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Un pas vers l’indépendance syndicale

May Al-Maghrabi, Mardi, 22 mai 2018

Composée de 78 articles, la nouvelle loi sur les syndicats ouvriers autorise la création des syndicats indépendants et interdit tout établissement créé sur des bases politiques et raciales.

Un pas vers l’indépendance syndicale
« La nouvelle loi est conforme aux normes internationales sur les droits des ouvriers, affirme le gouvernement ».

« L’Organisation Internationale du Travail (OIT) a relevé l’Egypte de sa liste noire vu le progrès que marque la promulgation de la nouvelle loi sur les syndicats ouvriers », a annoncé le ministre de la Main-d’oeuvre, Mohamad Saafan. Il a ajouté que la nouvelle loi, ratifiée par le président de la République, est conforme aux normes internationales sur les droits des ouvriers et prend en considération toutes les remarques formulées par l’OIT en ce qui concerne la liberté syndicale. C’est aussi grâce à la promulgation de cette loi que les élections ouvrières, gelées depuis 2006, sur fond de litiges judiciaires sur leur validité, se tiendront le 24 mai en cours.

Avant la promulgation de la nouvelle loi en décembre 2017, la loi 35 de 1976 encadrait les syndicats ouvriers. Sous cette loi, les ouvriers n’avaient aucune autre possibilité que de rejoindre l’Union Générale des Syndicats Ouvriers (UGSO) (organisme proche du gouvernement qui encadre les syndicats ouvriers), créée en 1957 par le président Gamal Abdel-Nasser, et englobant principalement quelque 5 millions d’ouvriers du secteur public. Depuis la révolution de 2011, les militants ouvriers revendiquent une légalisation qui autorise les syndicats indépendants dont le premier a été créé en 2009. Aujourd’hui, on compte environ 800 syndicats indépendants et 2 confédérations de syndicats indépendants.

Le pluralisme syndical légalisé

L’entrée en vigueur de loi sur les syndicats ouvriers est considérée comme une victoire pour le mouvement de l’indépendance syndicale et le mouvement ouvrier en général puisqu’elle octroie pour la première fois aux ouvriers le droit de former des syndicats indépendants et d’y adhérer. Composée de 78 articles, la loi permet la création des syndicats indépendants en déterminant le nombre d’ouvriers qui siègent dans chaque comité syndical, au sein du Syndicat général et de l’Union des syndicats. Elle détermine aussi les moyens de financement. Toutefois, la loi interdit la formation de syndicats sur des bases religieuses, politiques ou raciales. En vue de protéger le droit au pluralisme syndical, le texte interdit au patronat d’exercer des pressions morales ou financières sur les ouvriers. Le patronat ne peut pas empêcher les ouvriers d’adhérer à un syndicat pour des raisons discriminatoires. La loi définit aussi le règlement qui régit les syndicats ouvriers, ainsi que l’élection de leurs conseils d’administration, détermine leurs mandats à 4 ans et définit leurs prérogatives. Mohamad Wahballah, membre de la commission de la main-d’oeuvre au parlement, explique que la loi respecte le pluralisme syndical en évitant toute fragmentation du mouvement syndical. C’est pourquoi la loi exige la présence d’au moins 50 ouvriers pour créer un syndicat. Le projet de loi stipule en outre qu’il faut 20 000 ouvriers pour créer un syndicat général et 300 000 pour fonder une union syndicale générale.

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