Le terminal de Rafah restera ouvert pendant tout le mois du Ramadan.
Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ordonné que le terminal de Rafah reste ouvert pendant tout le mois du Ramadan. Sur les réseaux sociaux, le président a annoncé jeudi 17 mai ouvrir de manière « exceptionnelle » la frontière égyptienne avec la bande de Gaza pendant tout le mois du Ramadan pour alléger les souffrances des 2 millions d’habitants de l’enclave palestinienne. Une décision qui intervient quatre jours après des manifestations durant lesquelles 60 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne à la frontière entre Israël et la bande de Gaza. Le président Sissi a en outre exigé que « toutes les mesures soient prises pour aider les Palestiniens dans la bande de Gaza ». Le terminal de Rafah, frontalier de l’Egypte, est la seule ouverture de la bande de Gaza sur le monde qui ne soit pas contrôlée par Israël. Tel-Aviv impose un sévère blocus à l’enclave palestinienne depuis plus de dix ans. Pour des raisons sécuritaires, Le Caire avait fermé ces dernières années le terminal de Rafah, pour éviter l’infiltration des armes et des éléments terroristes. L’ouverture du terminal fait partie d’une série de mesures prises par Le Caire pour soutenir le peuple palestinien face à la récente agression israélienne contre la population palestinienne à Gaza. Le 14 mai, le président Sissi avait aussi ordonné l’ouverture des hôpitaux pour soigner les blessés palestiniens. L’Egypte a ainsi envoyé des ambulances afin de transporter les patients palestiniens en état critique pour recevoir les soins médicaux nécessaires dans les hôpitaux égyptiens à Al-Arich, Ismaïliya et au Caire. Les autorités égyptiennes ont aussi envoyé, samedi 19 mai, des convois d’aide médicale et alimentaire dans la bande de Gaza. Les convois transportaient des médicaments ainsi que les denrées alimentaires. Des initiatives fort appréciées par les autorités palestiniennes. Des banderoles sur lesquelles on peut lire « Merci à l’Egypte, Merci au président Sissi » sont accrochées un peu partout dans les rues de Gaza, en guise de reconnaissance aux efforts égyptiens.
L’Egypte réclame une enquête internationale
Au niveau diplomatique, le président Sissi avait également déclaré mercredi 16 mai être « en contact » avec les Israéliens et les Palestiniens pour « faire cesser l’effusion de sang » dans la bande de Gaza. Toujours dans le cadre des efforts diplomatiques égyptiens, le ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a participé vendredi 18 mai au sommet extraordinaire de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) tenue à Istanbul pour examiner les derniers développements de la situation à Gaza. « Le transfert de l’ambassade à Jérusalem occupé est une décision invalide qui n’a aucune légitimité en vertu du droit international. De tels actes ne consacreront jamais l’occupation des Territoires palestiniens, ne créeront pas une nouvelle réalité et n’anéantiront pas les droits du peuple palestinien », a affirmé Choukri devant le sommet. Dans son discours, le chef de la diplomatie égyptienne a condamné avec les termes les plus virulents le bain de sang provoqué par l’Etat hébreu dans la bande de Gaza, réclamant l’ouverture immédiate d’une enquête internationale sur l’utilisation de balles réelles contre les Palestiniens. Choukri a exhorté la communauté internationale à assumer son rôle et à ne pas fermer les yeux sur les agressions israéliennes à Gaza. Il a aussi souligné l’engagement de l’Egypte en faveur d’une solution négociée, fondée sur les paramètres internationalement agréés, pour aboutir à la solution de deux Etats. Il a en outre passé en revue des efforts déployés par l’Egypte, afin d’alléger la souffrance du peuple palestinien, ainsi que les médiations en faveur de la réconciliation interpalestinienne.
Trois axes
Le politologue Tareq Fahmi juge positifs et impératifs les efforts égyptiens pour contenir tout débordement à Gaza. « Ces efforts émanent du rôle pivot de l’Egypte en tant que principal médiateur de la paix au Moyen-Orient ». Il explique que l’Egypte travaille sur 3 axes : maintenir sous contrôle la situation à Gaza via les contacts avec le Hamas et Israël, envoyer les aides médicales et alimentaires, et agir sur le plan diplomatique pour formuler une position arabe unifiée face à l’annonce attendue du président américain, Donald Trump, sur le nouveau projet de paix, baptisée « le marché du siècle ». « Les initiatives humanitaires et diplomatiques en faveur de Gaza relèvent principalement de l’engagement historique de l’Egypte en faveur de la cause palestinienne. Que ce soit l’ouverture du terminal de Rafah ou l’envoi de l’aide humanitaire à Gaza, l’Egypte réaffirme qu’elle reste le premier pays arabe à soutenir la Palestine », indique Fahmi. Au niveau diplomatique, il explique que l’Egypte travaille sur deux plans à court et à long termes. « Les démarches égyptiennes visent à court terme à ramener le calme à Gaza et arrêter l’agression israélienne. Pour le faire, l’Egypte multiplie les contacts diplomatiques avec les factions palestiniennes et incite la communauté internationale à agir. Parallèlement, l’Egypte étudie les moyens d’agir face à l’annonce du président Trump prévue en juillet sur le marché du siècle », explique le politologue. L’Egypte a intensifié ses concertations avec l’Arabie saoudite, la Jordanie et l’Autorité palestinienne en vue de formuler un plan d’action arabe commun.
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