Golan, occupé en partie par Israël. Sur le plan militaire, après deux semaines de bombardements aériens massifs, les rebelles ont été forcés de céder leurs territoires et ont signé un accord sur un cessez-le-feu. Le porte-parole du commandement rebelle, Hussein Abazeed, a affirmé à l’AFP que cet accord constituait la meilleure option possible pour épargner le sang des combattants insurgés tout en réclamant une supervision de l’Onu pour sa mise en oeuvre. Négocié par Moscou, allié indéfectible du régime Assad, l’accord impose le désarmement des rebelles et l’évacuation de ceux qui le souhaitent pour rejoindre avec leurs familles la province d’Idleb (nord-ouest), qui échappe au contrôle du régime. Une condition sur laquelle les factions rebelles avaient insisté.
Cet accord doit se dérouler en trois étapes : la première a commencé dans l’est de la province, la deuxième se déroulera dans la ville éponyme et chef-lieu de la province et la dernière dans l’ouest de la province. En vertu de l’accord, les institutions de l’Etat reprendront leur travail dans la province une fois évacuée des rebelles, et l’Etat syrien prendra le contrôle de toutes les positions aux mains des rebelles le long de la frontière jordanienne. Signe du retour en force du régime dans la région, des soldats de l’armée syrienne et de la police militaire russe, des tanks et des véhicules militaires étaient déployés au poste-frontière de Nassib, porte vers la Jordanie.
60 % du territoire contrôlé par le régime
La perte de Deraa, berceau de la révolte de 2011, constitue un nouveau revers pour la rébellion, incapable de résister à la puissance de feu du régime qui a repris le contrôle de plus de 60 % du pays. « Les rebelles étaient entre deux feux : rester dans leur ville et être poursuivis par le régime ou bien rejoindre les autres rebelles du nord et vivre dans l’inconnu. Mais il leur aurait été plus bénéfique de rester et de réintégrer. Cela aurait favorisé les deux camps », explique Dr Ahmad Youssef, directeur du Centre des études et des recherches arabes et africaines au Caire.
Cependant, l’application de l’accord affronte certaines difficultés, car il y a des factions qui luttent encore. Plusieurs petites factions rebelles du sud ont en effet annoncé dans un communiqué commun qu’elles poursuivraient les combats. Répondant à ce communiqué, le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahman, a annoncé que « toute localité de Deraa qui rejette l’accord sera prise pour cible ». Par le passé d’ailleurs, l’application des accords conclus entre rebelles et régime a souvent été lente et laborieuse en raison de violations des belligérants et du refus de certains combattants de déposer les armes.
Pour ce qui est de l’évacuation des rebelles vers le nord, Dr Ahmad Youssef estime qu’il s’agirait d’une stratégie suivie par le régime « pour les encercler et ensuite les attaquer ». « Même s’ils sont protégés par certains pays, leur sort reste toujours inconnu et menacé. Le régime syrien et ses alliés peuvent trouver une entente tacite avec ces pays pour qu’ils abandonnent les rebelles et cessent de leur soutenir », dit-il.
Les insurgés contrôlent encore des pans de territoire dans le nord, où ils sont protégés par le voisin turc. Le nord-est est, lui, contrôlé par des combattants kurdes appuyés par Washington, tandis que la province d’Idleb est dominée par des djihadistes de l’ex-branche d’Al-Qaëda. Et même si le régime, fort du soutien militaire de la Russie et de l’Iran, a multiplié les victoires face aux rebelles et aux djihadistes, consolidant son pouvoir sur la capitale Damas et ses environs, la Syrie reste morcelée.
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