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Bac : La  fin  d'un  cauchemar ?

May Atta, Lundi, 23 avril 2018

Un nouveau baccalauréat sera appliqué à partir de l’année scolaire 2018-2019, avec l’objectif de remédier aux défaillances du système en vigueur. Il suscite un vif débat.

Bac :  La  fin  d
Le nouveau système du bac vise à arrêter le phénomène des leçons particulières.

En finir avec le stress du baccalauréat et stopper les leçons particulières et la tricherie, tels sont les enjeux du nouveau bac cumulatif et électronique. Ainsi, le bac se fera sur trois ans et les élèves étudieront et passeront leurs examens sur tablettes électroniques (voir encadré).

« L’objectif de cette réforme est de donner la chance aux étudiants de passer plusieurs examens et de choisir les meilleures notes au lieu d’un examen unique qui peut déterminer leur avenir », a déclaré le ministre de l’Education, Tareq Chawqi. Chaque année, près de 600000 étudiants passent leur bac, basé sur l’examen de la chance unique. Les notes obtenues à cet examen déterminent les universités et les facultés auxquelles les étudiants peuvent s’inscrire. Selon le ministre de l’Education, ce système est à l’origine des souffrances des élèves et des parents: leçons particulières, tricherie et manque d’intérêt de la part des élèves. « Le nouveau système allègera la charge psychologique et physique et mettra fin aux souffrances des familles », assure le ministre. Le nouveau système devrait empêcher les fuites des épreuves sur les réseaux sociaux. En effet, les examens seront électroniques et ne seront pas unifiés à l’échelle nationale.

La crainte des familles

A quelques mois de l’entrée en vigueur de la réforme, certains ont hâte de voir les changements se concrétiser, tandis que d’autres sont plus sceptiques. Selon Mahi Ahmad, mère d’un garçon qui passe en première secondaire l’année prochaine, les parents ne font pas confiance au ministère de l’Education. « Le ministre a fait plusieurs déclarations ces dernières années au sujet du bac, mais on n’a vu aucun développement. Peut-être que le nouveau système sera meilleur que l’ancien, mais il faut attendre que l’expérience commence », déclare-t-elle. Ahmad Hafez, expert dans le domaine de l’éducation, ajoute, quant à lui, que le gouvernement a appliqué le système des tablettes dans quelques gouvernorats en 2014 et que le résultat a été peu probant. « Certains étudiants ont vendu leur tablette, d’autres ne l’ont pas utilisée à cause de la faiblesse des réseaux wi-fi », dit Hafez. Ajoutant toutefois: « Mais je crois qu’il y aura cette fois des mesures qui feront que le système des tablettes sera plus efficace ». Le ministre a annoncé que les tablettes seraient liées à un réseau spécial, comme celui des cellulaires, afin de garantir leur bon fonctionnement. Les élèves ne pourront utiliser leur tablette que pour accéder à la banque de données et de questions. Il existera en outre des centres de maintenance dans les écoles pour les tablettes qui ont besoin d’être réparées. Enfin, l’étudiant ne peut pas vendre sa tablette, car il en aura besoin pour passer ses examens.

Certains parents affirment qu’un bac sur trois ans, c’est trop long. « Déjà l’année du bac est un véritable calvaire pour les familles. Organiser le bac sur trois ans va alourdir la charge financière pour les familles, car les élèves prendront plus de leçons particulières », affirme Mahi Ahmad, mère de famille. « Je ne crois pas que le nouveau système permettra de limiter le phénomène des leçons particulières », dit-elle. Farid Tamer, professeur de physique, partage ses craintes: « Les parents et les élèves en Egypte ont l’habitude de demander l’aide des professeurs, surtout dans le secondaire. Même les étudiants qui suivent un cursus britannique ou américain dans les écoles internationales en Egypte prennent des leçons particulières, surtout au niveau secondaire, pour avoir des notes qui leur permettront d’entrer aux facultés de leur choix ».

La députée Magda Nasr, membre de la commission de l’éducation au sein du parlement, défend, quant à elle, le nouveau système. « Il s’agit d’un pas important pour la réforme du système du bac en Egypte. Le nouveau système est hautement positif, car il est basé sur la technologie moderne. Or, nous avions un retard important dans ce domaine. Il est prématuré d’évaluer un système qui n’a pas encore été appliqué. Attendons pour voir les résultats sur le terrain », dit-elle. Le ministre de l’Education a promis le succès du nouveau système.

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