L’armée israélienne a frappé 65 positions des groupes armés palestiniens, surtout du Hamas.
(Photo : AFP)
La situation s’aggrave de plus en plus dans la bande de Gaza, où l’aviation israélienne a frappé une quinzaine d’objectifs du Hamas ces derniers jours. Parmi ces objectifs figuraient deux sites de fabrication et de stockage de munitions du Hamas et un complexe militaire, selon le communiqué de l’armée qui dit «
répliquer ainsi à diverses activités terroristes approuvées et orchestrées par le Hamas ». Mais il ne s’agit en fait que de quelques tirs de roquettes contre le territoire israélien partis de la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien sans véritable impact. «
C’est un scénario à répétition, des roquettes tirées depuis la bande de Gaza qui ne font ni victimes ni dégâts, et qui servent de prétexte aux Israéliens pour de nouvelles frappes et de nouvelles mesures de rétorsion », explique Dr Tareq Fahmy, professseur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, en ajoutant que «
la stratégie israélienne est connue d’avance, Israël ne veut pas mener une guerre directe avec les Palestiniens, même ceux du Hamas, il veut juste ce genre de manoeuvres », explique le politologue.
La semaine dernière pourtant, la bande de Gaza et les localités israéliennes avoisinantes ont été le théâtre de la pire flambée de violence depuis la guerre de 2014 entre Israël et le Hamas et ses alliés. L’armée israélienne a indiqué avoir frappé 65 positions des groupes armés palestiniens dont le Hamas, en représailles aux tirs de roquettes et d’obus contre son territoire. Au moins, 124 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le début, le 30 mars, des manifestations dans l’enclave palestinienne pour protester contre plus de 10 ans de blocus israélien et pour réclamer le droit au retour des Palestiniens ayant été chassés ou ayant dû quitter leurs terres à la création d’Israël en 1948. Cette vague de tensions et de violences fait resurgir le spectre d’un nouveau conflit dans l’enclave qui a connu depuis 2008 trois guerres entre Israël, d’une part, le mouvement islamiste Hamas et ses alliés, dont le Djihad islamique, de l’autre.
Et comme d’habitude, le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a fait porter aux Palestiniens la responsabilité de cette escalade, accusant le « régime du Hamas, le Djihad islamique et les autres organisations terroristes soutenues par l’Iran » d’être responsables de ce qui s’était passé.
Nouveau veto américain
Cette flambée de violence a poussé le Koweït, membre non permanent du Conseil de sécurité, à faire circuler un projet de résolution appelant à considérer des mesures garantissant la sécurité et la protection des civils palestiniens et réclamant que le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, présente un rapport sur un possible mécanisme de protection international. Ce texte a été présenté la première fois le 18 mai, puis il a été modifié et représenté une deuxième fois le 31 mai. Ce qui n’a pas garanti sa survie : comme prévu, les Etats-Unis ont mis leur veto. Pire encore, peu de temps après ce vote, le Conseil de sécurité a rejeté un projet de résolution américain rendant responsable le Hamas palestinien des récentes violences dans la bande de Gaza.
Cette impuissance internationale due au système même du Conseil de sécurité ne laisse aux Palestiniens que très peu de marges de manoeuvres. « Les autorités palestiniennes ont encore une chance », estime pourtant Tareq Fahmy. « Ils pourraient se tourner vers l’Assemblée générale des Nations-Unies et demander de mettre les Territoires palestiniens sous protection internationale. Il est vrai que le chemin sera long et cette décision sera difficile, mais c’est le seul moyen de protéger le reste des terres palestiniennes. Et c’est un pas qui devait être pris par l’Autorité », conclut-il.
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