Un pas vers l’autosuffisance alimentaire
Avec une population qui augmente de 2,5 millions d’habitants par an, une pénurie d’eau qui menace de s’accentuer et des prix qui flambent, le projet de l’installation de 100 000 serres se présente comme une bouée de sauvetage. « Des projets agricoles colossaux seront bientôt inaugurés. Nous cherchons à apporter des solutions radicales à nos problèmes, à réguler les mécanismes du marché et à réaliser une productivité importante pour que les citoyens ressentent les fruits du développement ». C’est en ces termes que le président Abdel-Fattah Al-Sissi a présenté le projet en janvier dernier.
Quelques semaines plus tard, le président inaugurait la première phase du projet dans la région d’Al- Hammam dans le gouvernorat de Matrouh, sur une superficie de 20 000 feddans. L’objectif : installer 100 000 serres sur une superficie de 100 000 feddans, dans le cadre du projet de culture qui s’étend sur 1,5 million de feddans et qui vise à réaliser une autosuffisance agricole et à passer de l’importation à l’exportation des denrées agricoles. Le projet doit, en effet, produire des espèces légumières et florales bio. En effet, la culture protégée produit entre 40 et 50 kg par m2, soit une productivité dix fois supérieure à la culture ordinaire. Cependant, le plus grand avantage de la culture sous serre est l’importante économie en matière d’eau d’irrigation. Un feddan consomme 2 000 m3 d’eau, au lieu de 10 000 en cas d’irrigation par submersion et 7 000 en cas d’irrigation au goutte à goutte. Ce projet qui répond aux normes internationales de la production agricole est exécuté en coopération avec l’Organisation des Nations-Unis pour le Développement Industriel (ONUDI) qui apporte son expertise aux agriculteurs pour les aider à augmenter la productivité et à envisager l’installation d’unités d’industrie agroalimentaire.
Ce projet colossal concerne plusieurs gouvernorats, dont Minya, le Sinaï ainsi que Halayeb et Chalatine à la frontière avec le Soudan. En effet, les serres peuvent être installées sur des terrains sablonneux, voire rocheux grâce à l’utilisation des substrats de culture. Dans le cadre de ce projet, les forces armées dispensent des stages de formation aux paysans pour les initier à la culture sous serre. Il est vrai que le projet des 100 000 serres présente de nombreux avantages, cependant, il ne pourra pas combler tous les besoins en denrées stratégiques, comme l’explique Madgi Al-Chéraqi, président de l’Association de la réforme agricole. « La culture sous serre est idéale pour la culture des fruits, des légumes et des grains. Cependant, les serres ne peuvent être utilisées pour la culture de certaines denrées stratégiques comme le riz ou le blé », note-t-il.
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