Jeudi, 13 février 2025
Opinion > Opinion >

Brider la bête américaine

Mardi, 12 juin 2018

Depuis l’élection du président américain, Donald Trump, les Etats-Unis ont pris l’habitude de braver les conventions internationales et les accords signés bilatéralement avec d’autres pays.Cette attitude s’inspire du slogan électoral « l’Amérique d’abord » du candidat Donald Trump ainsi que du principe que celui-ci a adopté dans la gestion des affaires internationales et qui place la force au-dessus de la loi.

Or, si les Etats-Unis continuent à agir en fonction de ces deux règles « l’Amérique d’abord » et « la force au-dessus de la loi », c’est tout le système international qui court le risque de s’effondrer. Un danger contre lequel la chancelière allemande, Angela Merkel, a mis en garde dans sa réaction à la décision du président Trump de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien signé à Vienne le 14 juillet 2015. Un retrait qu’elle a considéré comme une « violation » du système international. Selon Merkel, bien que l’accord sur le nucléaire iranien ne soit pas exemplaire, il n’est pas judicieux que l’une des parties décide unilatéralement de mettre fin à un accord conclu et ratifié à l’unanimité au Conseil de sécurité.

Avant sa décision, le 8 mai, de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien, l’Administration de Donald Trump avait déjà commis d’autres violations du genre. A commencer par le retrait de l’accord de Paris sur le climat, dans une démarche qui indique une indifférence à l’égard de la crise climatique et de ses conséquences désastreuses, en passant par le retrait du Partenariat transpacifique et de l’Accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique (ALENA), jusqu’aux sanctions économiques imposées par Washington contre la Russie, la Chine, voire contre des alliés européens. Tandis que la décision de Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’entité sioniste et de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à la ville sainte a atteint le sommet du mépris du droit international, selon lequel Jérusalem-Est est un territoire occupé.

Tout cela signifie que les Etats-Unis s’obstinent à se comporter comme un « Etat voyou » qui ne se soucie ni de la loi, ni des conventions internationales. Ce qui ramènerait le monde d’aujourd’hui à des pratiques et comportements primitifs. Le problème est que ces pratiques anarchistes, qui étaient acceptées dans des ères révolues, deviennent extrêmement dangereuses dans un monde qui a atteint les sommets du développement et du progrès scientifique. Qu’est-ce qui empêcherait par exemple un homme comme Trump, ou tout autre dirigeant qui lui ressemble, d’avoir recours à l’arme nucléaire dans le règlement des crises et des conflits ? Rappelons que Donald Trump a consacré un budget colossal à un programme de développement d’armes nucléaires tactiques qui pourraient être utilisées sur le champ de bataille.

Il y a plusieurs années que les mises en garde se multiplient contre le risque de voir des armes de destruction massive tomber aux mains d’organisations terroristes, étant donné que celles-ci sont commandées par des personnes irresponsables qui n’hésiteraient pas à s’en servir pour parvenir à leurs fins. Aujourd’hui, les Etats-Unis de Donald Trump représentent un danger pour la paix et la sécurité mondiales plus que les organisations terroristes. Et il n’est plus concevable de laisser à un homme pareil et à son Administration de généraux à la retraite la chance de détruire le monde.

Comment faire alors? A cette question difficile, essayons de chercher la réponse dans l’histoire des Etats-Unis. Ce n’est pas la première fois que ce pays décide de se comporter en Etat voyou: il l’a été en 1945, quand il a largué deux bombes atomiques sur le Japon, il l’a été dans les années 1960 au Vietnam et plus récemment en 2002 en Afghanistan et l’année suivante en Iraq. Dans tout cela, les Etats-Unis étaient poussés par l’orgueil de la puissance et par un sentiment de suprématie absolue.

Mais l’Histoire nous apprend aussi que cet Etat voyou, à savoir les Etats-Unis, renonçait parfois à ce rôle et se repliait sur lui-même en s’interdisant l’envoi de ses troupes en dehors de ses frontières. Ce fut le cas à la suite de sa défaite au Vietnam avec la fameuse doctrine de Nixon, qui consistait entre autres à n’envoyer des troupes américaines à l’étranger qu’au cas où les intérêts vitaux des Etats-Unis se trouveraient menacés.

Cela dit, ce sont la société et l’opinion publique américaines qui représentent le facteur décisif dans la rectification des mauvaises politiques américaines. Mais pour que l’opinion publique se mobilise, il faut que les Américains sachent que ceux qui les gouvernent sont devenus, eux-mêmes, une source de danger et une menace pour les intérêts américains. Et c’est justement la responsabilité de tous les autres pays de le leur faire comprendre.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique