
Le massacre de Deir Yassine marque le début de la dépossession des territoires palestiniens.
C’est l’un des crimes les plus horribles de l’Histoire.Le 9 avril 1948, 254 enfants, femmes, personnes âgées et hommes palestiniens ont été lâchement assassinés dans leur village de Deir Yassine par les Israéliens. Des centaines de témoignages racontent comment le massacre et son timing étaient étudiés et préparés à l’avance. Ce village, d’environ un millier habitants palestiniens, situé, de façon stratégique, sur une hauteur dans le couloir entre Tel-Aviv et Jérusalem, était localisé à l’extérieur de la zone recommandée par les Nations-Unies pour faire partie du futur Etat hébreu. Quelques semaines avant la fin du mandat britannique, les deux milices sionistes officielles de l’Irgun et le Gang Stern attaquent Deir Yassin, à 3h du matin, devancés par un véhicule blindé. Ils ouvrent le feu sur les villageois sans aucune distinction. Sur les 144 maisons, 10 ont été dynamitées.
Le cimetière sera plus tard rasé au bulldozer et, comme des centaines d’autres villages palestiniens suivront, Deir Yassine est rayé de la carte. 254 victimes civiles palestiniennes (contre 4 morts israéliens) ont été massacrées, selon un rapport du représentant de la Croix-Rouge, Jacques de Reynier, l’un des premiers à arriver sur le terrain. Les nouvelles du massacre se répandent comme une traînée de poudre. Alors que les gangs se vantent de leur action et jurent de le « refaire », les Palestiniens succombent aveuglément à la terreur, un grand nombre est poussé à l’exil.
Cinq mois plus tard, en septembre 1948, des immigrants juifs d’Europe de l’Est y sont installés et le centre du village a été rebaptisé à l’israélienne, Givat Shaul Bet. A l’époque, ce massacre suscite l’indignation de la communauté internationale. Mais l’ancien premier ministre israélien, Menahem Begin, nie tout massacre, parlant d’une « propagande mensongère ». « Les vieux mourront, les jeunes oublieront », disait David Ben Gourion, l’un des fondateurs de l’Etat hébreu, à propos des massacres perpétrés par les Israéliens en 1948.
En fait, Deir Yassine n’est pas le seul massacre de l’époque. Du 15 mars au 15 mai 1948 s’est déroulée la vaste opération de nettoyage ethnique dans l’Histoire du monde. Selon les historiens, entre 10 et 70 massacres se produisent durant la guerre israélo-arabe de 1948. Le chercheur palestinien Salman Abou-Setta rapporte 33 massacres majeurs qui font chacun plus de 50 victimes. Selon le Centre palestinien de l’information, les crimes commis par les Israéliens connurent plusieurs formes: des massacres collectifs, des voitures piégées qui explosent au milieu des gens et des marchés, des bâtiments dynamités, des bombes jetées sur des piétons.
Alors, les réfugiés palestiniens qui ont pris le chemin de l’exil ne sont pas partis volontairement. Selon des estimations, tous ces massacres ont mené à l’expulsion forcée d’environ 800000 Palestiniens, sur une population de 1,9 million, de leur patrie, pour établir un Etat à majorité juive. « Les Arabes doivent partir, mais nous avons besoin d’un moment favorable pour que cela arrive, par exemple une guerre », écrivait, en 1937, le chef de file du mouvement sioniste et futur fondateur de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion. La 70e commémoration de la Nakba arrive au moment où la région témoigne de nouveaux massacres sur les frontières de la bande de Gaza, pour interdire les « Grandes marches du retour ».
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