L’Egypte va satisfaire ses besoins en gaz naturel à la fin de cette année.
(Photo : AFP)
Garder un niveau équilibré des prix du pétrole. C’est l’objectif voulu par les différents pays du monde et en particulier les pays importateurs de l’or noir, tels que l’Egypte actuellement. «
Tout le monde assume la responsabilité pour garantir la stabilité du marché du pétrole. Garder la stabilité des prix reste le grand défi pendant la prochaine période, en vue d’attirer les investissements dans le secteur pétrolier et d’offrir aux consommateurs des prix abordables », a déclaré le ministre égyptien du Pétrole, Tareq Al-Molla, le 22 juin, à l’occasion de sa participation à la réunion des pays membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP), tenue à Vienne. Ces derniers sont parvenus à un accord pour augmenter la production quotidienne d’un million de barils/jour pour mettre fin à la politique de la baisse de production adoptée depuis un an. «
l’Iran et l’Arabie saoudite sont parvenus à un consensus pour que le cartel relève sa production à partir de juillet 2018 », selon le communiqué de presse publié par l’organisation internationale.
L’objectif de l’accord est de calmer le prix de l’or noir qui a atteint son pic le 17 mai (soit 80 dollars), avant de baisser à nouveau pour tourner autour des 74 dollars. Malheureusement, les cours mondiaux n’ont pas bien réagi à cet accord: ils ont grimpé de 2,94% pour atteindre 75,20 dollars le jour de la réunion de Vienne. « Dans les faits, la hausse de la production devrait être moins importante, car des pays comme le Venezuela et l’Iran, victime des sanctions américaines, risquent d’avoir des difficultés à pomper plus. Ce que signifie la poursuite de la fluctuation des prix du baril de l’or noir pour varier entre 72 et 78 dollars au deuxième semestre de cette année », explique à l’Hebdo un expert pétrolier ayant requis l’anonymat.
Impact sur le budget...
Pour cet analyste, ce niveau des prix menace vraiment les pays consommateurs et importateurs du pétrole, tels que l’Egypte, en ayant des répercussions sur le plan de réforme économique. « Dès que l’Egypte est devenue un importateur net d’énergie en 2011, la fluctuation des prix de l’or noir a commencé à représenter un grand problème », explique à l’Hebdo un autre analyste, Amr Adli, professeur d’économie auprès de l’Université américaine. Le premier impact paraît significatif sur le budget de l’année fiscale 2018-2019 dans lequel le gouvernement a basé ses calculs en fonction d’un prix de 67 dollars pour le baril du pétrole. « La hausse du prix du baril rend difficile la réduction du déficit budgétaire pour l’exercice financier 2018-19 », estime Amr Adli, en ajoutant que chaque dollar supplémentaire sur le prix du baril se traduit par une augmentation de 4 milliards de L.E. des subventions à l’énergie. Le gouvernement avait le double objectif de réduire le déficit de 9,5 à 8,4% du PIB et de diminuer le service de la dette publique qui représente 38% des dépenses publiques.
Pour sortir de cette impasse, le gouvernement n’avait que l’option de réduire ses dépenses en réduisant les subventions à l’énergie qui pèsent lourdement sur le déficit. « Jusqu’à présent, le gouvernement a procédé à trois vagues de réduction des subventions. Malheureusement, il serait difficile de prendre une telle mesure dans les prochains mois, vu l’impact sur le taux d’inflation », selon Adli. Déjà, le 16 juin, au deuxième jour de la fête de Petit Baïram, le ministère du Pétrole a annoncé les nouveaux prix des carburants. Le prix de l’octane 92, utilisé par la classe moyenne, se vend à 6,75 L.E./litre contre 5 L.E. auparavant. Le prix d’octane 80 est passé de 3,65 L.E. à 5,50 L.E./litre, le gasoil de 3,65 L.E. à 5,5 L.E. Quant à l’octane 95, consommé par les couches les plus riches, le litre se vend à 7,75 L.E. contre 6,60 L.E. auparavant. Une mesure félicitée par l’agence de notation Moody’s qui a signalé dans sa note publiée cette semaine que « la réduction des subventions permet à l’Egypte de baisser le déficit budgétaire à 8,4% du PIB dans l’exercice financier 2018-2019 », selon le plan préliminaire du ministère des Finances.
En fonction d’un accord conclu avec le FMI en novembre 2016, l’Egypte s’est engagée à supprimer les subventions de l’énergie avant janvier 2019 en contrepartie d’un prêt de 12 milliards de dollars débloqué sur trois ans. « La réduction des subventions à l’énergie est une étape nécessaire pour apaiser le fardeau sur le budget à cause de la hausse des prix mondiaux du pétrole dépassant le seuil de 80 dollars », a annoncé le ministre des Finances, Mohamad Moeit, lors d’un communiqué de presse publié le jour de l’augmentation des prix des carburants justifiant la prise de cette décision en défaveur des couches démunies.
Et sur la facture des importations
Le deuxième impact est lié à la hausse prévue de la facture des importations pétrolières qui représentent presque le cinquième de la facture totale des importations. « Avec la montée des cours du dollar sur le niveau mondial à cause de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, cela exerce de grandes pressions sur la balance commerciale et celle de paiement dans la prochaine période », indique Adli. Au niveau mondial, les cours du billet vert ont atteint son plus haut niveau dans 11 mois face aux autres devises avec la hausse des intérêts sur les obligations internationales de 10 ans à 2,94% et de 30 ans de 3,07%. D’après les chiffres du ministère des Finances, la facture totale de l’importation des produits pétroliers s’élève à environ 104 milliards de L.E. chaque année, la moitié de cette somme étant consacrée à l’importation du gasoil (environ 51 milliards de L.E.). Les bonbonnes de gaz arrivent en deuxième place, avec un total de 26,5 milliards de L.E. L’octane 92, 80 et le mazout représentent, les trois ensemble, environ 25 milliards de L.E.
Or, l’Egypte est en bonne position au niveau des revenus en dollar, ce qui la rend capable d’assumer ce fardeau. D’après les chiffres de la Banque Centrale d’Egypte (BCE), le montant des réserves a atteint 44 milliards de dollars couvrant presque 9 mois d’exportations. De même, le ministère du Pétrole avait adopté depuis deux ans un plan stratégique pour augmenter sa production du gaz naturel et du pétrole brut en vue de devenir un pôle régional d’énergie.
Lien court: